Ligue des champions: faut-il passer au tirage intégral dès les huitièmes de finale ?

Souvent critiqué, mais jamais égalée. Le Ligue des champions demeure encore aujourd'hui la plus grande compétition de clubs de l'histoire du football. Tous rêvent chaque année de la remporter. Seize clubs peuvent encore y prétendre en 2023, sur les 32 initialement répartis en huit groupes de quatre équipes.
Lundi à Nyon, chaque qualifié sera fixé sur son sort, et connaîtra son adversaire pour les huitièmes de finale. Avec le modèle en place (les clubs d'un même pays ne peuvent pas s'affronter), les chances ne sont pas les mêmes pour tous les clubs, et les possibilités sont même très restreintes pour d'autres, au point de mettre en exergue quelques injustices.
A qui profite le modèle en place?
Certains clubs semblent avantagés par ce modèle, d'autres lésés. En fonction du pays dans lequel évolue le club, mais aussi de son classement, et de celui de certains adversaires, l'égalité des chances n'est pas vraiment le maître mot. Avec quatre représentants, les Anglais, Allemands et Espagnols sont ceux à qui profitent le plus ce modèle, même si tout se joue au cas par cas.
Deux clubs issus d'un même groupe de qualification ne peuvent pas s'affronter en 8es. En ajoutant à cela les clubs d'un même pays, qui n'ont pas non plus la possibilité de tomber l'un contre l'autre, les options se réduisent pour les clubs concernés, et par ricochet pour les autres.
Ce modèle semble également profiter, et c'est paradoxal, à certains deuxièmes de groupes, aux dépens des premiers. Prenons l'exemple de deux clubs allemands, qui ont cette saison quatre qualifiés en huitièmes de finale: le Bayern Münich et l'Eintract Francort. Les deux clubs ne peuvent pas se retrouver l'un contre l'autre. La situation profite davantage à Francfort, qui évite un gros poisson, plutôt qu'au Bayern, largement supérieur sur le papier, et donc privé d'une option de tirage abordable.
Des situations abracadabrantesques
Si cela était le seul problème mis en évidence par le système en place, il n'y aurait pas vraiment grand-chose à redire. Mais les conséquences amènent des situations étranges, pour ne pas dire absurdes.
Le Bayern a terminé premier de son groupe, les trois autres clubs allemands ont décroché la deuxième place du leur. Liverpool s'est quant à lui classé deuxième, au contraire de tous les autres clubs anglais. Avec cette "protection nationale" en place, les deux formations ne se retrouvent qu'avec quatre possibilités de tirage au lieu de sept (huit moins le club du même groupe). Conséquence parallèle, elles ont presque 40% de chances de se retrouver en février prochain.
A l'opposé, certaines affiches ont une probabilité de moins de 11% de chance d'être tirée, comme par exemple un match entre le PSG et Porto, ou Bruges et Benfica. D'énormes paradoxes pointent aussi le bout de leur nez. Le Bayern est par exemple l'équipe que le PSG a le plus de chances d'affronter (19,46%), en revanche, le club de la capitale est celui que le Bayern a le moins de chances de tirer (à égalité avec Bruges et derrière Liverpool et Milan). Un véritable casse-tête pour tous les amateurs de football, mais aussi pour les organisateurs.
Rappelez-vous le fiasco du tirage l'an passé. Un "incident technique" avait provoqué l'annulation totale du tirage initial, qui avait dû être refait. "Suite à un incident technique sur le logiciel de l'un des prestataires de service externes qui indique aux officiels les équipes qui peuvent s'affronter, une erreur matérielle s'est produite au cours du tirage des 8es de finale", avait expliqué l'UEFA.
Plus de justice avec un tirage intégral ?
Un tirage intégral dès les huitièmes de finales comprendrait certains inconvénients, notamment le risque de voir plusieurs affiches "nationales" tôt dans la compétition. Ce qui ne plairait pas forcément aux principaux concernés, ni aux diffuseurs qui y verraient peut-être un manque d'attractivité de l'affiche.
Sur le plan statistique, il serait plus juste. Chaque équipe aurait environ 14,28% de chances d'affronter chacune des sept autres équipes. Loin des 37,12% d'un Liverpool-Bayern. Les pays plus en difficulté, avec moins de représentants (comme la France ou le Portugal) y trouveraient plus facilement leur compte, avec un tirage plus ouvert et potentiellement plus abordable pour eux.
L'une des options envisageables serait de suivre le modèle de la Coupe du monde. Dans cette compétition, la phase à élimination directe est prédéterminée par la position de l'équipe dans le groupe (par exemple, le vainqueur du groupe A affrontera le deuxième du groupe B, etc.). Ce format impliquerait l'abolition du système empêchant deux clubs d'un même pays de s'affronter. Pour cette année, il faudra s'en tenir aux règles en vigeur: pas de Manchester City-Liverpool au programme.