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Rondeau: "Il faut faire une croix sur la Ligue 1"

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Alors que l’épidémie de Covid-19 continue en Europe, la ville de Wuhan, foyer originel du coronavirus, a débuté son déconfinement après 76 jours. Si une telle durée venait à être appliquée en France, la saison sportive serait largement compromise. Il est temps d’arrêter.

Le président de la République, Emmanuel Macron, devrait préciser, ce lundi soir, la durée totale ou partielle du confinement. Va-t-on rester enfermé pendant encore 15 jours, jusqu’au 30 avril ou alors, comme ce qu’il se dit beaucoup, au moins jusqu’à la mi-mai?

Pire encore, si la France décide d’appliquer la même durée que Wuhan, cela risquerait de durer jusqu’au 1e juin, soit 76 jours de confinement au total. Et si ce scénario se produit, la reprise de la Ligue 1 semblerait impossible.

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Arrêtons la saison de Ligue 1 définitivement

Posons les choses simplement. Oui, nous voulons tous que le football reprenne son droit, d’abord parce que cela signifierait la fin de la maladie, et parce que nous aimons profondément le ballon rond. Mais à force de trop attendre, on ne peut plus espérer.

Lorsque la LFP a annoncé, la semaine dernière, la fin officielle du championnat au maximum le 25 juillet, cela servait surtout et avant tout à garantir le contrat qui la lie avec Médiapro, future détentrice des droits jusqu’en 2024.

Cette dernière a effectivement signé un chèque historique, de 800 millions d’euros, pour s’accaparer 80% des rencontres de première division pendant quatre saisons et, depuis maintenant un an, son business-modèle est parfaitement huilé: un lancement de chaîne, pour 25 euros par mois, en juillet, et un début de retransmission en août.

Or, du fait du coronavirus, si tout est décalé, tout est remis en cause et tout est reporté. Médiapro aurait pu donc, si la saison 2019-2020 avait été reportée aux calendes grecques, demander ou exiger réparation. Il était impossible, au risque de renoncer à une partie des 800 millions d’euros promis, d’organiser la fin de calendrier durant l’automne voire pousser jusqu’en février.

Finir pour seulement s'assurer des droits TV

D’où la date du 25 juillet afin de satisfaire Médiapro. Mais aussi finir pour s’assurer le paiement final des droits TV de Canal+ et BeIN Sport. Plus de 200 millions d’euros au total, pour l’instant suspendus.

Seulement, avec un déconfinement incertain et une absence de dérogation accordée aux clubs pour reprendre plus tôt l’entraînement, il ne faudra pas compter sur une reprise avant la mi-juin.

En effet, supposons que la fin du confinement soit décidée à la fin mai, scénario optimiste, les joueurs devront s’imposer une période de 2 à 3 semaines de réathlétisation. Ainsi, possiblement, un retour de la Ligue 1 le week-end du 20 juin.

Soit 36 jours, jusqu’au 25 juillet, pour 101 matchs de championnat (10 journées et le Strasbourg-Paris Saint-Germain de la 27e journée). Sans compter les deux finales de coupes, Coupe de France et Coupe de la Ligue, et la fin des compétitions européennes, jouées sur la même période.

Cela apparaît tout simplement irréalisable. D’autant plus que la Fifpro, le syndicat international des joueurs, demande à ce qu’il y ait 72h minimum entre chaque match, trois jours. Il n’est pas certain, après que ces derniers aient dû négocier une baisse et un report des rémunération, qu’ils acceptent ces cadences infernales de fin de saison.

Plutôt que de continuer, changeons de modèle

Alors arrêtons de nous voiler la face, annulons définitivement la saison 2019-2020, comme d’ailleurs beaucoup d’autres disciplines, acceptons qu’elle ne pourra pas reprendre et assumons qu’il faudra en payer les pots cassés.

Trouvons la solution optimale pour définir le classement final, avec pourquoi pas 22 clubs l’année prochaine, sans relégation en Ligue 1, et sans champion, avec les Européens actés sur la seule phase aller.

Cessons l’hypocrisie, les clubs et la Ligue doivent accepter de renoncer à la partie manquante des droits TV. De toute manière, ces derniers augmenteront de 56% l’année prochaine. Cela serait une bonne occasion, pour le foot français, de changer de modèle.

Pierre Rondeau