Pourquoi PSG-OM n'a pas été arrêté malgré les insultes envers Rabiot et sa famille

Un Classique PSG-OM débute bien en amont de l’heure du coup d’envoi à 20h45 le dimanche soir. Dans la semaine précédant la rencontre, une réunion de sécurité avait réuni la préfecture de police, les responsables de sécurité des deux clubs et le délégué de la Ligue. Au menu des discussions: anticiper tous les événements qui pourraient survenir dans un contexte tendu malgré l’absence de supporters marseillais au Parc des Princes. Comme expliqué par RMC Sport la semaine dernière, les services de renseignements avaient eu écho que des messages particulièrement insultants étaient en préparation et pourraient être diffusés via des banderoles. La pression des pouvoirs publics est également présente depuis le début de saison pour éradiquer les chants insultants et homophobes lors de ces grands matchs de L1 entre deux équipes rivales. Tous les participants tentent donc de trouver un équilibre entre montrer de la fermeté tout en faisant en sorte que le spectacle sportif sorte gagnant.
Un échange Nunez-Turpin juste avant le match
Les jours précédants la rencontre, le PSG fera un effort tout particulier de prévention en diffusant auprès de ses abonnés plusieurs messages de respect via la campagne "supporters, supportons". Le message stipulait clairement que tout manque de respect ou chants insultants pourraient entraîner l’interruption du match voire provoquer davantage de tort sportif pour le PSG.
Selon nos informations, juste avant la rencontre, Laurent Nunez le préfet de police de Paris a échangé quelques minutes avec l’arbitre Clément Turpin pour faire un ultime point avant le coup d’envoi. Le contexte sécuritaire global a été abordé pour que les deux décideurs (arbitre et pouvoir public) soient bien sur la même longueur d’ondes.
Durant la rencontre les chants insultants s’enchaînent, les "banderoles sauvages" comme les appelle le PSG sont déployées. Le message le plus insultant, faisant référence au décès du père d’Adrien Rabiot, fait d’ailleurs immédiatement réagir au sein du carré VIP du Parc. Victoriano Melero, le directeur général du PSG, se verra demander par le président de la Ligue, Vincent Labrune, de faire enlever cette banderole rapidement.
Face à la répétition des chants, le speaker lancera deux avertissements espacés au micro relayé par des messages sur les écrans géants du stade. Mais Clément Turpin, seul acteur ayant le pouvoir d’interrompre la rencontre, jugera que les chants n’ont pas été suffisamment répétés dans la durée pour aller jusque-là. Une source proche de la commission des arbitres avoue tout de même qu’on a frôlé l’interruption du match.
Ne pas augmenter le risque d’incidents
En revanche, envisager dans un tel contexte un arrêt définitif du match est une tout autre affaire. "Interrompre un match, on le fait régulièrement. Ce n’est pas grave. Arrêter définitivement la rencontre engendre des conséquences beaucoup plus lourdes. Avec un impact sur l’ordre public lié à l’évacuation du stade", explique-t-on à la LFP. L’évacuation d’un stade comme le Parc des Princes avec des supporters énervés par la décision de l’arbitre a été l’une des thématiques discutées en réunion préparatoire. "Il faut vraiment que les conditions entraînent un danger pour les personnes présentes pour arrêter un match. Cela a été le cas ce week-end à Montpellier avec une tribune en feu", poursuit cette même source. Du côté des pouvoirs publics, on rappelle que l’important c’est de ne pas aggraver une situation. "Arrêter un match qui peut provoquer une évacuation précipitée, avec des mouvements de foule, peut augmenter le risque d’incidents", explique une source sécuritaire. "Et puis il ne faudrait pas que ça devienne un jeu. Ne surtout pas laisser imaginer que quelque débiles en tribunes auraient le pouvoir d’arrêter un match", poursuit-on à la Ligue.
La Ligue ne communique pas pour ne pas interférer avec la commission de discipline
Véronique Rabiot s’est offusquée dans la presse du peu de réaction suite aux insultes qu’elle a reçues. Si Philippe Diallo, le président de la FFF, lui a apporté son soutien via un communiqué transmis à l’AFP, la Ligue de Football Professionnel n’a pas communiqué. Elle ne l’avait d’ailleurs pas fait pour les récents épisodes Longoria (qui avait crié à la corruption des arbitres) ou Fonseca (qui avait physiquement intimidé un arbitre). Et ce n’est pas un hasard. "Il y en a qui condamne. Nous on sanctionne. C’est notre meilleur vecteur de communication", indique la LFP. "La Ligue est organisatrice du match mais aussi régulateur et juge. On est l’institution de première instance de la justice sportive via la commission de discipline qui est indépendante. Si on communique avant, on nous taxerait de faire pression sur la commission et donc de toucher à son indépendance. La meilleure réponse à tout ça, ce sont les sanctions contre Longoria et Fonseca. Jamais des acteurs du foot n’avaient été sanctionnés aussi fermement."
Ce doigt pointé contre le silence de la Ligue agace en tous cas sérieusement en interne. "Si la Ligue suit tous les commentateurs en condamnant systématiquement, on s’arrête où? On condamne dès la moindre insulte dans le stade? A chaque banderole? A chaque mot déplacé?". Les dirigeants de la LFP, en proie par ailleurs à des enjeux économiques très importants liés aux droits TV, déplorent la bêtise récurrente des pseudo-supporters qui polluent le spectacle sportif de la Ligue 1. Le président de la LFP, Vincent Labrune, comprend et soutient d’autant plus Véronique Rabiot qu’il compte en plusieurs dizaines le nombre de banderoles insultantes à son encontre depuis le début de saison.