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"Tout au long de sa vie, il a fait ce qu’il a voulu": une biographie consacrée à René Malleville, emblématique supporter de l'OM

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De ses actions syndicales à son amour inconditionnel pour l’Olympique de Marseille, René Malleville a eu 1.000 vies. Elles sont racontées dans "René Malleville Authentique", le livre écrit par Samuel Massilia en collaboration avec l'emblématique supporter de l’OM, décédé le 19 septembre dernier à l'âge de 73 ans.

"De là-haut, je sais qu’il veille sur toutes les personnes qu’il a aimées." Samuel Massilia fut l’un des derniers confidents de René Malleville. Figure incontournable à Marseille, "Néné" est mort le 19 septembre dernier à l’âge de 73 ans, d’un cancer. Six mois plus tard, la vie, ou plutôt les vies de cette grande gueule sont narrées dans "René Malleville Authentique" (Amphora). Le livre sorti le 3 mars est le fruit de quatre mois de travail entre le journaliste et l’ancien patron du bar "Le Bretagne", liés par sept années d’amitié.

Des entretiens dans une poissonnerie

"Il me racontait des anecdotes sur sa vie, son bar, sur ses actions politiques et syndicales, se souvient Samuel Massilia. Très naturellement je lui ai demandé pourquoi il n’y avait jamais eu de livre sur sa vie. Il m’a répondu que des journalistes d’expérience lui ont déjà proposé mais il ne s’est jamais senti en confiance et n’avait pas ressenti l’envie." Au mois de novembre 2020, les deux hommes se tapent dans la main et se retrouvent tous les mardis matins dans… une poissonnerie pour échanger.

Après quatre mois de travail et près de 40 heures d’entretien, l’ouvrage qui fourmille d’anecdotes sur la vie de René Malleville prend forme. "Je veux que l’on garde une bonne image de moi", disait celui qui devait retourner vivre dans son village de Salles-sur-l’Hers, dans l’Aude, avant que la maladie ne l’emporte. "Il se moquait de la notoriété", estime Samuel Massilia à propos d’un homme pourtant omniprésent dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Il a séquestré son patron

Il faut dire que l’ex-membre des Yankees et des Dodger’s avait toujours quelque chose à dire. Et une vie bien remplie. Avant d’être associé à l’Olympique de Marseille, René Malleville a travaillé à la Régie des Transports de Marseille où il fut un militant sans concession, toujours là dès qu'il s'agissait de mener des actions politiques et syndicales. "C’était un leader, un meneur de groupe, appuie Samuel Massilia. Il a connu des histoires incroyables, comme ce jour où il a séquestré le patron de la RTM. Il a toujours défendu ses copains et les travailleurs. Il y a eu des périodes obscures."

Samuel Massilia et René Malleville
Samuel Massilia et René Malleville © DR

Pour le maire de Marseille Gaston Defferre, René était le "maire de l'OM"

Et beaucoup de périodes de bonheur avec sa famille et de popularité grâce à l’OM. "Tout au long de sa vie, il a fait ce qu’il a voulu. Son cœur n’a jamais pris de ride. Il était d’une bonne humeur constante. Même quand il n’était pas là, il y avait sa présence. Ce n’était pas un personnage, c’était une personnalité. Partout où on allait, les gens discutaient avec lui. Il était très sollicité. Sa notoriété a toujours servi pour le bien des autres." Gaston Defferre, l’ancien maire de Marseille avec qui il a collaboré à la fin des années 70 en tant que conseiller municipal, disait de lui qu’il était le maire de l’OM. "J’adore cette expression parce que le maire ne laisse personne indifférent, note Samuel Massilia. L’Olympique de Marseille avait une place très importante dans sa vie mais pas centrale. René, quand il parle du Vélodrome, il parlait d’un temple d’œcuméniques. Tout le monde se rassemble pour un seul objectif : la victoire de l’OM."

Le club olympien est bien sûr omniprésent dans la vie de René Malleville. L’emblématique supporter a été enterré avec une réplique de la Ligue des champions gagnée par l’OM en 1993 et offerte par Stéphane Tapie, le fils du président, disparu un mois après lui. "C’était le patriarche, le parrain comme dans une famille italienne, une personne sacrée", remarque l’auteur qui n’a pas oublié cette nuit agitée du mois de 2018 alors que l'OM est qualifié pour la finale de Ligue Europa. "On a été en boite de nuit à Marseille. Tout le monde le sollicitait. Il fait des photos avec toute la boite. Le gérant se met au micro, demande à René de le rejoindre sur une petite scène. René se lance dans un "aux armes" qui est repris en chœur par toute la boite. C’était assez exceptionnel à voir. Moi je pars vers 2h du matin. Lui fait la fermeture. On se voit le lendemain au Vélodrome vers 17h pour un match. Je peux vous assurer qu’il était beaucoup plus frais que moi." Un résumé parfait de ce qu'était René Malleville, un parfait mélange de générosité et de passion. Comme le peuple marseillais.

ABr