OM - Doria : " J’ai connu quelques moments de souffrance "

Doria, au moment d’entrer sur le terrain, dimanche, vous-êtes vous dit : « Enfin, je joue un match avec l’OM ! » ?
J’y ai surtout pensé après le match. Toute la semaine, et évidemment pendant la rencontre, j’étais très concentré, je voulais absolument donner le meilleur de moi-même. J’ai eu le sentiment d’avoir réalisé une bonne performance, malgré le nul (0-0), et après le match, je me suis vraiment senti heureux d’avoir enfin connu un match officiel avec l’OM ! Cela restera un moment très spécial dans ma carrière.
Vous l’avez vécu comme un moment émouvant, un soulagement, aussi ?
Oui, un vrai soulagement. J’ai beaucoup travaillé. Je suis passé par des moments difficiles, il a fallu s’accrocher. Je sais qu’il y avait énormément de questions me concernant. Savoir si j’allais bien jouer ou non, connaître mon véritable potentiel. Tout n’a pas été parfait, j’ai encore une grande marge de progression, mais le fait de réussir ce premier match et de commencer à montrer mes qualités, cela m’a fait du bien. Mais ce n’est qu’un début. Physiquement, je vais monter en puissance et, avec Hubocan, nous allons trouver de plus en plus de repères.
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Dites-nous la vérité, comment arrivez-vous à vous comprendre en défense avec un Japonais, un Slovaque, un Brésilien et des francophones ?
(Rires.) C’est vrai qu’on dit que le football est un langage universel ! On connaît les principaux mots français du vocabulaire du foot, pour se parler et être réactifs. Mais, quand on est en difficultés, on arrive aussi à se comprendre avec les gestes, On communique parfois en anglais, également, surtout avec Sakai et Hubocan. Avec le temps et l’habitude, notre communication va forcément s’améliorer.
« Je suis meilleur maintenant qu’il y a deux ans »
Doria, après les galères que vous avez vécues à l’OM, avez-vous à cœur de vous imposer ici ? C’est un défi ?
Oui, on peut le dire comme ça. Mais vous savez, dès le début, quand j'ai signé ici, je voulais en faire mon club. C’est un objectif. Je ne veux plus passer d'équipe en équipe, bourlinguer ici et là. Non, je veux m'identifier à un club et défendre à fond mes couleurs. Mon rêve, en ce moment, c'est de faire une grande saison, ici, à Marseille.
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Vous avez été prêté à Sao Paulo puis à Grenade. Ces expériences vous ont servi ?
J’ai beaucoup appris. Cela te forge un caractère de côtoyer de nouveaux coéquipiers et différents entraîneurs, qui m’ont permis de faire évoluer mon jeu. Les six mois à Sao Paulo ont été courts mais intenses. Et la saison à Grenade m’a permis de m’acclimater un peu plus au football européen, qui est forcément différent du foot brésilien. J’y ai acquis de la maturité, sur et en dehors du terrain. La vérité est que je me sens meilleur maintenant qu’il y a deux ans, quand je suis arrivé à Marseille.
« Bielsa ? Ce n’est pas mon genre de parler en mal des gens »
Vos débuts à Marseille ont été très compliqués. Bielsa ne vous a jamais fait jouer. Franchement, vous n’avez jamais eu envie de baisser les bras et de tout plaquer ?
Non, ce n’est pas dans mon caractère d’abandonner. L’éducation que j’ai reçue, la foi en Dieu, mes parents et mes proches qui m’aident beaucoup… Ce n’est pas mon genre de parler en mal des gens ou de vouloir les écraser pour régler ses comptes. Quand tu vis une mauvaise période, il faut travailler pour montrer son potentiel sur le terrain, c’est tout. C'est ce que j'ai fait ici alors que je ne jouais pas. J'ai encore plus pris conscience qu'il fallait travailler, respecter les autres. Mes amis, ou certains joueurs dans le vestiaire, me racontaient que l’on parlait énormément de moi alors que je ne jouais pas. Mais, moi, j’ai essayé de ne pas me disperser. Je venais ici (La Commanderie, NDLR), je m’entraînais dur, je me donnais à fond et je voulais être prêt si l’occasion de jouer se présentait. Et, dimanche, j’ai enfin eu cette opportunité (contre Toulouse, NDLR).
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Pensez-vous que Bielsa et Michel auraient dû vous donner votre chance ?
Je ne sais pas, « Cara » (terme brésilien qui signifie, « mec », ou « mon gars »). Je ne sais pas ce qui se passait dans leur tête. Moi, je venais à l'entraînement, je faisais mon boulot, c'est leur point de vue. Je n'ai pas à me prononcer sur leur opinion. Ils estimaient que je n’avais pas le niveau, ou que je n’étais pas prêt. Bon… Ce sont des choses qui arrivent dans le football. Je respecte leur décision. Après, il faudra me juger quand j’aurai joué plusieurs matchs d’affilée. On n’est plus le même joueur quand on réussit à enchaîner les performances et à emmagasiner de la confiance.
« Parfois, l'entraîneur me faisait des éloges, me disait que j'étais le meilleur de l'entraînement. Mais il ne m'appelait pas pour les rencontres »
Six mois sans jouer un match avec Bielsa, on peut dire que vous avez souffert, Doria ?
Sincèrement, oui, j'ai connu quelques moments de souffrance. J'ai eu des difficultés quand je restais sans jouer pendant longtemps, que je ne faisais que m'entraîner et que je rentrais à la maison sans être convoqué pour les matches. Grâce à Dieu, j'avais mon épouse et mes enfants pour m'aider à affronter cette situation et me changer les idées. Ça te fait mal, ça te touche, car un joueur veut toujours jouer. Parfois j’effectuais des séances que je considérais comme très bonnes, l'entraîneur me faisait des éloges, me disait que j'étais le meilleur de l'entraînement mais ne m'appelait pas pour les rencontres. Ces moments ont permis de m'endurcir, en tant qu'homme, et en tant que joueur professionnel. J'ai gagné en maturité. Je le répète, je me sens désormais bien plus prêt par rapport au moment où je suis arrivé ici.
Au contraire, sentez-vous que Franck Passi vous accorde cette confiance ?
Je suis très satisfait de la confiance qu'il place en moi. J'aime beaucoup sa manière de manager les joueurs et toute l’équipe. Quand il voit une erreur, il vient nous voir et nous en parle pour qu’on ne la reproduise plus. A l’inverse, il ne nous laisse pas nous endormir sur nos lauriers. Vous savez, cette voix intérieure qui s'installe parfois en toi et te dit "Aujourd'hui tu as super bien joué". L’entraîneur sait nous remettre en place et cela te fait, évoluer, progresser.
« J’ai toujours l’ambition de retourner en sélection du Brésil »
Vous vous sentez heureux à Marseille ?
Je me sens bien, ici, à Marseille. La ville, la mer, les plages, il y a des similitudes avec Rio. Je m’adapte bien à la vie française, à sa nourriture. Je comprends de mieux en mieux la langue. Et les gens du club ont toujours été agréables avec moi. On m’a aidé dès que moi et ma famille en avions besoin. Je suis heureux, désormais. C’est à moi de le rendre sur le terrain en travaillant dur et en faisant une bonne saison avec l’OM.
Vous avez été capitaine de la sélection Espoirs du Brésil, vous avez aussi une sélection avec les A. Avez-vous toujours la cote au Brésil ?
Je ne sais pas. C’est difficile de me faire une idée, maintenant que je suis ici, mais je pense que les Brésiliens placent toujours beaucoup d’espoirs en moi. Au Brésil, tous les clubs ont une bonne image de moi et tous me traitent bien et me soutiennent. Je n'ai pas été aux JO, c’est vrai, mais j’ai toujours l’ambition de retourner en sélection A. Si je fais une belle saison à Marseille, les choses arriveront naturellement. Désormais, je suis focalisé sur l'OM, jouer toutes les rencontres, rendre de belles copies, aider Marseille et ensuite c'est Dieu qui décide. Bien sûr que la sélection, c'est mon rêve. Tout joueur rêve de porter le maillot de son pays. Match après match, performance après performance, et je pense que je me rapprocherai de cet objectif.