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"Il n’est pas le bienvenu ici", les ultras du Red Star contre le rachat par un fonds américain

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Le match de National Red Star-FC Sète a été définitivement arrêté hier soir à la 40e minute de jeu, après trois interruptions pour jets d'engins pyrotechniques. Un acte des ultras du club de Saint-Ouen, mécontents du projet de rachat du club par 777 Partners, un fonds d'investissement américain.

S’ils ne s'étaient pas renseignés, les joueurs du FC Sète auraient d'abord pu se sentir visés. Avant même le coup d’envoi, depuis la tribune Rino Della Negra, les supporters du Collectif Red Star Bauer criaient "Cassez-vous 777", ou "777 not welcome". Hasard du calendrier, ces slogans critiquaient en fait le projet de rachat du Red Star par 777 Partners, un fonds d’investissement américain, annoncé par le club dans un communiqué le 6 avril dernier

Le repreneur "n'est pas le bienvenu"

Le groupe de supporters est allé plus loin que de simples slogans, avec trois vagues successives de jets de fumigènes. À 20h25, cinquante minutes après la deuxième interruption, le speaker du stade Bauer avait pourtant prévenu: "Le match va reprendre dans quelques minutes. Au prochain jet d’engins pyrotechniques, il sera définitivement interrompu." Quelques minutes plus tard, sans surprise, de nouveaux projectiles jonchaient la pelouse. L’arbitre a donc renvoyé les deux équipes au vestiaire et le speaker tout le monde chez soi. L’ouverture du score de Sète à la 34e minute relève de l’anecdote. 

Interrogé par RMC Sport trente minutes avant le début de la rencontre, le président du Collectif Red Star Bauer, Vincent Chutet-Mézence, l’avait évoqué à demi-mot. "On va faire savoir à ce nouveau repreneur qu’il n’est pas le bienvenu ici, de manière claire, ferme et affichée."

Le groupe de supporters s’oppose à la vente du club à "un fonds d’investissement basé à 5 000 kilomètres d’ici, qui est sur une politique d’achat frénétique de clubs" (ndlr : situé à Miami, 777 Partners a pris possession du Genoa en 2021 et sera bientôt l’acquéreur de 100 % des parts du Standard de Liège et de 70% du Vasco de Gama). Avec la peur "d’être la cinquième roue du carrosse, la petite académie de jeunes d’Île-de-France qu’on va piller", poursuit Vincent Chutet-Mézence, pourtant bien conscient de la situation actuelle du Red Star, 11e de National. "On sait que le club est à bout de souffle, il faut des nouveaux investisseurs pour éviter de végéter en troisième division."

Supporter du Red Star et impliqué dans la structuration du club, le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane était présent en tribunes ce vendredi soir et condamne ces incidents. L’édile partage les mêmes inquiétudes que le collectif mais appelle au dialogue. "D’une part pour que les valeurs du club soient préservées, et d’autre part que le projet porté par 777 Partners puisse être discuté, débattu et que tout le monde trouve son intérêt." Le maire de Saint-Ouen rencontrera d’ailleurs jeudi prochain des représentants du fonds d’investissements pour leur "demander des garanties". 

Officialisation du rachat dans les semaines à venir 

Mais la communication semble rompue entre le club et le groupe de supporters. Le directeur général du Red Star Luc Pontiggia "condamne fermement ces débordements". "On avait pourtant pris la peine d’ouvrir la porte au dialogue avec les représentants du Collectif Red Star Bauer pour rencontrer 777, mais l’invitation a été déclinée", regrette-t-il auprès de RMC Sport. 

Le destin du club populaire fondé en 1897 paraît acté. Selon la communication du club, l’officialisation du rachat devrait intervenir dans les semaines à venir. Le prochain acte de protestation du Collectif Red Star Bauer pourrait bien avoir lieu le 29 avril avec la réception de Sedan. 

Kévin Gasser