"Une obsession depuis la finale de 2006": avant le PSG, les supporters d'Arsenal y croient plus que jamais

A quelques centaines de mètres de l'Emirates Stadium, le Paddy Power, établissement de paris sportifs, affiche les cotes pour les prochaines rencontres de Ligue des champions. Pour la manche aller, Arsenal est largement favori face au Paris-Saint-Germain. Pour la victoire finale en revanche, le club londonien arrive derrière le Barça et le PSG. "Les bookmakers pensent clairement qu'Arsenal va gagner à domicile", affirme la gérante des lieux.
Une confiance boosté par le double succès face au Real Madrid
Même confiance pour la jeunesse londonienne à l'approche du stade: "J'ai hâte de vivre ce match, je suis presque sûr que nous allons gagner", affirme Matthew, 20 ans, originaire de Californie. "On les a battus en début de saison (2-0, match phase régulière en octobre), on vient d'éliminer le Real Madrid, on est sur une belle série et je pense qu'elle va continuer jusqu'à la finale de Ligue des champions."
Casquette des Gunners vissée sur la tête, Josh, créateur de la chaîne Youtube True Gooner (recensant plus de 10.000 abonnés): "Nous sommes très confiants après ce qui s'est passé contre le Real Madrid. 15 titres de LDC, favori de la compétition et on parvient à les battre largement à l'aller puis au retour. On a montré qu'on était capables de battre n'importe qui." Lui aussi né après 1990, Arjun s'attend au "match le plus palpitant de la saison. Je suis si fier de cette équipe et j'ai hâte de voir ce que l'on peut montrer face au PSG".
Traumatisme de 2006 et nouveau regard sur le PSG
Rob est d'une autre génération et de nature pessimiste: "Je pensais qu'on allait être mauvais à Madrid et on a gagné là-bas donc pourquoi pas mais le coup d'envoi se rapproche et j'ai peur." A ses côtés, son ami Dan le regarde en coin: "Nous sommes là depuis trop longtemps pour être confiants, nous faisons un travail intérieur, une sorte de yoga, pour nous apaiser."
Rob, les échecs, il les a connus: "On n'a jamais été bons en Europe. Seulement deux coupes remportées, une dans les années 1970 et l'autre en 1994, c'est trop mauvais. Et je ne parle pas de 2006, on sait tous que c'était de la chance." Une référence à la finale de Ligue des champions perdue 2-1 au Stade de France contre Barcelone.
"C'est une incroyable opportunité pour Paris et Arsenal de remporter leur premier titre, c'est comme une obsession pour ces deux clubs", lance Amy Lawrence, journaliste chez The Athletic et spécialiste d'Arsenal. "Pour Paris, c'est une nouvelle obsession née de cette dernière décennie à partir du moment où le club a changer de dimension, pour Arsenal une obsession plus ancienne qui date de la finale de 2006. Arsenal était alors l'une des meilleures équipes d'Europe, ne jamais avoir réussi à l'emporter pendant cette période les a un peu tués. Demandez à Arsène (Wenger) ou à Thierry (Henry) que vous connaissez bien en France, ils en souffrent encore."
Lui aussi a souffert en 2006. Dans un coin de rue du quartier de l'Emirates, Martin Whelan tient le Tollington Arms, illustre pub des fans londoniens "Je ne peux pas dire que cette année je suis confiant mais il faut l'espérer. Face à Paris ce sera énorme. Soit ça passe, soit je pense que ça nous coûtera très cher." Un succès au match aller est pour lui primordial face à un adversaire qu'il peine à analyser "On a vraiment besoin de gagner ici et de mettre quelques buts même si je vais me satisfaire d'un 1-0. Il va falloir être très très défensif. Nous serons outsider mais il faut être confiant parce qu'il est difficile d'évaluer ce PSG. Ils sont déjà champions de leur championnat et le seront encore champion l'an prochain parce qu'il n'y a pas d'adversaire en France, ce n'est pas comme en Premier League."
Toute l'Angleterre derrière Arsenal? Loin de là
Le youtubeur Josh craint surtout de voir la double-confrontation s'allonger: "Je ne veux pas de séance de tirs aux buts parce que Donnarumma (il souffle). Je l'ai vu jouer à l'Euro avec l'Italie, avec Paris contre Liverpool en quarts. Il est incroyable dans cet exercice. Mais on le sait, le PSG sera différent de celui qu'on a joué il y a quelques mois."
Journaliste pour le London Evening Standard, Simon Collings avoue que le regard des Anglais sur le Paris-Saint-Germain a changé ces derniers mois: "La perception du PSG est très différente de celle du début de saison et de celle d'il y a quelques années. On a toujours pensé que le PSG était une équipe pleine de stars. Et aujourd'hui, il ressemble à une vraie équipe de jeunes joueurs avides de succès. Ils ont renforcé l'effectif en janvier et ont gagné en maturité." Maillot vintage sur les épaules, Rob confirme: "La période des grands noms, des joueurs difficiles à gérer semble terminer pour eux. Avec Luis Enrique, c'est devenu une vraie équipe, efficace, avec tous leurs supporters unis derrière eux."
Mais une équipe qui n'a jamais, non plus, remporter la Ligue des champions. "C'est une occasion pour ces deux équipes d'écrire l'histoire" affirme Simon Collings, qui donne à Paris l'avantage de l'avantage de l'expérience. "Mikel Arteta parle beaucoup de ce parcours en Ligue des champions. Ce n'est que leur troisième demi-finale dans cette compétition. C'est un territoire totalement inconnu pour eux."
Et ne comptez pas sur tous les Anglais du Royaume pour s'unir derrière les Gunners: "Ce serait ne pas comprendre la culture du football anglais si vous pensez cela", se marre Amy Lawrence. "Je pense qu'en dehors d'Arsenal, la majorité des supporteurs anglais soutiendront le PSG. Il y a une sorte de jalousie, une schadenfreude, pour utiliser ce grand mot allemand, où tout le monde aime voir les autres échouer s'ils sont proches de vous. Si vous êtes supporter d'une équipe de division inférieure, vous espérerez peut être qu'Arsenal gagne. Mais ceux des grands clubs sont probablement en train de penser que le Paris Saint-Germain sera leur choix préféré."
Les fans de Liverpool seront eux peut être partagés, entre voir leur bourreau sortir ou leur rival national s'offrir une finale attendue depuis 19 ans.