RMC Sport

"Pas favorable à l'exclusion des athlètes": comment l'UEFA gère le sujet Israël sur fond de montée de la contestation sur sa présence dans les coupes d'Europe

placeholder video
Dans un long entretien accordé à Politico, le président de l'UEFA Aleksander Ceferin revient sur sa position quant à la participation des clubs israéliens aux différentes compétitions européennes. Questionné sur la possibilité d'une exclusion de ces clubs, celui-ci a confié ne pas y être favorable, expliquant que "le sport doit montrer la voie mais pas en interdisant aux athlètes de concourir".

Affilié à l'UEFA depuis 1994, Israël aura cette année un représentant - le Maccabi Tel Aviv, en phase de ligue de la Ligue Europa - présent dans les compétitions orchestrées par l'instance européenne. Mais avant de voir l'Olympique lyonnais aller défier le club israélien le 27 novembre prochain en C3, probablement en Serbie, qui avait déjà accueilli le match de barrages entre le Maccabi et le Dynamo Kiev le 21 août dernier, encore fallait-il que le patron de l'UEFA réaffirme sa position sur le maintien de l'équipe dans la compétition.

"Le sport devrait montrer la voie, mais pas en interdisant aux athlètes de concourir"

Dans un long entretien accordé ce mercredi à Politico, Aleksander Ceferin est revenu sur le traitement d'Israël et de ses clubs et la position de l'association régissant le foot européen sur le conflit dans la bande de Gaza. Le Slovène en a profité pour rappeler qu'il ne songeait pas à exclure les joueurs israéliens.

"Tout d'abord, ce qui arrive aux civils là-bas me blesse personnellement. C'est impossible de voir ce genre de choses. D'un autre côté, je ne suis pas favorable à l'exclusion des athlètes. Car que peut faire un athlète à son gouvernement pour arrêter la guerre ? C'est extrêmement difficile. Actuellement, l'interdiction pour les équipes russes de participer à nos compétitions est, je crois, en vigueur depuis trois ans et demi. La guerre a-t-elle cessé? Non. Donc, pour l'instant, je ne sais pas (...) Je ne peux pas prédire ce qui va se passer. On parle de tout, mais personnellement, je suis contre l'exclusion des athlètes."

Et de poursuivre son argumentation : "pour moi, le sport devrait montrer la voie, mais pas en interdisant aux athlètes de concourir. Pour être honnête, avec la guerre russo-ukrainienne, nous avons eu une réaction politique presque hystérique. Nous avons été parmi les premiers à agir, convaincus que le sport pouvait contribuer à mettre fin à cette tragédie. Malheureusement, la vie nous a prouvé le contraire. Aujourd'hui, je ne vois plus beaucoup de réactions politiques. Du côté de la société civile, en revanche, c'est énorme. Et je ne comprends pas comment un homme politique qui peut faire beaucoup pour arrêter le massacre, où que ce soit, peut s'endormir en voyant tous ces enfants et tous ces civils morts. Je ne comprends pas."

"Celui qui pense que dire: 'Arrêtez de tuer des enfants, arrêtez de tuer des civils' est un message politique est un idiot"

Le président de l'UEFA a également été questionné sur la banderole affichée en amont de la dernière finale de la Supercoupe d'Europe entre le PSG et Tottenham et brandie par neuf enfants réfugiés en Italie, où l'on pouvait lire le message suivant : "Stop killing children, stop killing civilians". Un message "pas politique" selon Ceferin.

La banderole des enfants réfugiés avant PSG-Tottenham
La banderole des enfants réfugiés avant PSG-Tottenham © DR RMC Sport

"Nous avons une fondation UEFA pour l'enfance. Nous ne vivons pas sur une autre planète. Nous vivons dans ce monde. Et quand on voit des enfants mourir partout dans le monde à cause de politiciens irresponsables, celui qui pense que dire 'Arrêtez de tuer des enfants, arrêtez de tuer des civils' est un message politique est un idiot. C'est terrible que des enfants meurent de faim à cause d'intérêts politiques (...) D'un autre côté, la politique est omniprésente. Quand on arbore le drapeau écossais, c'est de la politique. Mais nous n'intervenons pas en politique, et nous ne dirons pas que tuer des enfants ou des civils, où que ce soit, est une bonne chose. Nous devons dire que nous méprisons cela, et nous le dirons toujours (...) Et j'ai le soutien total de la Fédération israélienne de football, de son président, qui est un bon ami à moi. Espérons donc que le monde se calme, mais si cela ne semble pas aller dans ce sens. Pour moi, la situation n'a pas été aussi dangereuse depuis les années 1930."

CMP