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Barça: pluie de critiques et avenir en pointillés pour Valverde

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Corrigé à Anfield mardi soir par Liverpool, en demi-finale retour de Ligue des champions (4-0), le Barça n’accomplira pas son principal objectif cette saison. Cet échec, collectif, est aussi celui d’un homme: l’entraîneur Ernesto Valverde. Déjà critiqué avant la rencontre, le technicien, malgré une récente prolongation, se retrouve aujourd’hui dans une position difficilement tenable.

Une remontada de trop

Nommé en mai 2017 sur le banc du Barça pour succéder à Luis Enrique, Ernesto Valverde a réussi pour sa première saison le doublé championnat-coupe, et semble parti pour en faire autant ce printemps, avec une Liga déjà pliée, et une finale de Coupe du Roi à disputer contre Valence. D’un point de vue résultats, son bilan est globalement satisfaisant. Son équipe n’a perdu que trois matchs en championnat cette saison, et demeurait invaincue en Ligue des champions avant le naufrage d’Anfield…

Le problème, c’est que la C1 était justement un objectif annoncé, et que le Barça avait déjà vécu une énorme désillusion en avril 2018, écrasé sur le terrain de l’AS Rome (3-0) en quart de finale retour, après une victoire pourtant probante (4-1) à l’aller. Deux remontadas, c’est beaucoup pour un club aussi orgueilleux que le FCB. Et sans doute trop pour un seul homme.

Aussi, ce mercredi, le directeur de Sport, l’un des deux principaux quotidiens sportifs de Catalogne, n’a pas hésité à viser directement le technicien dans un édito. "Le Barça est allé à Anfield exactement comme il était allé à Rome l’année dernière, comme s’il n’avait rien appris de cette débâcle, déplore Ernest Floch. […] Sans aucun doute, Valverde a une grande responsabilité dans cette crise, car il a commis les mêmes erreurs dans un moment de vérité. […] Valverde est un entraîneur qui a démontré sa capacité à remporter les compétitions nationales, mais avec une mentalité trop petite pour un tournoi aussi grand que la Ligue des champions."

Les appels au départ devraient ainsi se succéder dans les prochains jours. Reste à savoir s’ils seront entendus. Avant de prolonger, en février dernier, son entraîneur jusqu’en juin 2020, le président Bartomeu s’était voulu confiant. "Il fait bien son travail, assurait le dirigeant. La première saison a été excellente, malgré ce qui s'est passé à Rome. Nous sommes heureux avec Ernesto Valverde." Depuis, la donne a changé.

Un grand Messi, mais un jeu déplaisant

Vous connaissez l’expression de l’arbre qui cache la forêt. A Barcelone, cet arbre ne mesure qu’1,70m et se nomme Lionel Messi. Favori pour le Ballon d’Or jusqu’à mardi, l’Argentin est auteur d’une saison époustouflante, avec 34 buts en Liga, 12 en Ligue des champions, et des actions de génie. Sauf que si on enlève la Pulga, le Barça est loin d’être convaincant. Il gagne des matchs, comme on le disait, mais il ne séduit pas ses amoureux. Et les premières critiques ne datent pas d’hier.

A l’instar d’un Didier Deschamps, Valverde est décrit comme pragmatique. Pour les Cruyffistes et les Guardiolistes, ce n’est pas forcément une qualité. Il est reproché au Basque d’avoir fait une croix sur le jeu de possession, privilégiant la finalité au cheminement. Son Barça marque moins que celui de Guardiola ou Enrique, et Valverde n’hésite pas non plus à "mettre le bus", comme on dit, pour conserver certains scores dans des matchs serrés. Une hérésie pour les adeptes du beau jeu. "On ne voit peut-être pas autant d’actions construites, et il y a certains matches où l’on peut avoir l’impression que l’on joue en contre-attaque", reconnait-on au sein du FCB. Mais on l’assure: "Nous continuons de vouloir la possession, rien n’a fondamentalement changé."

Vraiment? En championnat, comme en C1, le Barça de Valverde évolue par séquences régulières avec un bloc de sept ou huit joueurs regroupés à l’arrière, ce qui isole le trio offensif, et pousse Suarez ou Messi à des différences individuelles. Or, on a vu mardi soir que le meilleur joueur du monde ne peut pas toujours renverser des montagnes. Pour la défense de l'ancien entraîneur de Bilbao, il faut rappeler qu’il n’a pas sous la main le même effectif que Guardiola pouvait posséder. Sans Xavi, sans Iniesta, il faut s’adapter. Quitte à changer de mentalité…

Une gestion délicate du groupe

L’autre reproche régulièrement fait à Valverde est sa mauvaise gestion de certains joueurs. Le cas Coutinho en est un bon exemple. Le Brésilien ne cesse de décevoir depuis son arrivée en Catalogne, et son coach n’a jamais su trouver la clé pour le relancer. On peut aussi évoquer la situation de Malcom, arrivé à prix d’or l’été dernier, et qui n’a pour ainsi dire jamais eu la chance de s’illustrer.

Mais c’est surtout la trop faible utilisation de la formation blaugrana qui semble déplaire aux supporters. "Quand un match est presque gagné, il faut donner leur chance aux jeunes, estime Joan Perez, journaliste à RKB. Mais avec Valverde, ils ne peuvent jamais se montrer." Enric, socio, le dit de manière un peu plus directe à RMC Sport. "Il pourrait aligner plus de joueurs en manque de temps de jeu et d’autres de l’équipe réserve, observe-t-il. Ces derniers temps, on délaisse trop la formation. Mais c’est quelque chose qui nécessite du courage. Et à mon avis, Valverde en manque…"

Clément Chaillou