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PSG-Juve: comment la Super League a bouleversé le duo Agnelli-Al-Khelaïfi

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Ce mardi soir à 21 heures, le Paris Saint-Germain affronte la Juventus pour le grand retour de la Ligue des champions (sur RMC Sport 1). En tribune officielle, Nasser Al-Khelaïfi et Andrea Agnelli se retrouveront côte à côte. Deux présidents de clubs dont la relation a traversé des hauts et surtout des bas.

21 avril 2021. Moment charnière dans la carrière des deux dirigeants de grosses écuries européennes. A Nyon (Suisse), une passation de pouvoir s’organise dans les couloirs de l’European Club Association (ECA). Nasser Al-Khelaïfi s’apprête à prendre le fauteuil de Président occupé par Andrea Agnelli, en poste depuis 2017. "Nasser ne voulait pas vraiment prendre cette place. Mais d’autres gros clubs l’ont convaincu. L’ECA avait besoin d’un homme fort", raconte un témoin de cette journée.

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L’ambiance dans les bureaux situés dans le canton de Vaud est glaciale. Pourtant, historiquement, les deux hommes entretiennent une "bonne relation" selon plusieurs proches. "Il y avait une vraie confiance entre eux. Tout était normal. Ils négociaient ensemble à l’ECA, main dans la main", rapporte une source. Mais en l’espace de quelques jours, l’homme d’affaires italien fait ses cartons, fâché par l’opposition de l’instance à son dernier projet: la Super League. Depuis la relation entre les présidents du PSG et de la Juventus, adversaires ce mardi au Parc des Princes en Ligue des champions, n'a plus été la même.

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La fracture Super League

"Tout a changé avec la Super League. Al-Khelaïfi a été très direct publiquement. Agnelli a lui été moins franc que d’autres présidents comme Perez. Mais en trois jours, tout a changé dans son attitude", précise une autre source. Des mots faisant échos aux premières sorties du nouveau patron de l’ECA dans la presse. "Les gens meurent en Ukraine et n'ont nulle part où dormir, et nous nous battons pour la Super League ?". Une déclaration signée "NAK", en mars 2022 lors d’une interview accordée à la BBC. Preuve de la blessure, jamais totalement refermée, entre le président qatarien du PSG et son homologue de la Juventus. Une scission remontant officiellement au 19 avril 2021, jour de l’annonce officielle de cette compétition regroupant quelques-uns de ténors européens. Les clubs fondateurs: l’AC Milan, Liverpool, Manchester City, le Real Madrid et… la Juventus. Aucun club français concerné.

Dès sa prise de fonction à l’ECA, Nasser Al-Khelaïfi tape du poing sur la table à plusieurs reprises en parlant dans son tout premier communiqué de "tentatives de déstabilisation." Un message répété sans cesse en privé, lors de réunion de l’association. "Tout le monde est contre, des fans aux médias, en passant par les clubs, les petits et les grands clubs", "certaines personnes ont essayé de démolir le système", a ajouté régulièrement le patron du PSG. Des déclarations de Nasser Al-Khelaïfi publiquement saluées par le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin. Une constante opposition envers la Super League qui perdure, alors qu’Andrea Agnelli devrait présenter prochainement les nouveautés et modifications du projet originel. En attendant, son équipe, la Juventus, participe bel et bien à cette édition 2022-2023 de la Ligue des champions après avoir signé un accord avec l’UEFA. L’instance occupe le poste de régulateur, d'opérateur et d'unique propriétaire et gestionnaire des compétitions européennes de football.

Match aller d’un déjeuner animé ?

Tradition oblige, un déjeuner est prévu ce mardi midi dans la Capitale entre les "boards" des deux clubs. Un premier échange entre Nasser Al-Khelaïfi et Andrea Agnelli qui pourrait être tendu. A l’image du repas organisé en mars dernier avant le huitième de finale aller de C1 entre le PSG et le Real Madrid avec Florentino Perez, autre ambassadeur du projet Super League. Un rendez-vous glacial, dans un salon privé du restaurant Pavillon Ledoyen du chef Yannick Alléno. Florentino Perez avait passé une bonne partie du déjeuner à regarder sous la table. Surtout au moment où son homologue a abordé sa position sur le projet de la compétition fermée entre géants de la scène continentale. Nasser Al-Khelaïfi lui avait reproché de ne penser qu'à sauver "son propre compte bancaire et les grandes équipes."

Mais Andrea Agnelli pourrait lui compter sur un soutien de poids dans le club français: celui du directeur général Jean-Claude Blanc, dont il a pris la place à la tête de la Juventus en 2010. "Perez a été plus public que Agnelli, contre Al-Khelaïfi. Agnelli c’était moins personnel. Il voulait juste de l’argent, via son projet", analyse un proche du président de l’ECA. Une fois le déjeuner terminé entre dirigeants, ce sera bien sur terrain que le PSG et le club turinois se rencontreront lors d'une véritable affiche européenne. Super League ou pas.

Arthur Perrot