OL-OM: le 5-5 de 2009, un match de légende entre folie et regrets

L'Olympico entre l'OL de Peter Bosz et l'OM de Jorge Sampaoli promet d'être spectaculaire, ce dimanche (20h45). Mais pour égaler celui de la saison 2009-2010, il faudra faire fort. Très fort. Un suspense haletant, 10 buts et un 5-5 au bout du temps additionnel, pour une rencontre à jamais dans les mémoires. "Je n’avais plus de voix, se rappelle Edward Jay, qui commentait le match pour RMC. D’habitude, quand je rentre chez moi, il me faut une heure pour m’endormir. Cette nuit-là, je n’ai pas pu trouver le sommeil."
Sidney Govou se souvient d’avoir croisé Souleymane Diawara et Mamadou Niang après la rencontre dans le couloir menant aux vestiaires. "On se regarde, on rigole et on se dit: 'C’est quoi ce match de fou ?' J’avais du mal à réaliser, se remémore l'ancien attaquant de l'OL. D’habitude, j’arrive toujours à trouver une explication, une logique. Mais pour ce match, je n’avais aucune explication sur le coup et 12 ans après, je n’en ai toujours pas."
Avant ce choc, tout est réuni pour une grande soirée entre deux cadors du championnat. En cas de victoire, l'OL, deuxième, peut prendre la tête du championnat occupée par Bordeaux. En face, Marseille, troisième, a l'occasion de passer devant son adversaire du soir. Match au sommet, le décor est planté, mais personne ne peut imaginer que les deux meilleurs gardiens français de l’époque (Steve Mandanda et Hugo Lloris) vont céder à dix reprises.
Un scénario dingue
Et ça commence fort. Trois buts dans le premier quart d'heure. Les Gones allument la première mèche sur une magnifique demi-volée de Miralem Pjanic (3'). Si Souleymane Diawara égalise de la tête dès la 11e minute, bien aidé par une première faute de main de Lloris, les joueurs de Claude Puel reprennent l'avantage trois minutes plus tard d'une frappe pleine lucarne de Govou (2-1, 14'). L'OL pense rentrer au vestiaire avec cet avantage mais juste avant la mi-temps, Hugo Lloris se troue sur une frappe lointaine de Benoît Cheyrou (2-2, 44').
Les Marseillais prennent confiance et même l'avantage juste après la pause sur une inspiration géniale signée Bakari Koné (2-3, 47'). Brandao enfonce le clou d'une belle déviation (2-4, 79'), après une nouvelle passe décisive de Fabrice Abriel, sa troisième de la soirée. Gerland est climatisé, le match est plié... sauf dans la tête d’un homme : Lisandro Lopez. La rencontre bascule alors dans l’irrationnel. En trois minutes, "Licha" permet aux Lyonnais de recoller. Il pique magistralement un ballon au-dessus de Mandanda pour réduire l’écart (3-4, 81'), puis transforme un penalty (4-4, 84').
Michel Bastos donne l’avantage aux Gones huit minutes plus tard, après une très belle action collective (5-4, 90'). Ils l’ont fait ! Le stade explose. Cette fois, la messe est dite. Enfin, presque. Un dernier ballon dans la surface lyonnaise, un cafouillage, le cuir rebondit sur le malheureux Toulalan puis finit dans le filet de Lloris (5-5, 90+2'). Quatre buts dans le dernier quart d’heure. Gerland ne répond plus. Sous le choc.
Cris: "À chaque fois qu’on me parle de ce match, je suis énervé"
Cette rencontre de légende au scénario irréel n’a pas plu à tout le monde. Edward Jay a été marqué "par le contraste entre ce match dingue et l’ambiance glaciale en conférence de presse". Les visages des deux entraineurs sont en effet fermés, marqués par ce qu’il vient de se passer, dépités de n’avoir rien maîtrisé. "Forcément, s'il faut marquer six buts pour gagner des matchs, surtout à l'extérieur, ça va être compliqué", lance alors le coach de l'OM, Didier Deschamps.
Les murs du vestiaire marseillais ont d'ailleurs tremblé. "On s'est pris une soufflante, confirme Diawara dans une récente interview à Eurosport. Ce n'est pas un coach qui parle beaucoup pour ne rien dire. S'il prend la parole, c'est efficace. Et là, c'était la première fois que je le voyais aussi énervé.. Même déception dans le camp d’en face. "C'est un match nul contre Marseille, alors que les trois points nous tendaient les bras", regrette à l'époque Claude Puel.
Douze ans plus tard, l'ancien technicien de l'OL précise sa pensée. "Je ne décolère pas du cinquième but marseillais, car il y a une faute sur Toulalan. Normalement, on doit gagner ce match. Surtout que Marseille n'a marqué que des buts de raccrocs, les nôtres sont magnifiques", s'agace l'actuel entraîneur de Saint-Etienne.
De son côté, l’ancien défenseur de l’OL Cris, qui entraîne désormais Le Mans, ne se remet pas du scénario. "À chaque fois qu’on me parle de ce match, je suis énervé, explique-t-il. On avait la possibilité de gagner et à la fin on se fait égaliser. C’était un très bon match pour les supporters, pour tout le monde: 5-5, beaucoup de buts... Mais pour moi, défenseur, je n’ai pas de bons souvenirs."
En zone mixte, après la rencontre, seul Michel Bastos semblait se réjouir du spectacle auquel il a participé. "On a montré un très bon football. Je pense que les deux équipes doivent prendre ce match en exemple pour l'avenir", s'enthousiasmait le Brésilien. L'OM sera sacré champion de France en fin de saison, tandis que l'OL atteindra les demi-finales de la Ligue des champions en éliminant notamment le Real Madrid pour le meilleur parcours de son histoire en C1 (égalé en 2020). Pour les deux clubs, une saison à l'image de cette rencontre : mémorable.