Chaos au Stade de France: le Sénat charge Didier Lallement pour une décision à l'origine des incidents

L’heure des comptes. Près de trois semaines après les incidents survenus au Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions entre Liverpool et le Real Madrid (1-0), une délégation sénatoriale s’est déplacée ce jeudi à Saint-Denis pour présenter aux médias ses premières conclusions sur ce dossier tendu. Après les scènes de chaos du 28 mai, les présidents des commissions de la Culture et des Lois du Sénat, Laurent Lafon (centriste) et François-Noël Buffet (LR), ont lancé à partir du 1er juin une série d'auditions, à commencer par celle des ministres de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Ce jeudi matin, c’est le délégué interministériel aux JO et aux grands évènements sportifs, Michel Cadot, qui a été entendu.
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Et dans l’après-midi, Laurent Lafon et François-Noël Buffet ont tenu une conférence de presse, en commençant par s’excuser auprès des supporters "en particulier pour les Anglais qui se sont déplacés, pour lequel ce déplacement devait être un moment de fête mais ne l'a pas été". Ils ont ensuite pointé de nombreux dysfonctionnements, "d’une rare gravité". "L'organisation de cet événement a été à l'origine des incidents graves qui se sont déroulés au Stade de France. En premier lieu, l'orientation des spectateurs. Le 23 mai une réunion s'est tenue en préfecture en présence notamment de la FFF. Celle-ci avait proposé un jalonnement à partir de la station de RER D, pour orienter les flux des supporters en deux flux, vers le RER D et le RER B. Le préfet en a demandé la suppression. C'est le dysfonctionnement le plus important", a pointé du doigt François-Noël Buffet.
"Un choix qu’on ne peut pas considérer comme étant un bon choix"
Avant de déplorer la stratégie du préfet de police de Paris, Didier Lallement, qui a lui aussi été entendu par le Sénat le 9 juin. "Se pose la question de la problématique d’emploi des forces de l’ordre qui étaient présentes sur le site, a souligné le sénateur du Rhône. Le préfet de police a clairement dit que son choix doctrinal était d’abord la gestion du volume des supporters, et pas la gestion de la sécurité publique et donc de la délinquance sur le site. Or nous savons précisément que depuis le début de l’après-midi, voire midi, un certain nombre de personnes ont eu des actes de délinquance autour du stade. Ça a continué jusqu’au bout. Ils sont mêmes venus dans les zones de filtrage faire les poches de différents supporters sans qu’il y ait pour autant une réaction de police appropriée et adaptée à ce type de délinquance."
Et François-Noël Buffet d’insister: "C’est un choix qui a été assumé par le préfet de police mais c’est incontestablement un choix qu’on ne peut pas considérer comme étant un bon choix eu égard aux 400 ou 500 personnes qui se sont livrées à ce type de comportements. Ce chiffre vient des déclarations qui ont été faites par les différentes personnes auditionnées. En matière de sécurité, l’aspect gestion de la délinquance a quand même été mis sous le tapis alors que depuis le début de l’après-midi on savait que des premiers actes de tentatives d’entrée dans le stade ont été commis." Lors de son audition, Didier Lallement avait reconnu que la gestion policière autour du match était "à l’évidence un échec" et que "l’image du pays" avait été ébranlée. Tout en assumant ses choix, notamment sur l’usage du gaz lacrymogène.