Pourquoi le départ de Stéphane Lannoy ne va pas résoudre tous les problèmes de l’arbitrage français

Stéphane Lannoy sera le premier fusible utilisé par la FFF pour résoudre la crise de l’arbitrage français. Dans les prochains jours, la Fédération devrait annoncer le départ de l’ancien arbitre, qui avait depuis le début de saison la responsabilité du secteur professionnel au sein de la Direction technique de l’arbitrage (DTA) chapeautée par Antony Gautier. La crise gronde très fortement dans les rangs des officiels de l’élite, mais ce départ ne devrait pas changer la vision de l’arbitrage français.
Comme expliqué par RMC Sport dans son dossier consacré à la crise dans l’arbitrage, les tensions sont fortes entre Stéphane Lannoy et son supérieur hiérarchique, Antony Gautier. Les deux hommes n’ont pratiquement aucun contact et cette crispation entre les deux responsables coule sur toute la chaîne de l’arbitrage tricolore. La relation est aussi très tendue entre Lannoy et une bonne partie des arbitres professionnels de Ligue 1 et de Ligue 2.
"Rejeter la faute sur Stéphane, c’est un peu facile"
La qualité des stages, réguliers chez les arbitres, ne passe pas. Des regroupements depuis le début de saison sont considérés par certains hommes en noir comme "un moment de détente à Clairefontaine mais pas de travai". La proximité de Stéphane Lannoy avec plusieurs présidents de Ligue 1 et de Ligue 2 ne passe pas. Des arbitres "ont senti que le pouvoir était du côté de la Commission fédérale des arbitres (CFA)", fait savoir un connaisseur du dossier. Et d’ajouter: "Il y a clairement une différence de point de vue sur le niveau des arbitres entre Lannoy et la CFA".
Lannoy est visé, oui. Mais certains osent aussi remettre en question l’apport d’Antony Gautier. "Oui, les stages ne sont pas de qualité mais Antony n’a rien fait pour les améliorer donc rejeter la faute sur Stéphane c’est un peu facile", complète cet arbitre professionnel. La vision de l’arbitrage français vient bien d’Antony Gautier et c’est cette vision que ne comprend pas une bonne partie des officiels de Ligue 1 et de Ligue 2. La VAR, les stages, la communication... la liste des requêtes est longue et toutes les décisions ne reposent pas sur les épaules de Stéphane Lannoy.
Oui, la conséquence est visible sur le terrain
C’est toute la vision de l’arbitrage qui est mise à mal par cette guerre interne. Le processus de désignation des arbitres tangue aussi très fortement et montre des carences dans le choix de certains officiels sur des matchs importants du championnat. Le projet présenté par Stéphane Lannoy lors de sa candidature l’été dernier ("les meilleurs arbitres arbitrent, les autres sont écartés"), n’est pas appliqué. La Commission fédérale des arbitres garde encore la main sur ces désignations avec un processus pas toujours clair.
Enfin, la communication interne est fortement pointée du doigt. "J’ai pu lire sur votre site que la DTA réfléchit à un élargissement de la VAR, commente un assistant de Ligue 1. Déjà que nous sommes en difficulté avec l’utilisation actuelle... Apprenons déjà à utiliser le système que nous avons entre nos mains." Tous les arbitres ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Certains hommes en noir concèdent que la brouille à la tête de la Direction technique de l’arbitrage n’a "aucune conséquence" sur le terrain.