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Liverpool-PSG: Willian Pacho, l'inconnu au bataillon devenu patron

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Méconnu du grand public lors de sa signature au PSG à l'été 2024, en provenance de Francfort, le défenseur équatorien Willian Pacho a signé un match référence, mardi soir, lors de la victoire des Parisiens à Liverpool en Ligue des champions (1-0, 4 tab 1). Joueur le plus utilisé par Luis Enrique cette saison, l'arrière central de 23 ans ne cesse de progresser et de s'affirmer.

Alors que ses coéquipiers se tenaient debout, bras dessus, bras dessous au milieu du terrain en regardant les tireurs défiler la boule au ventre, Willian Pacho a lui fini par mettre les genoux à terre et joindre ses mains, mardi soir, lors de la séance de tirs au but entre Liverpool et le PSG à Anfield. Demandant une intervention divine, un petit coup de pouce du Très-Haut, quand lui seul ne pouvait plus rien maîtriser. C'est bien le seul moment, sur l'ensemble de la soirée européenne, où le défenseur équatorien de 23 ans a semblé vulnérable. Car pendant les 120 minutes avant cela, Pacho - chewing-gum en bouche - a offert une prestation de patron.

Évidemment, il n'était pas seul. Il y a eu l'infatigable Nuno Mendes, qui a su museler Mohamed Salah à l'aller comme au retour, il y a eu le si précieux Achraf Hakimi, peut-être le meilleur joueur du PSG depuis le début de la saison, et le capitaine Marquinhos, qui cette fois a joué son rôle de leader sans trembler dans un choc continental. Sans parler de Gianluigi Donnarumma, ressuscité sur les bords de la Mersey. Mais l'enfant de Quinindé a sans doute été le ciment de ce succès collectif et défensif. Toujours bien placé, imprenable dans les duels, décisif sur certaines interventions, Willian Pacho a eu le mérite d'apporter une forme de sérénité, parfois relative il est vrai, quand les Reds poussaient, poussaient, et poussaient encore. Une prestation référence compte tenu de l'enjeu, de l'adversaire, et de la compétition. D'autant qu'il y a quelques mois encore, elle n'était pas forcément attendue...

>>> Les notes des Parisiens à Liverpool

Willian Pacho, à genoux lors de la séance de tirs au but entre Liverpool et le PSG, le 11 mars 2025
Willian Pacho, à genoux lors de la séance de tirs au but entre Liverpool et le PSG, le 11 mars 2025 © Daniel Derajinski/Icon Sport

Des promesses et beaucoup d'inconnues à son arrivée

Plus calme que d'ordinaire dans le sens des arrivées, le mercato estival 2024 du PSG avait surtout été marqué par les signatures des prometteurs Joao Neves (Benfica) et Désiré Doué (Stade Rennais), ainsi que celle de Matvey Safonov (Krasnodar), l'attraction russe que l'on imaginait éventuellement venir concurrencer Donnarumma dans les buts. Le dossier Willian Pacho, lui, avait été beaucoup moins commenté. Le 5 août, le nom de l'arrière central de Francfort était pour la première fois lié au PSG dans les médias outre-Rhin. Quatre jours plus tard, le club champion de France officialisait sa signature jusqu'en 2029, contre - tout de même - un chèque de 40 millions d'euros. Vite fait, bien fait. Petit clin d'œil du destin, le cador européen chez qui il était jusque-là "envoyé" par certains observateurs se nommait... Liverpool.

À l'époque, le Paris Saint-Germain louait dans un communiqué la "véritable force athlétique" et "l'excellente vision du jeu collectif" du gaucher. Son CV? Une saison et demie en Belgique au Royal Antwerp, qui l'avait fait venir d'Équateur contre 5 millions d'euros en janvier 2022, une saison à Francfort en Bundesliga, et 16 sélections avec la Tricolor. "J'ai dialogué avec la direction parisienne, le projet m'a beaucoup plu. J'en ai parlé à ma famille, mais peu de gens étaient au courant, il fallait rester discrets. J'ai eu une pensée pour les gens en Équateur qui me soutiennent beaucoup. Je savais que ça les impressionnerait. En revanche, je savais que les Parisiens me connaissaient peu, que mon transfert était quelque chose qu'ils n'attendaient pas", confiait-il en octobre, en revenant sur les coulisses de son arrivée en France.

Le joueur le plus utilisé par Luis Enrique

Du sobre donc, de l'anti bling-bling, pour un vestiaire parisien qui accueillait quelques années plus tôt un Sergio Ramos. Mais c'est visiblement ce que les dirigeants, et Luis Enrique, recherchaient. Le 16 août, dès la 1re journée de Ligue 1 contre Le Havre, le technicien espagnol le titularisait d'ailleurs au côté de Lucas Beraldo. Le Brésilien s'est depuis rassis sur le banc. Willian Pacho n'est jamais sorti du onze.

Avec 39 apparitions (34 titularisations) depuis l'été passé et près de 3200 minutes de jeu au compteur, l'Équatorien est tout simplement le joueur le plus utilisé cette saison par Luis Enrique. Jamais blessé (sa seule absence contre Angers est liée à un long voyage pour rejoindre sa sélection), le jeune arrière a su profiter de la confiance de son coach pour progresser et s'affirmer. Si quelques matchs ont été plus délicats (on pense à celui contre Arsenal), s'il a semblé un peu brut à ses débuts dans l'utilisation du ballon, et parfois bousculé dans les duels, il a depuis pris ses marques et s'est libéré.

"Quand j'étais petit, je rêvais de disputer la Ligue des champions", se réjouissait-il timidement en septembre après son baptême du feu contre Gérone. "J'accomplis un rêve. Concernant ma place dans l'équipe, je fais ce qu'on me demande. (...) Marquinhos est une grande personne, un grand capitaine. Il me parle chaque jour, il a beaucoup d'expérience. J'essaie d'apprendre beaucoup de lui, je sais que ça va me servir pour l'avenir." Onze rencontres de C1 plus tard, l'ancien espoir d'Independiente n'a plus grand-chose à envier, à l'instant T, à son aîné brésilien.

Alors bien sûr, il lui faudra maintenant prouver sur la durée. Sachant que les attentes le concernant vont devenir logiquement plus élevées. Certains anciens, à l'image de Mamadou Sakho, l'ont pourtant déjà adoubé. "Il y a plein de joueurs que j'aime voir jouer. Un mec comme Pacho, par exemple", racontait-il dernièrement à L'Equipe. "C'est impressionnant. Il est monté en puissance. Mais ce que j'aime avant tout chez lui, c'est son état d'esprit. T'as l'impression qu'il a grandi dans le 93, qu'il fait partie des nôtres." L'histoire ne fait que débuter, mais jusque-là, le coup est parfait.

C.C.