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Saint-Étienne: les coulisses de la retentissante défaite à Lorient

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Une soirée en enfer. Les Verts, qui menaient de deux buts, se sont inclinés vendredi soir sur le score de 6-2 face au FC Lorient. Les têtes étaient basses dans le vestiaire.

Après la trêve, le board de l’AS Saint-Étienne a voulu insuffler à son groupe un esprit de mission: huit journées pour se maintenir après avoir probablement fait le plus dur en recollant aux adversaires directs pour le maintien et en accrochant une place de barragiste. L'équipe avait ainsi délaissé au passage les deux dernières places de condamnés. Conscients de leurs limites, les Verts ne misaient pas réellement sur une victoire contre l’OM. Le match face à Lorient, vendredi soir pour la 31e journée de Ligue 1, devait donc être le point de départ de cette mission commando visant à garder le club en première division.

Cela avait cependant mal débuté avec l’affaire Camara. Malgré cet incident, la semaine de travail avait tout de même été qualifiée de "bonne" par Pascal Dupraz et certains cadres du vestiaire, qui s’estimaient prêts, voire optimistes, en vue de la confrontation directe que constituait ce déplacement à Lorient. À l'arrivée en Bretagne vendredi matin, l'humeur du groupe était bonne et les intentions déterminées.

Crivelli, premier accroc

Les Verts, dont une partie des joueurs est émoussée par cette saison pesante, pouvaient se féliciter de voir entrer un peu de sang neuf, synonyme d’enthousiasme, en la personne d’Enzo Crivelli. "L'attaquant parfait pour jouer le maintien", à en croire Pascal Dupraz. Mais à l'échauffement, sur une frappe anodine, l’attaquant prêté par Antalyaspor ressent une douleur dans la cuisse, avant de se tourner vers son coéquipier Harold Moukoudi avec une grimace signifiant qu’il ne pourrait pas tenir sa place. Ni face à Lorient et ni probablement jusqu’à la fin de la saison. En attendant des examens plus approfondis, c’est une déchirure qui est crainte pour le natif de Rouen.

Malgré ce désagrément, les Verts débutent la rencontre avec un certain enthousiasme. Bouanga et Nordin (qui avait remplacé Crivelli au pied levé) se montent ultra-efficaces et convertisssent les deux premières actions stéphanoises en 22 minutes. Les Verts mènent alors 2-0 face à la seule équipe de Ligue 1 à ne jamais avoir remporté de match en encaissant le premier but.

Mais voilà, Pascal Dupraz se bat quotidiennement contre l’idée que les matchs puissent se "gagner tout seul" et insiste contre "un excès de confiance né des bonnes performances de janvier et février". Des concepts que les joueurs semblent avoir oublié en un claquement de doigts après leur second but.

"Honte à nous"

Alors que la défense stéphanoise montrait déjà des signes de fébrilité, Timothée Kolodziejczak, navrant depuis plusieurs semaines et coupable contre Marseille, offre un penalty aussi évitable qu’inconséquent. Le Merlus n’en demandaient pas tant pour réduire le score et croire en leur chance au point d’égaliser avant la mi-temps. Une pause au cours de laquelle Pascal Dupraz, irrité par le laxisme de ses joueurs, tente de remettre les têtes à l’endroit. Mais le mal était fait. Les Lorientais déroulent en deuxième période, sous les yeux de Crivelli qui se restaure sur le banc.

Yvan Neyou, qui devait être le grand gagnant de l’affaire Camara et qui devait retrouver du temps de jeu pour la première fois depuis la trêve, se voit offrir une chance de montrer à Dupraz qu’il peut compter sur lui en entrant à la 62e. Mais en se rendant coupable de deux fautes à 36 secondes d’intervalle, le Camerounais ressort du terrain à la 68e sur carton rouge. Désarmants de faiblesse et de désorganisation, le groupe stéphanois et sa défense pitoyable sombrent sans que l’on ne puisse pointer du doigt les errances individuelles de Mangala, Kolodziejczak ou encore Moukoudi.

Résultat, 6-2. Face aux caméras de télévision, Denis Bouanga répète "Honte à nous!", fustigeant sa prestation et celle de ses partenaires, un discours repris devant la presse par Harold Moukoudi.

Boudebouz remobilise les troupes

Dans le vestiaire, les têtes sont basses, la colère sourde, et le goût de la défaite amer. Ryad Boudebouz prend longuement la parole, d’abord pour bousculer le groupe et le mettre face à ses responsabilités. Puis en expliquant que la réponse devrait être individuelle et collective. En substance: "Bougez-vous le... Mais ensemble on peut le faire!"

Plus tard, face aux médias, Pascal Dupraz tente de s’approprier les responsabilités du naufrage collectif, mais il laisse poindre une pointe d’agacement, en creux, fustigeant l’attitude de ses joueurs "qui ont voulu aller de l’avant de façon désordonnée, et qui n’ont pas respecté les consignes, alors que nous menions 2-0 et que nous avions le match en main". Tout en gardant un discours volontariste, le coach semblait affligé par l’excès de confiance qui avait pu s’emparer de ses joueurs à 2-0, et plus généralement depuis que les Verts ont quitté la zone rouge.

Le vol retour vers Andrézieux-Bouthéon aura été silencieux et la nuit possiblement agitée pour tout un club, comme pour ses supporters. La direction exécutive, composée de Jean-François Soucasse, Loïc Perrin et Samuel Rumstem, veut conserver un état d’esprit de bloc et de l’optimisme en prônant l’union sacrée au sein du club, mais aussi en dehors. Il y aura fort à faire pour ces trois hommes et pour Dupraz, qui voulait remettre rapidement "l’ouvrage sur le métier" afin de laver les têtes et de concerner un effectif dont le degré d’investissement et de motivation semble bien inégal. Les Verts ont besoin d’un rebond, d’une réaction urgente dès le week-end prochain face à Brest, puis pour un déplacement décisif à Bordeaux.

Timothée Maymon