RMC Sport

OM: ces chantiers à vite régler pour ne pas tout perdre dans le sprint final

placeholder video
Éteint par Reims (3-1) samedi et en chute libre depuis un mois, l'OM, désormais troisième de Ligue 1, met en péril sa qualification directe pour la Ligue des champions. Mais des ressorts existent pour relever la tête et préserver jusqu'au bout sa place sur le podium.

Le rythme d’un relégable. Fessé samedi après-midi à Reims (3-1), sa quatrième défaite lors des cinq dernières journées de Ligue 1, l’OM n’y arrive plus. Et voit ressurgir de vieux démons. Ce mauvais parfum de crise jamais très loin. Éteints à Delaune par une équipe qui n’avait plus connu le goût du succès depuis début novembre, les Marseillais se retrouvent sur une pente terriblement glissante. Avec la crainte de tout perdre à l’approche du sprint final. Dans la soirée, ils ont déjà abandonné leur deuxième place à Monaco, solide tombeur du voisin niçois (2-1), et peuvent s’inquiéter pour le podium. Les Aiglons, pointés à deux petites longueurs, restent à l’affût. Même chose pour les Strasbourgeois, épatants vainqueurs de l’OL (4-2) vendredi et qui ne cachent plus leur rêve de C1, eux qui ne comptent que trois points de retard sur cet OM en chute libre.

Une assise défensive disparue

Premier à prendre la parole après la claque subie à Reims, Adrien Rabiot s’est fendu d’une sortie musclée, pointant du doigt "l’état d’esprit" de certains partenaires. Difficile de lui donner tort au vu des attitudes affichées en Champagne, même s’il serait trop simpliste de se réfugier uniquement derrière l’aspect mental pour justifier les failles de cette formation. Pour ne pas plonger tête baissée dans la crise, l’un des chantiers prioritaires sera de retrouver des certitudes défensives. Comme à Auxerre et Paris, l’OM est reparti de Reims avec trois buts dans les valises, plombé par des individualités en grande souffrance (Derek Cornelius, Pol Lirola…) et un collectif déréglé.

Cette fragilité générale semble même atteindre Geronimo Rulli, candidat au titre de meilleur joueur de Ligue 1 sur la première partie de saison mais moins souverain depuis quelques semaines. Le constat s’applique aussi au capitaine Leonardo Balerdi, touché à un genou à Reims et contraint avant cela de composer avec une ligne défensive renouvelée chaque week-end ou presque. La faute à des blessures en série et à un mercato qui pose question. Unique renfort de l’hiver à ce poste, et encensé à son arrivée par Roberto De Zerbi, l'Italien Luiz Felipe Ramos n’a pu fouler les pelouses de Ligue 1 qu’à deux reprises, freiné par un physique précaire.

"L’effectif n’est peut-être pas assez complet. Quand tu perds Balerdi, tu es en difficulté. Et pendant ce temps-là, tu continues de te passer de Chancel Mbemba… Balerdi n’a jamais été aussi fort qu’avec Mbemba à ses côtés. L’OM se tire une balle dans le pied. Moi je suis inquiet", reconnaît notre consultant et ex-défenseur marseillais Éric Di Meco.

Amir Murillo a également manqué ces dernières semaines, au même titre que Pierre-Emile Höjbjerg, taulier du milieu et infatigable récupérateur.

Des problèmes d'efficacité à régler

Dans le dur sur le plan défensif, l’OM de 2025 l’est également dans l’autre surface, avec de vrais soucis d’efficacité. Moins apathique que le reste de la bande, mais aussi moins tueur que lors de ses premières sorties sous le maillot marseillais, Amine Gouiri a beaucoup tenté à Reims en première période, sans réussite.

Trois semaines plus tôt, c’est Mathew Ryan qui avait écœuré les attaquants marseillais lors du hold-up lensois réussi au Vélodrome (1-0). Moins cliniques qu’en début de saison, les Olympiens ne sont pas aidés non plus par un Mason Greenwood passé en mode fantôme. De retour dans le onze après avoir été envoyé sur le banc avant la trêve, l’Anglais a coulé à Delaune et n’a plus rien à voir avec la recrue qui semblait presque trop forte pour la Ligue 1 à son arrivée. Incapable d’être le leader qu’il devrait être, l’ancien chouchou d’Old Trafford n’est pas loin d’être devenu un boulet.

La période est autant délicate pour un Luis Henrique salué pour sa progression et ses stats épatantes au cœur de l’automne mais aujourd’hui raillé pour ses innombrables erreurs au poste de piston droit, à tel point que certains plaident pour un repositionnement du Brésilien et plus globalement pour un changement de système.

Un changement de système nécessaire ?

Laissant derrière lui le 4-2-3-1 (ou 4-3-3), De Zerbi a un temps trouvé la formule gagnante en misant sur le 3-4-2-1, qui a favorisé une progression collective, la montée en puissance bienvenue d’Adrien Rabiot et offert plus de stabilité avec le retour aux affaires de Valentin Rongier, redevenu essentiel fin 2024… avant d’être à nouveau remis en question par la signature d’Ismaël Bennacer en provenance de l'AC Milan.

"Ce que j’ai aimé chez De Zerbi, c’est qu’il a su revoir ses plans après la lourde défaite contre Auxerre en novembre (3-1)", souligne Di Meco. "En repassant à trois centraux et en blindant son milieu, il a trouvé un équilibre qui a permis d’enchaîner les bons résultats. Mais c’est un équilibre fragile. Dès que certains cadres sont absents, ça pose problème. Il n’y a pas assez de profondeur de banc. Et puis on s’est aussi cherché des excuses avec l’arbitrage. Les dirigeants ont donné cette excuse aux joueurs. Mais quand les résultats dégénèrent comme ça, c’est qu’il y a une accumulation de plusieurs détails."

Et Di Meco d'avancer une piste : "Je pense par exemple au mercato d’hiver. Le milieu était performant, et pourtant on a fait venir Bennacer. C’est un bon joueur mais on aurait pu l’intégrer plus tard."

Daniel Riolo dressait récemment un constat similaire : "On nous a dit que les joueurs signés au mercato étaient des méga stars. Mais regardons vraiment ce qui s’est passé. L’OM était auparavant en pleine progression au niveau du jeu. Mais n’y a-t-il pas une chute réelle depuis que Bennacer joue au milieu ? Il y avait une équipe qui tournait bien et une très bonne série. Gouiri a été bon à son arrivée mais on a mis Maupay à la cave. C’est curieux. Rongier et Maupay n’avaient pas démérité."

Parce qu’il a tendance à mettre en exergue les trous d’air d’une défense qui vient d’encaisser trois buts lors de trois matchs de suite à l’extérieur pour la première fois depuis 1984, et parce qu’il semble aujourd’hui trop prévisible, le 3-4-2-1 doit-il également être repensé pour relancer une machine marseillaise enrayée ? "Par le passé, De Zerbi a su se réinventer avec ses équipes et mettre en place de nouvelles choses. Mais là j’ai l’impression qu’il est arrivé au bout du chemin et qu’il est dans une impasse. Il n’a plus de créativité. S’il n’arrive pas à décrocher une place en Ligue des champions, ça peut être dramatique pour l’OM", s’inquiétait samedi dans l’After Foot l’ancien défenseur sochalien et consultant pour RMC, Damien Perquis. Visiblement loin de ces considérations, De Zerbi ne semble pas prêt pour des bouleversements tactiques. "Je pense qu’il n’y a rien à changer", a lancé l’Italien dans les entrailles de Delaune. "Peut-être l’aspect mental…" Il faudra au moins ça pour donner au Vélodrome la réaction qu’il attend dimanche prochain, le 6 avril, face au TFC.

https://twitter.com/rodolpheryo Rodolphe Ryo Journaliste RMC Sport