
Pourquoi l’OM est sanctionné par le fair-play financier de l'UEFA et pas par la DNCG
C’est vrai que ça a le mérite d’étonner. Alors que l'OM a été sanctionné d’une amende de 3 millions d’euros et d’un prélèvement de 15% sur ses recettes européennes pour les deux prochaines années, pour manquement aux règles du fair-play financier de l'UEFA, la Direction Nationale de Contrôle de Gestion (DNCG) n’a rien trouvé à lui dire.
A l’inverse, le LOSC, qui a participé à la Ligue des champions cette année et qui jouera la Ligue Europa la saison prochaine, n’a jamais été inquiété par l’UEFA mais a, deux fois d’affilée depuis la reprise par Gérard Lopez, été surveillé et supervisé par la DNCG.
Jeudi, le gendarme du foot français a dévoilé ses conclusions concernant "l’examen de la situation des clubs au titre de la saison sportive 2020-2021". Au même titre que l’OM, Dijon, Lorient, Metz et le PSG ont été épargnés et "aucune mesure n’a été prise à l’égard des clubs". Seul Lille obtient un sursis "dans l’attente d’éléments complémentaires demandés au club par la DNCG". Il s’avère que l’instance demande à ce que l’équipe nordiste vende des joueurs d’ici la fin du mercato, pour au moins 150 millions d’euros, avant de pouvoir statuer sur une éventuelle sanction ou non.
Mais alors pourquoi ? Pourquoi la DNCG s’inquiète des finances du LOSC pendant que l’UEFA ferme les yeux mais les fixe sur Marseille, pas dérangé par la commission indépendante des finances de la LFP ? C’est toute la différence faite entre la DNCG et le FPF.
La DNCG veille à la solvabilité, le FPF à la rentabilité
La première, selon ses statuts et son règlement, fixe un objectif de solvabilité. Instituée par le code du sport dès 1984, elle suit la loi n°2012-158 du 1er février 2012 qui dispose que "l’organisme de contrôle de gestion a pour objectif d’assurer la pérennité des associations et des sociétés sportives".
Cela est d’ailleurs inscrit dans son règlement officiel, à l’article 429. "La commission des finances est compétente pour examiner les projections budgétaires, les budgets prévisionnels […] et pour donner un avis au conseil d’administration." La DNCG s’assure donc l’espérance d’un équilibre comptable, une "projection" des comptes futurs pouvant garantir la survie continue des clubs. Elle ne regarde absolument pas, contrairement au fair-play financier, les rentabilités des équipes mais seulement leur solvabilité, leur capacité à tenir dans le temps.
Du côté du FPF, son dessein est connu, "ne pas dépenser plus que ce que les clubs gagnent". C’est ce qui est inscrit à l’article 60 de son règlement: "La différence entre les recettes et les dépenses déterminantes donnent le résultat relatif à l’équilibre financier, qui doit être calculé […] pour chaque période de reporting."
Vers une harmonisation ?
Ainsi, alors que l’OM présentait des comptes déficitaires, cumulés à plus de 200 millions d’euros sur trois ans, son propriétaire Frank McCourt ne cessait de renflouer les caisses afin d’assurer sa solvabilité. Il s’épargnait des sanctions possibles auprès de la DNCG mais ne pouvait rien faire face à l’UEFA et l’Instance de Contrôle Financier des Clubs.
En face, Lille avait une autre logique. Sa forte présence sur le marché des transferts, avec des ventes onéreuses et bénéficiaires (notamment avec Victor Osimhen cette année ?), lui octroyait une rentabilité importante et garantie sans forcément que sa solvabilité, sa "pérennité financière", ne soit présente. Son propriétaire, Gérard Lopez étant incapable d’apporter des fonds propres solvables. Le club se maintenait dans les clous du FPF mais restait inquiété par la DNCG.
Voilà toute la différence et voilà pourquoi certains pourraient s’inquiéter d’un "deux poids, deux mesures". Les règlements ne sont pas harmonisés entre la France et l’Europe et cela provoque ce genre de décalage comptable. Il serait alors peut-être temps que l’un se cale sur l’autre ?