
Riolo : "PSG : le droit d’y croire…"

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Au moment d’évoquer pour la millième fois le fabuleux PSG/Real de 1993, le héros de ce soir-là, Antoine Kombouaré, m’avait dit un jour qu’avant d’aborder le match retour, ils y croyaient vraiment. Jusque-là, c’est très banal. Manquerait plus qu’un joueur ne croit pas une perf’ possible. Avec plus de précision, Kombouaré m’expliqua qu’au-delà du score très défavorable de l’aller, 1/3, le contenu du match n’était pas en phase avec le résultat. Le PSG n’avait pas senti à Bernabeu une nette supériorité du Real. Et l’actuel coach de Lens de conclure : « Le résultat ne dit pas toujours la vérité. Il faut voir le déroulé d’un match, les faits de jeu… A travers cette défaite qu’on trouvait exagérée, on sentait que c’était faisable ».
On pourra toujours rétorquer que marquer le but de l’exploit à la 95è, ça va au-delà de l’analyse, mais c’est d’abord en étant convaincu de pouvoir faire qu’on fait. L’aspect psychologique est capital dans ce genre de match et la force d’un entraîneur comme Deschamps, par exemple, c’est aussi de convaincre ses joueurs que la performance est réalisable.
Si on se réfère à la saison dernière, le PSG était dans une posture favorable avec son 3/1. Mais ce 3/1, souvenez-vous, était boursouflé. Paris avait gagné grâce à une réussite maximale et dans le jeu, ça n’avait pas été terrible.
Au retour, le PSG n’avait pas su maîtriser le confort du score. Pas habitué à gérer ce genre de score, Paris s’était retrouvé comme le mec à qui on paye une nuit dans un hôtel de luxe alors qu’il est habitué à l’Ibis. Dès qu’il arrive au petit déj' le matin, il est paumé !
A Londres, le PSG avait joué contre nature, très bas, défensif et comme l’a dit Marco Verratti, avec comme seule idée que le temps passe vite.
Il y a 3 semaines, le PSG a livré un gros match face à Chelsea. Cette fois, ce sont les Blues qui s’en sont bien tirés en ramenant un nul (1-1). Fort de son expérience de la saison dernière et convaincu de sa force après le match aller, le PSG va aborder cette rencontre dans d’autres dispositions mentales. Au coup d’envoi, Paris sera éliminé et ne pourra pas attendre, jouer contre nature.
Et si, moi le premier, certains avaient un doute sur la capacité du PSG à hausser le ton face à un gros en LDC, preuve a été faite, que Paris pouvait le faire.
Ceci dit, reste à savoir comment Chelsea va se comporter. Ont-ils sous-joué le match aller ? Ont-ils géré un score favorable en prévision d’un retour « confort » ? Chelsea est peut-être moins fringant en championnat, mais la PL reste bien plus relevée que notre L1. L’exploit de Monaco face à Arsenal n’a pas tout chamboulé, restons calme. Et Mourinho reste un maître dans l’approche de ce genre de match. Une équipe dirigée par Mourinho ne passe pas au travers. Les fameux « détails », il sait les contrôler. En gros, le message est : "Tu veux me battre alors montre que tu es vraiment meilleur que moi."
Pour ça, ce PSG va donc devoir livrer le match qu’il n’a jamais fait jusque-là. Sortir tête haute face au Barça, c’est bien pour un début. Perdre à Chelsea comme l’an passé après avoir mené 3/1, c’est passé pour de la poisse avec le but sur la fin. Je précise que je ne partage pas « l’analyse » de la poisse pour la défaite de l’année dernière.
Pour battre Chelsea chez lui, le PSG devra être bon partout. Ça tombe bien, tout le monde a l’air en grande forme. Motta va revenir au milieu. Et il faudra qu’il soit au top pour qu’on ne pense pas trop que David Luiz aurait peut-être été mieux au milieu. Le PSG compte assez de grands joueurs pour ne pas avoir peur de ceux d’en-face.
Il faudra aussi et surtout sortir de l’inefficacité chronique dont souffre l’équipe en ce moment. Rater un wagon d’occasions contre Lens, Toulouse and co, ça passe, mais dans un tel match, ça se termine à la rubrique regrets, on reviendra plus fort l’année prochaine et autres blabla…
Enfin, il serait bon qu’Ibra justifie enfin son statut. Les fantaisies contre Bastia et Sochaux, c’est bien. Les valises de buts en L1, ok, le Musée Grévin, c’est gentil. Mais Ibra est à Paris pour être un joueur hors-norme. C’est ça son statut. Faire gagner l’équipe, être le leader, le guide. Marquer des buts qui comptent, dont on se souvient. Faire le cador contre Anderlecht ou Leverkusen en LDC, ça ne peut pas suffire. Chelsea, c’est aussi son heure de vérité.
On peut y croire, oui. Il y a assez de raisons pour y croire sans tomber dans un optimisme béat. Mais si on me dit : le PSG va passer avec un Ibra moyen, là je vais perdre nettement en confiance.