RMC Sport

Aston Villa, la D2 anglaise, des gros moyens... bonne ou mauvaise idée pour Thierry Henry?

-

- - AFP

Tout juste repris par de nouveaux propriétaires aux ambitions XXL, Aston Villa rêverait de faire de Thierry Henry son nouvel entraîneur. Les tabloïds anglais s’emballent même en faisant du Français le successeur de Steve Bruce. Mais le meilleur buteur de l’histoire des Bleus ne prend-il pas un risque trop important en y démarrant sa première aventure de manager?

Son annonce sur les réseaux sociaux concernant l’arrêt de ses activités de consultant (à prix d’or) pour Sky Sports avaient créer de l’émoi: qui pour accueillir Thierry Henry sur son banc? La légende d’Arsenal a visiblement pris goût au job d’entraîneur, en découvrant le métier en tant que deuxième adjoint de Roberto Martinez en sélection belge, et souhaite se consacrer pleinement à sa reconversion.

"Ces quatre dernières années, j’ai connu quelques expériences d’entraîneur extrêmement gratifiantes, écrivait-il la semaine dernière. Ces expériences n’ont fait que me rendre encore plus déterminé à l’idée d’assouvir mon ambition à long terme, celle de devenir manager de football. C’est avec tristesse, toutefois, que j’ai décidé de quitter Sky Sports pour me permettre de passer plus de temps sur le terrain et me concentrer sur cet objectif. Je voudrais remercier tout le monde à Sky pour m’avoir toujours fait sentir le bienvenu, m’avoir mis à l’aise durant cette période passée avec eux. Je leur souhaite le meilleur pour le futur."

-
- © AFP

De nouveaux propriétaires très ambitieux

Sauf qu’une seule piste semble pour l'heure se dégager pour le Français: elle mène à Aston Villa, pensionnaire de Championship depuis deux saisons et qui a manqué la montée il y a quelques semaines en chutant en finale d’accession face à Fulham. Le club vit actuellement une véritable révolution. En proie à des problèmes financiers importants, l'équipe est désormais passée aux mains du milliardaire égyptien Nassef Sawiris et de l’homme d’affaires américains Wes Edens, également copropriétaire des Bucks en NBA.

Les deux hommes veulent redonner du prestige à un club endormi. Et cela passe donc par une figure de proue. Plutôt qu’un joueur – ce qu’avait tenté Aston Villa l’an dernier en attirant un John Terry qui ne sera resté qu’une saison – le club aurait donc misé sur un entraîneur de renom… qui n’a pas encore entraîné ! Un peu à la façon de Frank Lampard, désormais à la tête de Derby County.

Il aurait été trop exposé à Arsenal

Est-ce le bon choix pour Thierry Henry qui, à coup sûr, ne devrait pas manquer de prétendants? Ce n’est pas un secret, le meilleur buteur de l’histoire des Gunners rêve d’Angleterre et ne se voit sans doute pas dans l’immédiat entraîner ailleurs, comme va le faire Patrick Vieira à Nice. Mais la Premier League semble toutefois difficile à viser pour lui: sans expérience, dans un championnat aussi exposé et avec de tels enjeux financiers et médiatiques, la tâche s’annonçait sans doute un peu trop rude pour un bizuth. La lutte pour le maintien a fracassé plus d’un manager.

A l’annonce du départ d’Arsène Wenger, son nom était inévitablement revenu dans les journaux. Mais au-delà de la relation tendue de Thierry Henry avec son ancien manager – le technicien alsacien lui avait demandé de choisir entre les jeunes d’Arsenal et son métier de consultant, ne manquant pas de critiquer les sorties de son ancien poulain par la suite – le pari était trop risqué.

Pour l’ancien attaquant d’abord, légende du club au point d’avoir sa statue devant l’Emirates et qui ne pouvait sans doute pas assumer de telles responsabilités d’entrée, sans expérience ni d’adjoint en club ni de manager d’une équipe première. Pour le club surtout, devenu loser raillé par la presse et toute l’Angleterre pour ses échecs successifs sur la scène européenne et ses résultats en berne en championnat (une modeste sixième place la saison dernière).

Petit: "Il peut faire des choses intéressantes mais c’est un novice"

En mars dernier, Emmanuel Petit confiait ses doutes quant à la possible nomination de Thierry Henry pour succéder à Arsène Wenger. "Si on me pose la question de savoir si Thierry Henry est le bon choix pour Arsenal, j’en suis moins sûr, expliquait dans Le Vestiaire son ancien coéquipier et consultant RMC Sport. Il peut faire des choses intéressantes mais je me dis que c’est un novice. Aujourd’hui, il est le deuxième adjoint de l’équipe belge. Quand je vois Patrick Vieira qui entraîne en MLS et appartient à Manchester City… Vu le contexte d’Arsenal, je ne suis pas certain qu’il ait ce qu’il faut pour Arsenal." Unai Emery aura la rude tâche de redorer le blason du club londonien.

La date de l'annonce médiatique de Thierry Henry – le 16 juillet – coïncidait certes avec la fin du Mondial en Russie et donc du parcours des Diables Rouges (stoppés en demi-finales par l’équipe de France). Mais elle fut sans doute trop tardive pour espérer qu’un gros club tente le pari Henry. Surtout en Angleterre. Car même si son officialisation a tardé, l’arrivée de Maurizio Sarri était bouclée depuis déjà plusieurs semaines, à quelques détails contractuels près. Tous les clubs de Premier League avaient donc leurs staffs…

Fait pour un gros club ?

"Il adore la Premier League, son état d’esprit, la compétition qui y règne, les très gros clubs, expliquait Robert Pirès il y a quelques jours, en marge d’un événement organisé par les légendes d’Arsenal. Je ne sais pas si un président lui en donnera la possibilité. Mais il sera un bon manager. Il a fait du bon travail avec Roberto Martinez pendant le Mondial. Si vous demandez aux joueurs, surtout à Lukaku, ils vous diront qu’ils ont appris de lui chaque jour."

Dingue de football et boulimique de matchs, fou de tactique, exigeant techniquement, Thierry Henry passera peut-être son premier grand test. Risqué? Le Championship est un championnat très rude, où la compétition est peut-être même plus intense qu’en Premier League. Et pour un club comme Aston Villa, qui semble en prime déterminé à investir, le maintien ne sera pas suffisant: il faut la montée. Elle pourrait devoir se faire sans la star de l’équipe Jack Grealish, proche d’un départ à Tottenham. Mais le Français aura l’avantage d’évoluer avec un peu plus de tranquillité qu’il ne le ferait en Premier League.

Des investissements à venir ?

"Notre objectif est d’amener un succès conséquent au sein du club, de construire sur sa riche histoire en respectant la loyauté de ses fans et cette unique culture", expliquait les nouveaux investisseurs dans un communiqué vendredi dernier. D’après la BBC, la dette épongée, les deux hommes pourraient investir de façon importante, en vue du mercato mais aussi des infrastructures. Le board, s’il décide de nommer Thierry Henry, devra trouver un terrain d’entente pour le départ de l’expérimenté Steve Bruce. En attendant, la deuxième division prend de plus en plus d’allure côté bancs: Marcelo Bielsa à Leeds, Frank Lampard à Derby County, le très prometteur Graham Potter à Swansea… et donc bientôt Thierry Henry à Aston Villa?

A.Bouchery