Philippe Clement veut "créer une famille" à Monaco

Depuis l’arrivée du technicien belge, un panier de basket est installé au centre d’entraînement, proche de la cantine. Cela peut sembler anecdotique mais il représente une chose : Philippe Clement veut faire de La Turbie un lieu de vie. "Je ne veux pas que ce soit ici une usine ou tout le monde vient puis repart", explique-t-il. "Je veux créer une famille, que l’on fasse des choses spéciales tous ensemble.
Dans ce sens, le coach a convoqué ses joueurs la semaine dernière (mardi) non pas pour un entraînement mais pour une sortie bien particulière : une séance de paintball. "C’est quelque chose qu’il faisait déjà à Bruges", raconte Tomas Taecke, suiveur de l’ex-club de Philippe Clement pour Het Laatste Nieuws. "A la fin du mois d’octobre, il a été touché à la gorge pendant un paintball et en avait rigolé en conférence de presse. Il organisait également des tournois de padel parce qu’ils avaient un terrain au complexe mais ils en faisaient aussi ailleurs. En Belgique, il est connu pour faire ce genre de choses. Les entraîneurs de Bruges avant lui, Michel Preud’homme et Ivan Leko, étaient assez autoritaires, criaient beaucoup. Quand Clement est arrivé, c’était plus calme pas seulement pour le club mais aussi pour tous les salariés. Après les titres de champion, il mettait toujours en place des petits évènements avec les joueurs et leurs familles."
Paintball et barbecue
Si les noms des principales victimes de la séance de paintball n’ont pas filtré, Youssouf Fofana assure qu’il y a eu des cibles. "C’était une première pour moi mais des personnes étaient beauc,oup trop à l’aise, c’est elles qui ont été ciblées" dit-il sourire aux lèvres. Après une série de mauvais résultats, Philippe Clement estimait que c’était le moment pour avancer dans ce que l’on appelle le "team building". "C’est important d’avoir une connexion entre les joueurs", reconnaît l’entraîneur.
"Plus tu fais des choses ensemble en dehors du terrain, plus tu auras envie de le faire sur le terrain. J’ai entendu plusieurs joueurs dire que ça leur manquait de faire des choses ensemble. Dernièrement, avec le COVID, la trêve internationale, ce n’était pas facile." Le rythme d’une saison européenne laissait également peu d’occasions aux Monégasques de se voir hors des terrains à l’image de la doublette Tchouaméni-Fofana qui peine à trouver un créneau pour se retrouver. "On essaie de faire des sorties de temps en temps mais ces derniers mois on jouait tous les trois jours et c’était difficile de faire des restos", rigole le second. "On voulait en faire un la semaine prochaine mais on joue contre Nice mercredi. Du coup, c’est encore reporté à mai." D’autres on réussit à trouver le temps. Mardi, les joueurs allemands Ismaïl Jakobs, Alexander Nübel et Kévin Volland se sont notamment rendus au tournoi de tennis de Monte-Carlo, invités par leur compatriote 3e mondial au classement ATP, Alexander Zverev. "Avec Axel Disasi, on attendait Tsonga ou Monfils mais ce n’est pas grave", se marre Fofana. "On essaiera d’y aller dimanche pour la finale."
Cohésion totale
L’idée de Philippe Clement ne s’arrête pas à la cohésion entre joueurs, c’est un club qu’il veut fédérer. Alors que les balles de peinture fusaient entre membres du groupe professionnel, des salariés du club disputaient un match à La Turbie avec quelques membres du staff et de la cellule de Performance. En fin de journée, c’est autour d’un barbecue que les deux groupes se sont réunis. "Faire ce dîner nous a permis de resserrer les liens avec les personnes qui travaillent dans la communication, les jardiniers, les cuisiniers, la sécurité." assure Youssouf Fofana suivi par Kévin Volland. "C’est toujours une bonne chose pour avoir une bonne énergie", estime l’attaquant allemand. "On travaille ensemble tous les jours, on se voit au centre sur le terrain ou dans le vestiaire mais ensuite chacun part de son côté. C’était vraiment bien d’être rassemblés, de pouvoir parler entre coéquipiers et amis, ceux avec qui on a moins l’habitude d’échanger, le staff mais aussi toutes les personnes qui travaillent pour nous, de discuter non pas de football mais aussi de vie privée. C’est la première fois qu’on fait ce genre de chose. Je crois que ç’a fonctionné car nous avons gagné les matchs suivants".
Des faits suivis d’effets
Après cette journée, l’AS Monaco est effectivement sortie de l’après-trêve avec deux victoires face à des mal-classés (Metz, Troyes) qu’elle peinait à battre auparavant à défaut d’être à la hauteur face aux concurrents directs. "On est une jeune équipe et forcément ne pas gagner plusieurs matchs est une nouvelle situation pour quelques joueurs, même pour les plus anciens", reconnaît Kévin Volland. "On était dans un mauvaise situation, parfois malchanceux et du coup il y a de la frustration, des personnes qui pensent trop. Dans ce cas-là, le team building nous aide beaucoup." Satisfait de l’effet (à court terme pour le moment) de l’opération, Philippe Clement envisage de reconduire l’expérience. "J’ai encore d’autres idées pour les mois suivants", avoue l’entraîneur monégasque. "C’est important de travailler dur et les joueurs le font mais il faut aussi faire des choses plaisantes." Et si la route de l’Europe passait par là ?