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Ligue des champions: le triomphe du Barça et le cauchemar de Pirès... Quand le Stade de France accueillait sa dernière finale

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La finale de la Ligue des champions 2022 a été déplacée au Stade de France à Saint-Denis, le 28 mai, en réaction au début de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe. L'enceinte située au nord de Paris avait accueilli cette affiche de prestige pour la dernière fois en 2006, avec le sacre du FC Barcelone contre Arsenal.

Seize ans d’attente. Pour la première fois depuis 2006, Paris, ou plutôt Saint-Denis, accueillera cette année la finale de la Ligue des champions. L’annonce a été faite ce vendredi par l’UEFA, qui avait réuni en urgence son comité exécutif pour discuter des mesures à prendre dans le cadre de la guerre en Ukraine lancée par la Russie. Il était initialement prévu que cette finale 2021-2022 se déroule à Saint-Pétersbourg le 28 mai prochain. Mais face à l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, l’UEFA a rapidement revu ses plans. Emmanuel Macron s’est lui-même impliqué dans les discussions avec l’instance européenne pour permettre à la France d’organiser cette rencontre de prestige. La dernière fois, en 2006, près de 80.000 spectateurs avaient assisté au triomphe du FC Barcelone face à Arsenal (2-1) au cours d’une finale mémorable.

Cette année-là, les Catalans éliminent tour à tour Chelsea, Benfica et l’AC Milan. En face, les Gunners font tomber le Real, la Juventus et Villarreal. Pour défier le champion d’Espagne, Arsène Wenger concocte un 4-4-2 avec Freddie Ljungberg pour épauler Thierry Henry. Le jeune Robin van Persie (23 ans) et le vétéran Dennis Bergkamp (37 ans) démarrent sur le banc. Frank Rijkaard, lui, mise sur son habituel 4-3-3 avec une ligne d’attaque de feu composée de Ludovic Giuly, Samuel Eto’o et Ronaldinho. Avec Xavi, Andrés Iniesta ou encore Henrik Larsson, le banc blaugrana fait rêver. Même en l’absence d’un certain Lionel Messi, forfait sur blessure. Sous une pluie battante, mais dans une ambiance exceptionnelle, Henry semble dans un grand jour. Il fait d’entrée chauffer les gants d’un Victor Valdés vigilant.

Le cauchemar de Pirès

Mais la finale bascule au bout du premier quart d’heure. Lancé en profondeur, Eto’o est fauché par Jens Lehmann à la limite de la surface. Le ballon continue sa course et un Giuly à l’affût en profite pour ouvrir le score. Sauf que l’arbitre norvégien Terje Hauge a déjà sifflé. Carton rouge. Lehmann est renvoyé aux vestiaires. "A posteriori, je dois admettre que j'ai peut-être sifflé trop tôt, racontera plus tard le bourreau du portier allemand. J'aurais certainement dû attendre de voir où le ballon allait. L'idéal aurait été d'attendre quelques secondes. Si j'avais fait cela, j'aurais pu autoriser le but et peut-être donner un carton jaune à Lehmann." A Saint-Denis, Wenger sait qu’il doit sacrifier un homme pour faire entrer Manuel Almunia. Ce sera Robert Pirès. Un déchirement pour l’ancien Messin. Sans doute le plus grand regret de sa carrière.

"Quand Arsène me sort, je n'y crois pas, confiait-il début février dans une interview donnée à L’Equipe. Pour moi, il allait sortir Hleb ou mon pote Fabregas. Ce n'est pas de l'arrogance, mais je pouvais apporter offensivement et j'avais cette très bonne relation technique avec Titi Henry. Donc moi, tranquille, hyper confiant. (…) Et je vois le 7 sur le panneau... C'est terrible ! Je passe devant le coach, on ne se regarde pas. Je vais m'asseoir, hyper énervé, j'attends que ça se calme. Et puis je me dis : "Ce que je veux, c'est qu'on gagne." Deux jours après, je lui ai annoncé que je partais (pour Villarreal). En fait, ça a déclenché mon départ." C'est tête basse que Pirès traverse le terrain, abattu. Contrairement à ses coéquipiers.

Le coaching royal de Rijkaard

Car les Gunners, quatrièmes de Premier League, sont loin de capituler. Mieux, ils ouvrent le score sur un coup de crâne du patron Sol Campbell (37e), à la réception d’un coup-franc d’Henry, bien moins inspiré sur ses duels avec Valdés. Face aux vagues catalanes, les hommes de Wenger tiennent bon. Avec un double rideau défensif, un Almunia déchaîné, et un Ronaldinho pas au mieux. Mais le coaching de Rijkaard fait la différence. Après avoir remplacé Edmilson par Iniesta à la pause, il prend encore ses responsabilités en sacrifiant un milieu (Mark Van Bommel) pour lancer son supersub Larsson à l'heure de jeu, afin de tenter de forcer le destin face à la meilleure défense de la C1, invaincue avant la rencontre depuis 919 minutes. Le Suédois change tout.

C’est lui qui sert Eto’o sur l’égalisation (76e). C’est encore lui qui trouve Juliano Belletti (81e), entré en jeu dix minutes auparavant, sur le but du 2-1. Arsenal a laissé passer sa chance. Sur les Ramblas, des dizaines de milliers de fans en délire célèbrent toute la nuit la deuxième C1 de leur club. Le couronnement d’une équipe de rêve au football chatoyant. Un soulagement aussi pour Giuly, qui avait appris quelques heures plus tôt l'annonce de sa non-sélection pour la Coupe du monde 2006. Lehmann, lui, s'excusera auprès de Pirès pour avoir indirectement gâché sa finale. Quant à Wenger, il reste hanté par cet échec. Il dira même qu'Arsenal aurait gagné cette finale avec le VAR...

https://twitter.com/rodolpheryo Rodolphe Ryo Journaliste RMC Sport