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OM: à chacun son excuse

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Michel - AFP

ENQUETE RMC SPORT. Après la nouvelle prestation indigente de dimanche au Vélodrome contre Guingamp (0-0), la grogne monte chez les supporters de l’OM. Mais à qui la faute ? Président, entraîneur, joueurs : personne ne semble vouloir véritablement assumer sa part de responsabilité dans cette crise olympienne.

Michel et les circonstances atténuantes

Très critiqué pour certains de ses choix et pour l’absence de fonds de jeu, surtout à domicile, Michel est sous le feu des critiques après le piteux match de son équipe, dimanche contre Guingamp (0-0). Face aux médias, le coach espagnol a tenté de faire face. Quitte à se fâcher, en français, avec un consultant de Canal + en direct. Mais aussi à manier l’ironie quand une réaction lui est demandée suite aux « Bielsa, Bielsa » descendus des tribunes en fin de match (« S’il n’était pas parti, il serait peut-être là », a lancé Michel, comme lapalissade). Michel qui assume, une posture qui ne reflète pas véritablement la réalité et le fond de la pensée du coach espagnol de l’OM. En réalité, Michel considère qu’il a pour lui de nombreuses circonstances atténuantes. Il estime tout d'abord que l’effectif dont il dispose n’est pas forcément capable, sur le papier, d’atteindre la deuxième ou la troisième place du championnat. Il n’accepte donc pas qu’on lui parle de Ligue des champions comme d’un objectif évident pour un club comme l’OM.

En privé, Michel confie même parfois, en substance, que « cela voudrait dire que Bielsa est un incompétent, car il n’est pas parvenu à hisser l’OM sur le podium, avec des joueurs bien meilleurs comme Ayew, Payet et Gignac. » Pour expliquer les difficultés se son équipe, Michel brandit aussi l’excuse de son arrivée précipitée au club. Le Madrilène estime que cela l’a empêché de pouvoir travailler avec son groupe sereinement. Et qu’un mois et demi de travail en pré-saison, avec deux entrainements par jour, aucun déplacement, aucun match à disputer, cela n’a pas de prix pour prendre la mesure de son collectif et imposer sa méthode de travail. Pas sûr que l’excuse soit acceptée par beaucoup de supporters marseillais, cinq mois désormais après son arrivée.

Des joueurs qui fuient leurs responsabilités

Michel pointe aussi du doigt un effectif très jeune. Trop jeune. A ce sujet, le coach espagnol ne se cache pas : « Ce n’est pas un hasard si les meilleurs joueurs ont été nos deux défenseurs centraux (Rolando et Nkoulou, ndlr) et Lass Diarra, a analysé Michel après le match contre Guingamp. La pression est grande autour des joueurs. On a un effectif très jeune et donc des garçons qui sont rapidement sous tension dans ce genre de circonstances. » Une manière polie de pointer du doigt ce qui irrite Michel au plus haut point : l'absence de maturité chez la plupart de ses joueurs. Depuis son arrivée, le manque de rigueur et de professionnalisme est souvent l’un des sujets au menu des discussions entre Michel et son staff. « Certaines absences ou attitudes sont clairement liées au manque de maturité des joueurs, explique un membre du staff olympien. La saison passée, les tauliers nous ont sauvés pas mal de matchs. Là, c'est le revers de la médaille. Quand ça va bien, les jeunes t'amènent de l'enthousiasme, du coffre, de l'insouciance. Quand ça ne va pas, les jambes tremblent. »

L’effectif de l’OM est jeune, c’est une réalité (deuxième effectif le plus jeune en Ligue 1, le septième en Europe selon les statistiques du Centre International d’Etudes du Sport). Mais si des tauliers comme Mandanda, voire Lassana Diarra, prennent parfois la parole dans le vestiaire pour compenser, un certain agacement commence à naître chez les cadres du vestiaire de l’OM, confrontés à des coéquipiers souvent irréguliers, parfois individualistes et trop peu respectueux des consignes et du travail effectué à l’entrainement tout au long de la semaine. « Il ne faut pas chercher plus loin. On est onzième et c’est notre niveau », n’a d’ailleurs pas hésité à lâcher Steve Mandanda, seul joueur marseillais à s’être arrêté en zone d’interviews et donc à ne pas avoir fui ses responsabilités après la prestation famélique contre Guingamp. Une attitude qui fait grincer quelques dents en interne et qui n’agace pas que les journalistes. « Beaucoup de joueurs rouspètent dans leur coin après le match mais il y en a très peu pour assumer », raconte un proche du vestiaire.

Labrune, aux origines de la crise

Qu’en pense le président de l’OM, très discret dans les médias et que les supporters marseillais aimeraient entendre un peu plus dans de telles circonstances ? Selon nos informations, Vincent Labrune, qui choisit en général de ne s’exprimer que dans les périodes de crise ou de défaites, ne veut pas dramatiser la situation. S’il pense sincèrement que l’effectif actuel de l’OM devrait permettre au club de se rapprocher beaucoup plus du podium, le boss olympien n’est pas dans l’optique de « charger » ses joueurs, et encore moins son entraineur, après la contre-performance. Labrune ne pense à aucun moment à remplacer Michel et estime même qu’il serait malhonnête de tomber aujourd’hui sur le coach espagnol, alors que son effectif est décimé (8 absents au coup d’envoi, blessure d’Ocampos en cours de match) et que l’OM reste sur 11 matchs sans défaite… tout en étant en course dans quatre compétitions ! Une « positive attitude » qui agacera ou surprendra les amoureux de l’OM, et encore plus les inconditionnels de Marcelo Bielsa.

Pour décrypter l’état d’esprit du président olympien, Vincent Labrune promet en effet à qui veut l’entendre qu’il s’attendait à une saison galère et que la crise est arrivée… à cause du départ soudain de Marcelo Bielsa, et alors que le boss olympien avait utilisé sa maigre enveloppe mercato pour satisfaire l’Argentin avec les arrivées d’Ocampos et de Rekik. En gros, n’allez pas dire à Vincent Labrune que son recrutement de l’été a été manqué, puisque lui estime que ce recrutement a été en grande partie biaisé… par les choix de Bielsa. « Je vais avoir une équipe de malades ! », s’était pourtant enthousiasmé Vincent Labrune, fin août, après le chassé-croisé Cabella-Thauvin et alors que le président olympien était en train de négocier les arrivées de Rolando, Isla et Lucas Silva, en espérant un attaquant supplémentaire. Oui, l’OM est bien malade. Depuis cette date, Marseille n’a gagné qu’un seul petit match de championnat à domicile contre Bastia, il y a désormais presque quatre mois.

Florent GERMAIN