Liverpool-Real: les supporters des Reds restent marqués psychologiquement par le fiasco du Stade de France

Le souvenir du Stade de France hante encore la mémoire des supporters de tous bords, y compris donc ceux de Liverpool, les plus touchés par les dysfonctionnements avérés dans le dispositif de sécurité qui ont conduit au fiasco que l’on sait, le 28 mai dernier. Les scènes de chaos à Saint-Denis ont fait émerger chez certains d’entre eux le traumatisme de la catastrophe d’Hillsborough. Le président de l’association des supporters handicapés de Liverpool Ted Morris, qui avait témoigné au Palais du Luxembourg à la demande des sénateurs, y a perdu un cousin il y a quinze ans.
La confusion, le bruit, la fureur, conjugués à la fumée des gaz lacrymogènes, la douleur des personnes écrasées au cœur d’une foule congestionnée, ont agi comme un douloureux rappel à Saint-Denis. "Ces cicatrices sont profondes, le traumatisme l’est tout autant, et cela restera longtemps", confie Morris à Deutsche Welle. "Les gens m'ont dit que c’était fini. C'est fini pour eux. Ils n'y retourneront plus jamais. Vous ne pouvez pas aller à un match de football et vous attendre à ce que votre vie soit en danger." Si les rescapés d’Hillsborough parmi les damnés du Stade de France sont les plus traumatisés, la plupart ne parviennent pas à tourner la page.
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Grace Merritt, étudiante en journalisme et supportrice des Reds, raconte à LBC les stigmates de la violente cohue qui l’a coincée contre une barrière de protection, laquelle a bien failli la transpercer. Comme d’autres, elle s’est vue mourir. Elle conservera la hanche et les côtes droites très endolories. "Je pense que nous souffrons encore tous des répercussions de la finale", a expliqué à l'AFP Joe Blott, le président de Spirit of Shankly, l'un des principaux groupes de supporters des Reds. Initialement pointés du doigt par les autorités françaises et l’UEFA, les supporters de Liverpool ont été exonérés de toute responsabilité dans les incidents du Stade de France par différents rapports, dont le dernier, réalisé pour l’UEFA par un panel indépendant.
Mais la cicatrice reste vive, et les propos du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin difficiles à oublier tant ils ont été mal vécus. "Il savait qu'il était en tort, alors il a parlé de faux billets pour faire diversion", peste Sam Evans, un jeune supporter de 21 ans, interrogé par le quotidien L’Equipe. "Il faut que l'UEFA et le pouvoir français reconnaissent clairement que toutes les personnes qui étaient en charge de la sécurité ce jour-là ont complètement échoué dans leur mission", réclame le député Ian Byrne dans les colonnes du journal.
Pour rappel, le coup d'envoi de la rencontre avait été reporté de 37 minutes en raison des difficultés d'accès créées par des goulets d'étranglement dans le parcours des supporters des Reds jusqu'au stade. La police française avait fait usage de gaz lacrymogène sur des milliers de personnes coincées derrière des barrières métalliques dans le périmètre autour de l'enceinte. Des supporters avaient également été la cible de délinquants qui les ont agressés physiquement. Aucun mort n'avait été déploré, mais de très nombreux supporters sont revenus marqués psychologiquement.