OL: les incidents entre joueurs et supporters racontés par tous les acteurs

Comment les supporters et joueurs lyonnais en sont presque venus aux mains un soir de qualification pour les huitièmes de finale de la ligue des champions? La réponse se situe quelque part entre la fronde d’une partie du public contre un joueur (Marcelo) et un entraîneur (Rudi Garcia), les prestations en dents de scie de l’équipe et le ras-le-bol d’un capitaine. Avant les images, accablantes, les versions divergent un peu sur l’origine des incidents.
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Au coup de sifflet final du match nul miraculeux arraché face à Leipzig (2-2) et synonyme de qualification, l’ambiance du Groupama Stadium est vite descendue, après n’être déjà pas montée très haut pour une soirée européenne. La faute à une nouvelle prestation en dents de scie, malgré le sursaut d’orgueil en deuxième période.
Une idée de Garcia
Dans ce climat étrange, Rudi Garcia, entraîneur lyonnais qui divise le public lyonnais (son nom est toujours un peu sifflé lors de la présentation d’avant-match en raison notamment de son passé marseillais), a demandé à tous les joueurs de se regrouper au milieu du terrain, puis d’aller saluer le public. Dans une sorte de mission reconquête.
Celle-ci a débuté par le virage Sud où cela s’est bien passé. La suite fut bien moins tranquille. Les membres du virage Nord se sont préparés à une célébration d’un autre genre en se passant un mot d’ordre: "Regardez ce que Garcia, le coach qu'on ne veut pas, est en train de faire, il ne mérite pas, on se retourne et on ne les applaudit pas".
Marçal et Marcelo ont dit à Garcia qu'ils ne voulaient pas y aller
Devant cette défiance, les joueurs s’y sont dirigés sur la pointe des pieds, tout en restant assez éloignés de la tribune. Ils ont timidement salué la tribune depuis le rond central avant de prendre la direction des vestiaires. Marçal et Marcelo, en conflit avec plusieurs supporters, ont signifié à Rudi Garcia qu'ils ne souhaitaient pas aller saluer cette partie de la tribune en raison des tensions entres les deux parties. Le retour au vestiaire des joueurs de l'OL a été accompagné de sifflets, d'insultes et plus encore.

Un supporter, en guéguerre avec Marcelo depuis de nombreuses semaines, est alors descendu sur le terrain (en compagnie d’autres membres) pour déployer une banderole insultante contre le Brésilien. C’est là que Memphis Depay a dégoupillé et traversé tout le terrain pour arracher la banderole, suivi de près par Jason Denayer, Anthony Lopes et le clan du Brésilien.
Marcelo rapplique aussi
A ce moment-là, Marcelo était à l'entrée du tunnel devant les vestiaires. En voyant les incidents, il s’est à son tour précipité pour rejoindre ses coéquipiers. Invectivé et accueilli par une bordée de doigts d’honneur, il a répliqué avant d’être écarté par un membre du staff alors que les stadiers se sont déployés pour éviter que les supporters ne s’approchent du joueur. Ce moment très chaud s’est achevé par une longue discussions entre Anthony Lopes, Houssem Aouar et les supporters.
En colère, Memphis Depay raconte que le courroux des supporters ne s’est pas seulement matérialisé par des banderoles et des insultes. "Ils nous ont carrément craché dessus, sur certains membres du staff, sur certains joueurs, a témoigné le Néerlandais. Je n’ai jamais vu quelque chose comme ça."
Les supporters vexés par l'absence de célébration?
A la sortie du stade, ces derniers se sont montrés discrets face au micro tendu par RMC Sport. L’un d’entre eux a bien voulu donner sa version. Selon lui, les joueurs ont payé le fait de ne pas être venus instinctivement fêter cette qualification avec eux. "On pensait que les joueurs, comme souvent après chaque victoire, allaient venir célébrer dans le virage et là, ça traîne et, 10 minutes plus tard, on les voit se diriger vers les vestiaires, raconte-t-il. (…) C'est triste parce que, s’ils étaient venus célébrer, il y aurait eu zéro incident."
Pas si sûr tant le ressentiment semble profond. A la suite de ces échauffourées, aucun supporter n'a été interpellé. Le club a décidé de ne prendre aucune action à chaud mais revisionnera les images dès ce mercredi. Des sanctions seront prises forcément mais sans précipitation. A l’issue de la rencontre, Jean-Michel Aulas a d'ailleurs hésité à se présenter devant la presse par crainte que cet épisode fâcheux ne vienne masquer la perf' sportive et la qualification en 8e.
S’il a condamné la banderole du supporter, il a également regretté la réaction de Marcelo. Le président s’est braqué en refusant de répondre aux questions instantes sur la relation entre le club et les supporters. De leur côté, les joueurs ont montré la même gêne face aux questions sur leurs supporters, trahissant un sentiment de honte. Lopes a confié sa tristesse. Joachim Andersen, arrivé cet été, est lui resté incrédule : "je n'ai jamais vu ça, je ne comprends pas". Le club semble bien marqué de l’intérieur après ces incidents, qui vont laisser des traces profondes.