"Quand j’ai eu la balle, je savais ce que j’allais faire": avant OM-Tottenham, Valbuena raconte l'exploit contre Dortmund en 2011

Mathieu, comment était l’ambiance avant ce match décisif contre Dortmund en 2011 ?
On était dans une situation délicate en championnat. C’était le match de l’année, on savait très bien qu’on était qualifiés en cas de victoire, on avait notre destin entre nos pieds. C’était un gros challenge qui se dressait devant nous, car on jouait à Dortmund. C’était un contexte tendu car c’était compliqué en championnat. Mais on avait une équipe qui avait beaucoup de caractère, on savait qu’on pourrait faire un grand match.
Comment était cette ambiance dans le stade à Dortmund ?
Elle était extraordinaire. On savait qu’on allait souffrir et ça n’a pas loupé, car ils mènent 2-0, ils ont la balle du 3-0 et on marque contre cours du jeu avant la mi-temps (Loïc Rémy à la 45+4), c’est ce qui nous réveille. A la mi-temps, on se dit qu'on ne peut pas jouer comme on a joué. Ce but nous a galvanisés, mais c’est vrai qu’on a senti qu’il y avait beaucoup d’enjeu, il y avait de la crispation à cause de notre situation délicate en championnat. On avait beaucoup de caractère et de personnalité, et c’est ce qu’il faut dans ces moments-là.
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Que vous a dit Didier Deschamps à la mi-temps ?
Il n’était pas content car on s’était fait dominer. Ce n’était pas le match qu’il fallait, il nous avait passé un savon, en nous disant que ça ne serait pas comme ça qu’on irait chercher la qualification.
Quelle est votre émotion sur le but que vous marquez en deuxième période (but du 3-2 à la 87e) ?
Ce sont des émotions qu’on a tous envie de vivre. C’est vrai que, quand je suis rentré en jeu (à la 74e, ndlr), j’avais cette sensation de me dire qu’on n’avait rien à perdre. Quand j’ai eu la balle, je savais très bien qu’il ne restait pas beaucoup de temps et je savais ce que j’allais faire. Il ne restait pas beaucoup de temps et je suis parti du principe que j’allais y aller tout seul et que j’allais tirer. Je me suis dit qu’il y avait 2-2, qu’on n’avait rien à perdre. J’étais aussi un peu énervé parce que j'étais remplaçant sur ce match. J’ai eu plein de rage et plein de détermination dans ce que j’ai fait. Alors peut-être que huit fois sur dix ça ne marche pas, mais j’ai tout fait pour que ça marche.
On se rappelle aussi du sourire de Didier Deschamps quand vous marquez et qu’il vous voit arriver au loin…
Je m'en rappelle, mais, de base, j’allais plutôt voir Loïc Rémy car, avant le match, je savais que j’allais être remplaçant et, pendant la promenade, il m’a dit ‘C’est toi qui vas nous qualifier”. J’ai rigolé en lui disant ‘Arrête, c’est bon...’ Ça, c’est pour te rassurer quand t’es remplaçant. Donc quand je marque le but du 3-2, j’ai été le voir direct, je me suis dit ‘T’as eu des visions, en fait’. Quand j’ai marqué, j’ai directement pensé à ce qu’il m'avait dit.
Vous préférez ce but ou celui de Liverpool en 2007 ?
Au niveau de la satisfaction personnelle, je préfère le but de Liverpool. Mais, au niveau de la satisfaction collective, celui contre Dortmund a une saveur particulière, car derrière il y a une qualification. Le match contre Liverpool, il y a une satisfaction personnelle: premier match de Ligue des champions, première pour Eric Gerets… C’est la soirée parfaite pour me lancer dans ma carrière, mais ça reste un match de poule. Ce match contre Dortmund m'a procuré des émotions incroyables. Derrière, tu te qualifies quand même en huitième de finale. L’OM a une grande histoire en Coupe d’Europe, donc ça avait une saveur particulière.
Comment trouvez-vous cet OM depuis le début de la saison ?
Moi, je les trouvais bien. Les sifflets contre Tudor en tout début de saison avaient peut-être été un peu injustes, ce n'était que des matchs de prépa. Ils ont fait un très bon début de saison, Tudor demande beaucoup d’efforts. Mais ils ont une baisse de régime. Il n'y pas si longtemps que ça, ils ont ce match contre Paris quand ils sont deuxièmes. Aujourd’hui, ils se retrouvent un peu plus derrière, c’est plus compliqué. Ils ont une baisse de régime physique et aussi psychologique je pense, car t’es toujours en course en Ligue des champions et, mine de rien, ça pompe de l'énergie tout ça. Ils ont un coup de mou et ça se voit dans les résultats et les performances. Tudor a une base et, derrière, il n’a pas une grosse profondeur de banc. Quand il fait tourner, on voit que c’est compliqué aussi. Il faut que Marseille aborde ce match sans pression, qu'elle soit positive. Il ne faut pas reproduire les erreurs de l’année dernière, comme contre Feyenoord, en demi-finale d’Europa Conference League, je trouve qu’ils ont fait un non match. A la différence de nous en 2011, eux jouent à domicile, ils auront quand même le 12e homme derrière eux. Je trouve que Tottenham est une équipe friable, largement prenable.
Il y a du caractère dans cette équipe. Il y a du caractère dans chaque ligne. Pau Lopez est très bien revenu, Mbemba est une très belle trouvaille, Guendouzi a du caractère, comme Suarez, Harit… Marseille a l’équipe pour faire un grand match, mettre le feu et jouer sans pression. Depuis le début de saison, Marseille n’a rien à envier à Tottenham. Si Marseille joue avec ses qualités, ça peut passer. Moi, en tout cas, je suis très confiant.