Chaos au Stade de France: les erreurs que Darmanin et Oudéa-Castéra reconnaissent

Même s'ils ont maintenu leurs chiffres et globalement défendu leur action ainsi que celles des forces de l'ordre sur le terrain, par rapport au chaos survenu au Stade de France pour la finale de la Ligue des champions, Gérard Darmanin et Amélie Oudéa-Castéra ont exprimé quelques regrets lors de leur audition au Sénat. Entendus mercredi par les sénateurs de la commission des lois et de la commission de la culture, le ministre de l'Intérieur et la ministre des Sports ont admis des couacs dans l'approche de l'événement, puis dans les actions opérationnelles de maintien de l'ordre, mais aussi dans la communication post-incidents.
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· "Il est évident que les choses auraient pu être mieux organisées"
Dans son propos introductif, Gérald Darmanin a reconnu "que les choses auraient pu être mieux organisées" et que cette "fête du sport" avait été "gâchée".
"Nous regrettons très sincèrement les débordements parfois inacceptables qui ont eu lieu. (...) Il est évident que pour les fans de football, l'image négative de ce match est une blessure pour notre fierté nationale", a ajouté le ministre, admettant aussi que l'événément aurait pu être "anticipé davantage".
· Des excuses "sincères" pour les gaz lacrymogènes disproportionnés
Gérald Darmanin s'est "excusé très sincèrement" auprès des supporters de Liverpool pour "les grands dégâts, notamment sur des enfants" causés par l'usage de gaz lacrymogène autour du stade avant le coup d'envoi. "Il y a eu des gestes inappropriés et disproportionnés d'un certain nombre de policiers ou gendarmes mobiles qui ont été documentés. Il y a deux signalements à l'IGPN (Inspection générale de la Police nationale, ndlr). J'ai vu personnellement deux faits où manifestement l'ordre public et l'utilisation du gaz lacrymogène étaient contraires aux règles d'emploi. J'ai demandé des sanctions au préfet de police", a assuré le ministre.
"Est-ce que ces moyens sont adéquats pour un évènement comme celui-ci? Manifestement l'expérience mérite d'être très largement revue et j'ai demandé au préfet Cadot (délégué interministériel aux grands événements sportifs et aux Jeux olympiques) de voir dans le cadre d'événements sportifs exceptionnels qu'on puisse avoir des règles d'emploi différentes", a-t-il dit.
· Les autorités s'attendaient (à tort) à des hooligans
Interrogé sur la pertinence du dispositif de sécurité et des outils conférés aux agents sur place, Gérald Darmanin a expliqué que les pouvoirs publics s'attendaient à gérer des hooligans anglais. Ce qui aurait, selon lui, posé problème pour adapter l'action des forces de l'ordre et notamment réagir aux faits de délinquance (vols, agressions): "Le club de Liverpool pose des problèmes d'ordre public. Pas tous ses supporters, mais une partie. Le dispositif de sécurité était important. C'est une erreur sans doute que d'avoir anticipé un hooliganisme qui n'est pas arrivé, et heureusement. Parce qu'on a libéré le dispositif d'ordre public, sans doute trop important, nous n'avions pas le dispositif qui permettait de lutter contre une forme de délinquance".
· Une sous-évaluation du nombre de supporters sans billets
Il l'assure encore: environ 110.000 personnes ont été autour du Stade de France à l'occasion de cette finale, alors que 75.000 billets avaient été vendus. Cette estimation, contestée, n'était pas prévue par le ministère, qui ne s'attendait pas à ce que les fans anglais sans billets soient aussi nombreux à Saint-Denis. "Notre erreur a sans doute été de ne pas voir que des dizaines de milliers de personnes sans billets iraient directement au Stade de France", a déclaré Gérald Darmanin. Avant de préciser que les auraient pu anticiper que le RER D soit deux fois plus fréquenté que d'habitude pour un match de ce genre, mais pas "trois fois et demi" de plus à cause de la grève sur le RER B.
· Les excuses aux supporters de Liverpool
Amélie Oudéa-Castéra a réitéré ses excuses auprès des supporters de Liverpool qui ont été malmenés lors de cette soirée: "Nous sommes désolés des désagréments qui ont pu être causés à ceux des 22.000 supporters qui avaient des billets parfaitement réguliers. 2.700 avaient acquis des billets qui n'ont jamais pu être activés. D'où la demande, que j'ai formulée à l'UEFA, de leur assurer une indemnisation pour cette frustration éprouvée. (...) Si c'est nécessaire, vraiment, encore toutes nos excuses pour cette frustration et parfois cette privation de spectacle samedi soir".