Gazélec : la Ligue 1 avec un mini-budget

Les joueurs du Gazélec fêtent leur montée en L1 - AFP
Même le community manager en a perdu son clavier. 40 minutes sans le moindre tweet en plein match, juste après la dernière réduction des Chamois, comme paralysé par le stress d'une soirée qui menait vers la légende. Au bout, la délivrance. Victorieux de Niort (3-2) ce vendredi dans son stade Ange-Casanova, le Gazélec Ajaccio a officiellement reçu son ticket d’accession en Ligue 1. Le petit poucet est devenu grand. Et a écrit l’histoire sans perdre de temps. Remonté du National en Ligue 2 au printemps dernier, un an après avoir fait le chemin inverse, le GFCA avait entamé la saison avec le plus petit budget des clubs de l’antichambre de l’élite : 4,5 millions d’euros. Deux millions de moins que le 19e budget, Arles-Avignon, et plus de trois fois moins que le meilleur du lot (Sochaux avec 17). Moins que le salaire officiel annuel de l’accident industriel Yoann Gourcuff à Lyon… Un statut qui n’aura pas empêché une réussite sportive express.
Direction la L1 et ses stars. Une deuxième montée consécutive (la quatrième accession à une division supérieure sur les cinq dernières saisons !) pour un exploit XXL, première dans l’histoire du club du quartier de Mezzavia, qui récompense en toute logique une saison où les Corses auront su faire parler leur collectif. Avec aucun joueur dans le top 15 des buteurs du championnat (Mohamed Larbi est le plus prolifique du club avec 8 réalisations devant Khalid Boutaib et ses 6 buts), le « Gaz’ » ne devra pas sa découverte du plus haut niveau national à une star mais bien à un groupe qui aura cru depuis le début à son destin.
Des travaux dans le stade cet été
Troisième attaque et sixième défense, meilleur bilan à domicile à égalité avec Troyes (43 points chacun à la maison mais l’ESTAC aura encore une occasion d’améliorer ce bilan), ce club formateur quatre fois champion de France amateurs dans les années 60 et qui aura connu plusieurs périodes en D2/L2 avant d’accéder enfin à la table des grands du foot français imite l’exploit du Sedan de 1999, du Toulouse de 2003, du Valenciennes de 2006, de l’Evian-TG de 2011 ou du Metz de l’an dernier : passer du National à la Ligue 1 en deux saisons. Un autre a récemment signé le même exploit : Bastia en 2012.
Un Sporting qui va se retrouver au cœur d’un nouveau derby corse dans l’élite dès la saison prochaine avec la montée de celui que ses supporters considèrent comme le club le plus populaire de l’île. Entre les deux, la rivalité s’annonce déjà passionnée. Ce n’est pas Yannick Cahuzac, capitaine bastiais formé… au Gazélec, qui dira le contraire. Reste à éviter les barrières administratives. En 1999, le club n’avait pu accéder à la deuxième division (ancienne L2) sous le prétexte que le règlement interdisait à une ville de moins de 100 000 habitants de compter deux clubs professionnels dans la même division. L’an passé, les installations pas assez développées de Luzenac l’empêchaient lui aussi d’avoir sa place en L2. Avec son enceinte riquiqui (2885 places selon le site de la Ligue), le demi-finaliste de la Coupe de France en 2012 (battu par Lyon) va donc devoir entamer des travaux dès la fin de saison : la capacité du stade sera portée à 5000 places et une pelouse digne de la L1 sera installée. Histoire de ne pas gâcher la belle aventure.
Tagliaglioli : "On aura peut-être 10 millions de budget"
Président d’une équipe du Gazélec Ajaccio promue en Ligue 1, Fanfan Tagliaglioli était l’invité de l’After sur RMC. Avec le plus petit budget de l’élite la saison prochaine, il luttera pour se maintenir. « Ce soir, c’est le plus beau jour de ma vie, lance le président ajaccien. C’est même inespéré. Jamais je n’aurais pensé à ça quand nous étions en CFA il y a cinq ans, sans rien, sans budget… C’est un rêve inespéré. Je suis heureux, je suis aux anges. Ce soir c’est magnifique. On monte en Ligue 1 et on va se maintenir.
L’an prochain on aura le plus petit budget de la saison en Ligue 1 évidemment. On aura peut-être 10 millions de budget (le plus petit budget cette saison était celui de Bastia, avec 25 M€, ndlr). On essaiera quand même de faire face. Pourquoi pas des prêts ? Je vais laisser travailler le staff qui a fait cette année un bon recrutement en faisant venir des gens comme Jérémie Bréchet, Grégory Pujol. On va essayer de faire une équipe avec quelques joueurs d’expérience et des jeunes de chez nous. On pourra peut-être se maintenir. »