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"On suspecte un aspect délétère sur le cerveau", signal d’alarme sur les dégâts des coups de têtes au football

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Dans le sillage de l’appel de Raphaël Varane pour interdire les têtes au football chez les enfants, des études ont montré l’impact délétère de ce geste sur le cerveau, comme l’explique un neurologue dans le choix de la rédaction du 5/7 Morning de RMC. Sur le terrain, des clubs commencent à interdire à leurs joueurs.

Jouer au football peut-il faire perdre la tête? Des études scientifiques mettent en avant un lien entre le jeu de tête et des dysfonctionnements du cerveau. Certains pays comme la Belgique ou le Royaume-Uni ont pris des mesures en conséquence, mais en France toujours rien malgré les recommandations de médecins et d'un ancien champion du monde, Raphaël Varane. Interrogé ce vendredi dans 5/7 Morning de RMC, le champion du monde 2018, retraité des terrains depuis septembre 2024, explique pourquoi il a été l’un des pionniers pour alerter sur les conséquences du jeu de tête sur la santé des joueurs. C'était il y a un an et demi.

Interdiction proposée chez les enfants de moins de 10 ou 12 ans

"Il n’y a eu aucun changement, pas de mise en place de nouvelles normes qui peuvent sécuriser le jeu de tête des enfants", confie l’ancien joueur du Real Madrid. "C’est assez révoltant de voir que ça avance aussi lentement." L’ancien défenseur sait de quoi il parle après avoir évolué à un poste où il a été particulièrement sollicité dans les duels aériens. Il estime avoir réalisé environ 25.000 têtes dans sa carrière et ces impacts à répétition ont eu des conséquences sur sa santé.

"Ça m’est déjà arrivé de faire une commotion suite à une répétition de têtes et cela a des répercussions sur la santé et les performances. Quand j’ai pris ma retraite, j’ai quand même passé des examens, un scan et heureusement aujourd’hui, je n’ai pas de séquelles, on verra à l’avenir."

Pour agir avant qu’il ne soit trop tard, l’ancien Lensois propose de limiter le nombre de têtes lors des entraînements et carrément de les interdire chez les enfants car leur cerveau est en plein développement et chaque impact a des conséquences négatives. Des pays ont déjà pris le sujet à bras-le-corps, comme en Grande-Bretagne où le jeu de tête est interdit chez les moins de 12 ans depuis cinq ans mais aussi en Belgique ou cela concerne les moins de 10 ans depuis le début de cette saison. Mais en France, rien. La FFF consulte pourtant régulièrement ses médecins référents à ce sujet comme le Dr. Jean-François Chermann.

Des clubs français interdisent déjà les têtes chez les enfants

"Ceux qui ont moins de douze ans, il faut plutôt faire des têtes sur des ballons peu gonflés ou en mousse, en tout cas lors des entraînements", préconise ce dernier. "Nous avons une suspicion que les têtes pourraient avoir un aspect délétère sur le cerveau lorsqu’elles sont réalisées des milliers de fois. Quand on réalise des imageries cérébrales, il pouvait y avoir des anomalies dans certaines structures du cerveau. Les joueurs ne s’en rendent même pas compte mais il y a des perturbations, il faut prendre en compte ce résultat."

Alors que la FFF évoque des "perturbations extrêmement fines", une étude de l'université de Glasgow publiée en 2019 sur d'anciens footballeurs écossais avait montré qu'ils avaient trois fois et demie plus de chances que la moyenne de développer une maladie neurodégénérative comme Alzheimer ou Parkinson. Cela concerne tous les postes sauf les gardiens... qui ne font jamais de têtes.

Si la FFF n’a encore pris aucune mesure, certains clubs français ont agi de leur côté en interdisant le jeu de tête pour les enfants, en Normandie, en Alsace, ou encore au Paris Alésia FC qui a fixé la limite à 14 ans. Cela peut frustrer certains jeunes joueurs comme Djibril, 10 ans. "J'aimerais faire des têtes parce qu'on a le crâne dur, on peut mettre la tête", assure-t-il. "Je vois mes idoles et je les recopie, ça ne me fait pas trop mal, je les travaille à la maison."

Mais Walid, son éducateur, veille au grain. "On ne travaille jamais la tête - normalement c’est contrôle-passe, dribbles - parce que ça peut créer des problèmes", explique-t-il. "Les ballons sont durs, vous pouvez être étourdis et le but du jeu, c’est de préserver votre santé pour que vous grandissiez de la meilleure des manières possibles. Les têtes, ça viendra quand vous grandirez."

NC avec Rachel Saadoddine