RC Lens, la crise de foi

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Cette banderole, impossible de ne pas la voir. Les supporters l’ont déployée ce jeudi matin au centre d’entraînement du RC Lens, avant de la déplacer dans le dôme où s’entraînent les joueurs. En quelques mots, ces fans du « Kop Sang & Or » font connaître leur rancœur : « Ce blason est notre fierté, ayez un peu de respect ». Ils n’en diront pas plus.
Une manifestation parmi d’autres du désamour entre le club lensois et son public, longtemps considéré comme le meilleur de France. A l’occasion de la réception de Caen, samedi, plusieurs sections de supporters, essentiellement de la tribune Marek (le « kop » lensois), ont lancé un appel au boycott. Cette fois-ci, ils ne se rendront même pas au stade Bollaert.
« Je respecte la décision des supporters, glisse calmement Gervais Martel. On est dans une démocratie et il faut savoir respecter tout le monde. Mais je souhaite aussi qu’il n’y ait pas d’antagonisme entre ceux qui veulent faire le boycott et ceux qui ne veulent pas le faire. »
Pour justifier le drôle de mélodrame qui agite son club, le président lensois avance une explication toute simple. « On est dans un club rempli de passion, rappelle-t-il. Quand il y a de la passion, on sait tous que ça peut être extrême. Mais aujourd’hui, on a besoin que tout le monde soit derrière le club… »
Des « sanctions spéciales » pour Runje
Les quelques supporters présents à Lorient le week-end dernier (0-3) en ont d’ailleurs été pour leur frais. Moqueurs, voire insultants envers les joueurs après le match, ils ont vu Vedran Runje leur répondre dans des termes peu élogieux. Le gardien lensois, qui a maintenu ses propos quelques jours plus tard, a été sanctionné par Gervais Martel. Mais le président lensois reste flou.
« Un certain nombre de supporters disait qu’on n’allait pas sanctionner, souligne-t-il. Moi, j’ai une entreprise, le RC Lens, à gérer. Quand je prends des sanctions sur les salariés, je ne les communique pas sur la place publique. Ces sanctions, elles sont un peu spéciales. Elles n’ont pas ramené de l’argent au RC Lens. »
Jean-Guy Wallemme, lui, devrait bien titulariser le Croate devant Caen. Si le stade Bollaert n’est pas vide, Runje sera sans doute confronté à des sifflets. « Il s’y prépare, confie son entraîneur. Il a vécu en Turquie, dans des ambiances beaucoup plus négatives. Il s’est exprimé. En général, à chaud, on ne dit pas que des bonnes choses. Il faut replacer ça dans son contexte. »
Le contexte lensois ? Cinq matches sans victoire et une dix-neuvième place en championnat. Avec ou sans supporters, la victoire contre Caen, concurrent direct pour le maintien est impérative.