Pourquoi les footballeurs sont des cibles pour les arnaqueurs en tout genre

Mathieu Valbuena - AFP
Ils savent à peu près tous (même si parfois on en doute) viser le but. Mais ce sont aussi à l’inverse des cibles parfaites. On ne compte plus les footballeurs victimes d’histoires plus rocambolesques les unes que les autres. Charlatans mal intentionnés, opportunistes ou proches pas de bon conseil, la liste des arnaques tentées ou réussies sur des joueurs remplit des tiroirs de l’anti-banditisme. On peut citer, bien sûr, le chantage à la sextape, dont Mathieu Valbuena serait la dernière proie. Mais pas seulement.
Il y a l’usurpation d’identité avec des personnes se faisant passer pour le joueur lui-même ou un de ses proches afin de ne pas payer la note au restaurant ou à l’hôtel ou de réaliser une arnaque. Agent de Mathieu Valbuena, Jean-Pierre Bernès expliquait ainsi sur France Info conseiller à ses joueurs d'avoir deux signatures : une « fausse » pour les autographes, la « vraie » pour les contrats. Il y a aussi le vol de voiture ou le cambriolage de la maison lors d’un déplacement du joueur, à l’image de ce qui était arrivé à Pierre-Emerick Aubameyang à Saint-Etienne en 2013 ou plus récemment à Blaise Matuidi alors qu’il jouait contre Chelsea au Parc des Princes. Sans parler des innombrables cambriolages dont ont été victimes différents joueurs de l’OM depuis une quinzaine d’années.
Entourages trop gourmands
Il y a également les mauvais placements financiers dictés par des conseillers occultes qui souhaitent récupérer au passage une partie du magot. Il y a des intermédiaires véreux qui tentent de s’immiscer (et y arrivent parfois) dans les transferts. Il y a les pièges de la presse people. Il y a ces femmes enceintes qui viennent réclamer un test de paternité suite à un moment partagé à deux en soirée. Il y a des entourages parfois trop gourmands et capables de s’écharper pour le grisbi, à l’image d’une tante de Karim Benzema qui accusait en 2012 l’international français de ne pas vouloir aider sa grand-mère. Simple question d’argent avec des footballeurs qui passent pour des poules aux œufs d’or ? En partie.
« C’est d’abord, tout simplement l’argent qui fait que les footballeurs sont des cibles privilégiées », confirme Franck Hocquemiller, agent d’image de sportifs et d’artistes. On est dans un métier où tous les jours il y a quelqu'un pour vous vendre quelque chose. Une bagnole, une maison, une défiscalisation, un contrat pub. »
Des prédateurs aux dents longues
Dans un sport où l’argent coule à flot, facile d’imaginer pourquoi les footballeurs deviennent des cibles. Mais ce n’est pas la seule raison. Jeunesse, naïveté et manque de formation/éducation permettent de mieux les arnaquer que si l’on s’attaquait à un riche mais expérimenté patron d’industrie. « Ils ont tous fait des concessions sur le plan scolaire, sur l’apprentissage de la vie », explique Sidney Broutinovski, directeur de l’Ecole des Agents de Joueurs de Football (EAFJ).
« Les centres de formation n’ont pas les moyens humains et financiers pour former les joueurs à faire attention à leur image », poursuit Franck Hocquemiller. On doute que tous les agents et entraîneurs prennent ensuite le temps de le faire. De quoi laisser ces cibles presque démunies face à leurs prédateurs aux dents longues.