Brest-PSG: "Frustrant", ceux qui ont vécu un choc franco-français se souviennent

"Ça fait chier." L’expression est revenue plusieurs fois dans les discussions avec les Brestois ces dernières semaines lorsqu’on évoquait avec eux le fait d’affronter le PSG en barrages de la Ligue des champions. Alors que Brest vit la première campagne européenne de son histoire, ce match a moins de saveur. Et le constat ne s’est pas atténué depuis le tirage.
"C'est notre première compétition pour certains, on aurait aimé connaître un autre stade encore à l'extérieur, une autre ambiance", lâchait le milieu Mathias Pereira Lage à Nantes, vendredi. Par rapport à l'image de la France, on va dire que ça fait chier de rencontrer une équipe française là maintenant, c'est sûr que l’on aurait préféré la rencontrer plus tard."
Quand on a rencontré le Barça, le Real Madrid, le Bayer Leverkusen, le goût dans la bouche est un peu amer. "C'est juste dommage de tomber sur Paris quoi. On va essayer de défendre nos valeurs, de jouer à fond ce coup-là. Tous les clubs qui sont qualifiés sont des montagnes par rapport au petit club de Brest", souriait Pierre-Lees Melou. "Moi qui suis un supporter de Bordeaux, ça m'a fait penser un peu à cette époque-là, où Bordeaux était tombé contre Lyon, en quart de finale."
"Ce genre de matchs, on a l’impression qu’on les connaît déjà"
Justement, cet affrontement en quarts de finale de la Ligue des champions, en 2010, est le seul entre deux clubs français dans la compétition (cinq affrontements en Coupe d’Europe en tout). Les Lyonnais de l’ancien défenseur Anthony Réveillère s’étaient qualifiés. "Il y a ce côté un peu frustrant, car on préfère jouer une autre équipe... Ce genre de matchs, on a l’impression qu’on les connaît déjà, on connaît déjà ces joueurs-là", se souvient l’intéressé. Ce qui peut faciliter quelque peu la préparation de la rencontre. "Les équipes européennes, c'est différent, c’est un autre football, les Anglais, c'est plus intensif, les Espagnols plus technique, et on s’adapte. Là on savait que c’était entre français et on se connaissait bien."
Dans le camp d’en face, le milieu Matthieu Chalmé se rappelle avoir eu une réaction mitigée. "On a un sentiment partagé au moment du tirage. Le premier, c'est qu’on a envie de jouer contre d’autres équipes plutôt étrangères pour s’y jauger. Mais d’un autre côté, on se dit qu’on connaît l’adversaire et à l’époque, on se dit qu’on a une chance. On a des indications en avance, mais la différence est que là, le rapport de force n’est pas le même. Après, Brest connaît l’adversaire par cœur, ils ont bien pu l’observer, mais de là à pouvoir rivaliser sur les deux matchs, ça sera très compliqué."
Les places dans les tribunes du stade de Roudourou ont toutes trouvé preneurs, mais ont eu du mal à partir, preuve que ce match – le cinquième entre les deux formations en un peu plus d’un an- à 18h45 ne fait pas rêver les Bretons. Et le groupe, dont seulement cinq joueurs connaissaient la C1 avant cette saison, va-t-il réussir à passer en mode Coupe d’Europe? "On switch, d’habitude ça se fait naturellement, mais cette année-là, ça faisait un peu Ligue 1. Mais dès qu’on entend la musique, qu’on voit le blason sur la manche, on y arrive et on connaissait les enjeux", explique Réveillère. Matthieu Chalmé abonde: "On arrive facilement à se mettre en mode Ligue des Champions. Les conférences de presse d’avant-match ne sont pas les mêmes, il y a plus de monde, l’atmosphère autour du stade, l’ambiance n’est pas la même. On se rend compte que c‘est plus important que le championnat même si la semaine est un peu bizarre, car ça ressemble quand même à un match de Ligue 1."
Et alors que Paris n’a plus perdu contre les Pirates depuis 1985, Anthony Réveillère conseille quand même de se méfier: "Ça amène un peu plus de pression de se dire que si on était éliminés par une équipe française dont on connaissait la valeur, ça pouvait amener de la frustration. […] C’est vrai qu’on sentait de la tension, de la nervosité."
"Peut-être nous prendront-ils à la légère...", souriait il y a quelques jours le directeur sportif de Brest Grégory Lorenzi. Ce n’est pas le genre du PSG en ce moment…