PSG: Mauro Icardi et la Ligue des champions, ça donne quoi?

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Alors quand ils sont trois à ne pas pouvoir répondre à l’appel... Neymar suspendu, Kylian Mbappé et Edinson Cavani blessés, le Paris Saint-Germain n'aborde pas sa nouvelle campagne de Ligue des champions et le premier choc face au Real Madrid, ce mercredi au Parc des Princes (en direct à 21h sur RMC Sport 1), dans les meilleures dispositions offensives. Et Mauro Icardi, recrue surprise et clinquante de la fin de mercato, va se retrouver en première ligne plus tôt que prévu. Même s’il a clairement manqué de rythme ce samedi face à Strasbourg (1-0) pour sa première sous le maillot parisien, l’ancien joueur de l’Inter devrait, selon les informations de RMC Sport, être titularisé par Thomas Tuchel. Avec la responsabilité d'endosser le rôle du buteur, ce qu’il sait très bien faire, de l’attaque parisienne. L’occasion de s’interroger: alors, il donne quoi en Ligue des champions, le mari et client de Wanda?
"Icardi était le joueur capable à lui tout seul, d’un seul geste, de marquer et de porter l’équipe"
A 26 ans, Mauro Icardi ne présente pas, c’est le moins que l’on puisse dire, une folle expérience dans la plus prestigieuse des compétitions de clubs. A la Sampdoria, son premier club professionnel, le niveau de son équipe ne lui permettait pas de prétendre à une place à la table de la C1. Et à l’Inter, où il avait débarqué en 2013, il a dû attendre cinq ans pour découvrir cette compétition. C’était la saison dernière. La Ligue des champions, l’Argentin ne l’a donc disputée qu’une fois. Une expérience courte, les six matches de la phase de poules, mais durant laquelle il aura brillé avec quatre des six buts d’un groupe dont il portait alors le brassard de capitaine au bras et les espoirs sur les épaules. "C’était vraiment l’homme qui a fait rêver l’Inter sur la première partie de saison et la Ligue des champions", confirme Simone Rovera, correspondant en Italie pour RMC Sport.
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Tout commence à la maison, à Milan, face au futur finaliste de l’épreuve, Tottenham. Menés 1-0 suite à un but de Christian Eriksen en début de seconde période, les hommes de Luciano Spalletti vont renverser la table pour aller chercher la victoire. Pour sonner la révolte et inscrire le but de l’égalisation, à la 86e, on trouve Icardi. Qui ne va pas faire les choses à moitié pour son premier but en C1: une volée du droit depuis l’extérieur de la surface suite à un centre en première intention de Kwadwo Asamoah. Sublime, et symbolique. "A partir de ce but face à Tottenham, on s’est rendu compte que sur le plan technique, même si l’Inter n’y arrivait pas, Icardi était le joueur capable à lui tout seul, d’un seul geste, de marquer et de porter l’équipe", explique Simone Rovera.
"Pas aussi décisif qu’il aurait dû l’être pour un match aussi important"
Un talent à part forcément transcendé par la lumière des grands soirs. "Pour sa première en Ligue des champions, on voyait vraiment un joueur qui donnait l’impression d’être là où il voulait être, avec l’envie de se montrer", appuie notre correspondant en Italie. Il aura encore plus un rôle de sauveur à Eindhoven pour le deuxième match de la campagne européenne de l’Inter. Une nouvelle fois menés, les Milanais vont encore retourner la situation pour s’imposer. Avec Icardi pour mettre le but du 2-1 et de la victoire. "Ce jour-là, c’est lui qui a relancé un Inter qui n’était pas bien", précise Simone Rovera. Titulaire au Camp Nou pour le troisième match, il ne peut rien pour empêcher la victoire du club dans lequel il a évolué étant jeune, de 2008 à 2011 (victoire 2-0 du Barça). Mais au "retour", c’est lui qui profite d’un cafouillage dans la surface catalane pour glisser le cuir au fond des filets et offrir aux siens un nul dans les dernières minutes juste après avoir encaissé un but qui semblait synonyme de défaite (1-1).
Inefficace à Londres contre Tottenham, comme toute son équipe (défaite 1-0), il refait parler de lui pour le dernier match de groupe, à domicile face au PSV, durant lequel obtenir un billet pour les huitièmes de finale de la compétition reste possible. Après l’ouverture du score néerlandaise et celle du Barça à domicile contre Tottenham, sa réalisation sur une tête en mouvement qualifie même virtuellement l’Inter pour la suite. Mais pas longtemps, le but de Lucas Moura pour les Spurs au Camp Nou offrant la deuxième place à Tottenham. On peut se dire que l’attaquant argentin a tout donné et rien à regretter. Mais cette dernière sortie laisse un goût d’inachevé dans la bouche des suiveurs... "Pour moi, il a un peu raté ce dernier match de poule contre le PSV, estime Simone Rovera. Même s’il a marqué, on avait eu l’impression que lui aussi avait subi la pression d’une victoire impérative pour se qualifier et de la difficulté pour l’Inter à marquer un but. Il a marqué le but de l’espoir mais au-delà de ça, je ne l’ai pas trouvé aussi décisif qu’il aurait dû l’être pour un match aussi important."
"Il a toujours eu cette étiquette de buteur qui marque dans les grands matches. La Ligue des champions a confirmé qu’il était capable de le faire au niveau européen"
Ce qui n’empêche pas le constat de notre correspondant en Italie: "L’an dernier, on a vu le meilleur visage de la saison de Mauro Icardi en Ligue des champions". Dans les grands matches, donc, ce qui ne sera pas pour déplaire aux supporters parisiens. Mais ça, de l’autre côté des Alpes, on le savait déjà. "Ses performances en Ligue des champions n’ont pas vraiment changé l’image qu’il avait en Italie, confirme Simone Rovera. Ça l’a sans doute aidé à être plus visible en Europe, car il y avait toujours ce souci d’être un joueur performant en Serie A mais qu’on n’avait pas vu sur la scène européenne. Mais ça ne l’a pas d’un coup fait basculer dans la catégorie des grands buteurs dans les grands matches. Il ne faut pas oublier que son image de grand buteur est née avec un doublé qu’il met avec la Sampdoria face à la Juventus et Gianluigi Buffon. Avec l’Inter, il a souvent marqué face à la Juve ou dans le derby. Cette étiquette de buteur qui marque dans les grands matches, il l’a toujours eue. La Ligue des champions a juste confirmé qu’il était capable de le faire au niveau européen." En Italie, sa fin de saison en eau de boudin (brassard retiré, bouderie puis mise à l’écart, retour mitigé) fera même "presque oublier cette phase de poules" (Simone Rovera).

Mais à l’heure de voir le PSG accueillir le Real sans toutes ses armes offensives, on va s’en souvenir pour lui. Même s’il faut éviter de mettre trop de pression à un joueur dont l’aventure parisienne débute à peine. "Tuchel est bien conscient de la saison qu’il vient de passer, de son état après une préparation où il a fait toute la partie physique avec l’équipe d’Antonio Conte mais sans prendre part à la partie tactique ou aux matches amicaux, rappelle le correspondant RMC Sport en Italie. Il n’a pas de rythme et ne peut pas encore être performant à 100%. Mais il est important de noter qu’il est un joueur spécial dans le type de numéro 9 qu’il est: ce n’est pas un joueur qui participe énormément à la manœuvre, pas un joueur qui défend, pas un joueur qui décroche, mais un joueur extraordinaire dans la finition et le dernier geste. Quand il a marqué son centième but en Serie A avec l’Inter, il en avait marqué 96 dans la surface! C’est vraiment un joueur dont tu as besoin pour finaliser les actions. L’absence de Neymar va lui enlever un partenaire extraordinaire et important qui peut lui donner de bons ballons et il risque d’y avoir trop d’attentes sur lui par rapport à ce qu’il peut apporter pour l’instant. Mais d’un autre côté, on a aussi un Real dans une situation plutôt catastrophique donc finalement, pour un choc entre deux malades, c’est peut-être un joueur qui n’est pas à 100% qui sera déterminant. Lui a sans doute l’envie de se montrer."
"Ce match face au Real, pour lui, c’est un peu le niveau bonus dans un jeu vidéo"
On image déjà le scénario idéal. Icardi qui marque et Paris qui s’impose grâce à lui. Vous avez dit adoption immédiate par le Parc? "Rien que poser cette question, c’est mettre une pression et une attente sur ses épaules, calme Simone Rovera. C’est vrai que le scénario peut être parfait pour lui pour entrer dans le cœur des supporters, bien commencer son aventure parisienne et prendre une petite revanche par rapport à ce qu’a été sa saison dernière avec l’Inter. Mais s’il ne le fait pas, il faudra avoir l’honnêteté et l’objectivité de ne pas parler tout de suite d’échec. Pour moi, Icardi pourra peut-être être prêt après la prochaine trêve internationale. Il a l’avantage de ne pas participer aux matches de l’Argentine, avec qui il a des rapports compliqués. Il ne sera une nouvelle fois pas appelé lors de la prochaine trêve et il aura le temps de travailler pour rattraper son retard. Ce match face au Real, c’est un peu le niveau bonus dans un jeu vidéo. Si tu y arrives, c’est toujours ça de pris, c’est cool, et si tu n’y arrives pas, tu continues l’histoire normale."

Au-delà du Real revient un autre débat, constant à chaque recrutement d’un grand nom par le PSG. Est-il un joueur capable de faire passer un cap au club de la capitale française en Europe? "Pour moi, non, répond Simone Rovera, même s’il peut apporter quelque chose à certains moments en Ligue des champions." Pas un problème offensif ou de finition, sa seule participation à la C1 ayant prouvé qu’il était un attaquant technique et complet (une volée pure et qui fait mouche contre Tottenham, une belle résistance à une charge physique pour son but contre le PSV à Eindhoven, un côté renard des surfaces pour celui contre le Barça, une maîtrise du jeu aérien en mouvement pour le dernier) mais global. Collectif. "Icardi n’est pas Cavani, poursuit notre correspondant en Italie. Ils sont complémentaires, selon moi, mais c’est un joueur très différent. Cavani est très important dans cette équipe sur le plan de l’équilibre. Quand tu as Neymar, qui n’est pas obligé de revenir derrière et qui ne veut probablement pas, Mbappé qui le fait parfois mais dont ce n’est pas le truc non plus, si en plus tu ajoutes un Icardi qui le faisait un peu à contrecœur la saison dernière alors que Spaletti avait énormément travaillé sur ça pour lui donner un peu plus un rôle de protagoniste et pas seulement dans la surface..."
"S’il y avait un joueur à cibler dès le début du mercato pour faire franchir un cap en C1, ce n’était pas Icardi"
Et notre témoin de compléter: "Si tu joues avec les trois devant et un Di Maria en plus, il va vraiment falloir que les milieux soient solides ou que tu gardes le ballon 80% du temps. C’est une arme offensive en plus mais si on me demande si c’est le joueur qu’il fallait à Paris pour passer un cap en Europe, selon moi, non. C’est une bonne opportunité de mercato à saisir, Leonardo a été parfait pour ça et sa saison dira si ça vaut la peine de payer 70 millions d’euros pour le racheter dans quelques mois, mais s’il y avait un joueur à cibler dès le début du mercato pour faire franchir un cap en C1, ce n’était pas Icardi." A celui qui "avait le choix de rester à Milan sans jouer une minute jusqu’en janvier, ce qu’il voulait faire pour des raisons personnelles et familiales, ou d’aller dans un club qui a un énorme potentiel et de l’ambition" de prouver le contraire. Ça commence par un choc. Tant mieux, le garçon adore le parfum des grands rendez-vous.