RMC Sport
EXCLU RMC SPORT

"L’ultra communisme dans un pays ultra capitaliste": le système très particulier de la MLS expliqué par un spécialiste

placeholder video
Invité de l’émission RMC Mercato, Jérôme Meary, intermédiaire N°1 entre les États-Unis et l’Europe, décrypte le fonctionnement très atypique de la Major League Soccer (MLS).

C’est un système très particulier que Lionel Messi, Olivier Giroud, Luis Suarez ou encore Hugo Lloris ont récemment appris à connaître. Terre d’accueil de nombreuses stars du football en fin de carrière (mais pas seulement), la Major League Soccer (MLS) fonctionne avec des règles très particulières.

Invité de l’émission RMC Mercato, diffusée chaque jeudi sur la chaîne Twitch de RMC Sport à 13h, Jérôme Meary, intermédiaire N°1 entre la ligue américaine et l’Europe, décrypte toutes les subtilités d’une organisation bien différente de celle que nous connaissons en Europe.

>> Toutes les infos et rumeurs mercato EN DIRECT

• Quatre catégories de joueurs dans le salary cap

Jérôme Meary: "La MLS est une ligue fermée. Toutes les équipes travaillent entre elles en dehors du terrain et sont compétitrices sur le terrain. Ce qui devrait être le cas en Europe mais qui ne l’est pas tellement. Les joueurs sont sous contrat avec la ligue. La ligue donne des budgets aux équipes et structure l’effectif. Dans chaque effectif, il y a les joueurs qui sont dans le salary cap, ceux qui sont un tout petit peu au-dessus du salary cap, qu’on appelle des joueurs semi-désignés, semi-stars ou gam/tam en anglais. Et puis tu as les joueurs stars et une quatrième catégorie qu’on a ajoutée il y a quelques années, les joueurs de moins de 22 ans. L’idée est de faire venir des jeunes joueurs en MLS et de sortir du recrutement des joueurs en fin de carrière. L'objectif est de devenir une ligue où les jeunes joueurs sont là, et potentiellement avec la vente de ces jeunes joueurs."

• Pour les "joueurs stars", à chacun sa stratégie

Jérôme Meary: "Les joueurs stars sont les joueurs désignés. Une partie de leur salaire compte dans la salary cap mais le reste va être payé par le propriétaire du club. Avec le cas de Kevin Denkey, par exemple, le propriétaire du club de Cincinnati dit "je suis prêt à mettre deux, trois, quatre ou 15 millions sur un transfert et tant sur le salaire en plus du salary cap". Par contre, le propriétaire de Columbus dit "je ne peux mettre que trois". Le propriétaire de Miami dit "moi je peux mettre beaucoup plus que 15 millions, et je peux donner un petit peu de ma franchise et un peu de mes droits TV pour faire Messi". Chacun a un peu sa stratégie.

"À un moment donné, c’était le Los Angeles Galaxy qui faisait venir toutes les stars, comme David Beckham ou Zlatan Ibrahimovic. Maintenant, c’est un petit peu plus l’Inter Miami. Le Los Angeles FC a fait venir pas mal de stars, on l’a vu avec les Français Hugo Lloris et Olivier Giroud. Eux, ils ont une politique où ils dépensent beaucoup moins que l’Inter Miami, qui dépense beaucoup. Ils ont tous un salary cap fixe et après ils peuvent décider sur certaines positions, que sont les joueurs de moins de 22 ans et les joueurs stars, de dépenser autant qu’ils veulent."

• Une ligue fermée "ultra communiste"

Jérome Meary: "Les revenus générés par ces signatures sont répartis dans tous les clubs. L’idée de cette ligue fermée et des propriétaires est de travailler ensemble pour faire monter la ligue. S’il y a un club qui n’est pas bien, les autres ne sont pas contents. Ils veulent que tout le monde soit bien. Le principe d’un propriétaire de MLS, c’est que la valorisation de sa franchise augmente. Les franchises aujourd’hui en MLS valent entre 800.000 et 1,2 million de dollars. Quand tu compares aux clubs français, c’est assez fou. Sportivement, beaucoup de clubs de Ligue 1 sont au-dessus. Mais au niveau de la valorisation, c’est là où les mecs sont très bons. C’est le show-business."

"C’est le grand paradoxe des ligues fermées américaines: c’est l’ultra communisme dans un pays ultra capitaliste. Celui qui gagne à la fin de l’année a moins d’argent que celui qui a perdu. Le dernier de la ligue a le premier choix de la draft l’année d’après. Et ça fonctionne dans tous les sports américains."

• La "Discovery option", un pacte de non-agression à respecter

Jérôme Meary: "Il y a un système de discovery option. Quand Columbus parle avec un joueur, Chicago ne peut pas parler avec ce joueur ou avec son agent de façon à ne pas mettre en compétition les clubs et ne pas faire monter les enchères. S’ils ne respectent pas cette règle, ils peuvent perdre de l’argent du salary cap - une partie du budget pour l’année suivante -, qui va au club qui devait avoir le joueur. Je vais prendre l’exemple d’un des plus beaux transferts que j’ai faits, Didier Drogba. Chicago avait cette discovery option sur le joueur. Il y a eu des discussions avec le joueur. Mais José Mourinho avait fait une pré-saison à Montréal et avait des contacts avec Montréal. Donc Montréal a commencé à nouer des contacts avec Droga. À un moment donné, Montréal a dû payer beaucoup de sous de son salary cap à Chicago pour récupérer les droits pour parler à Didier et le signer."

F.Ga avec RMC Mercato