Chelsea: que vaut Rüdiger, le défenseur le plus prisé du mercato?

Qui aurait cru, il y a un an et demi, qu'il ferait partie des joueurs les plus convoités du prochain mercato estival? En fin de contrat au mois de juin à Chelsea, où il est devenu titulaire indiscutable, Antonio Rüdiger est constamment annoncé dans les meilleurs clubs d'Europe par la presse étrangère. Le Real Madrid, le Bayern Munich, Manchester City... Les prétendants se bousculeraient. Pour l'heure, sa priorité est de prolonger, mais le club champion d'Europe ne lui a pas encore fait d'offre formelle, bien qu'une revalorisation de 40% ait été évoquée. À l'heure actuelle, il ne fait pas partie du top 10 des salaires de Stamford Bridge.
Comme l'a rapporté RMC Sport, le Paris Saint-Germain surveille la situation. Logique: à 28 ans, l'international allemand (49 sélections) joue le meilleur football de sa carrière, au point d'être devenu l'une des références à ce poste. Or, en octobre 2020, quand il jouait encore sous les ordres de Frank Lampard, son nom n'inspirait que peu de compliments. "S'il y a bien un joueur que je ne prendrai jamais, c'est Rüdiger", pouvait-on entendre alors dans l'After Foot. Mais ses capacités athlétiques (1m90) et sa robustesse, conjuguées à son entente avec son compatriote et entraîneur Thomas Tuchel, lui permettent aujourd'hui de s'exprimer pleinement dans le système à trois défenseurs centraux des Blues.
Devant Ruben Dias sur plusieurs indicateurs
Que disent les chiffres? Avec Lampard, Rüdiger n'avait eu droit qu'à quatre apparitions en championnat entre septembre 2020 et janvier 2021. Chelsea concédait 1,4 but par match. Il a eu droit à 15 titularisations sur les 19 possibles ensuite avec Thomas Tuchel, ce qui a fait de lui le deuxième joueur le plus utilisé sur le premier semestre de l'année (devant Édouard Mendy). L'équipe est alors passée à 0,4 but encaissé par match. Ce qui justifie qu'il n'ait été laissé de côté que deux fois cette saison en Premier League et en coupe d'Europe.
Les chiffres montrent aussi que Rüdiger rivalise avec les références du championnat depuis qu'il est sous les ordres de Tuchel. Il gagne un peu moins de duels que Virgil van Dijk (70,1% contre 62,2%), mais c'est autant que Harry Maguire (64,3%) et bien plus que Ruben Dias (49,5%). Ce dernier est dominé dans la plupart des indicateurs par l'Allemand, en particulier sur le nombre de pressings par match (6 contre 7,9). En revanche, le Portugais est bien meilleur balle au pied (8,6 ballons portés par 90 minutes contre 5,5). Sur le pourcentage de tacles réussis, Rüdiger (71,4%) domine Dias (61,3%) et Maguire (60,7%), mais Van Dijk est encore au-dessus (75,0%).
"J'ai toujours été le même Toni"
Ces statistiques sont tout à fait satisfaisantes, sans pour autant être exceptionnelles. Elles montrent aussi que le joueur marque surtout les esprits par son leadership. "Je suis tout à fait sûr que Toni sent à quel point il est respecté et le rôle important qu'il joue dans ce club", a dernièrement insisté son coach en conférence de presse. "Les supporters l'adorent, parce qu'il fait en sorte qu'il se passe des choses. Il prend les choses en main, il peut envoyer un ballon au loin pour créer des choses et il est agressif en défense", a salué l'ancien défenseur international anglais Martin Keown, gloire d'Arsenal.
"Beaucoup de gens ne me connaissent pas. Mais j'ai toujours été ainsi. C'est juste que les choses se passent bien. J'ai toujours été le même Toni", a affirmé l'intéressé en octobre, dans un entretien accordé à The Guardian. "Tuchel m'a donné une nouvelle vie, a-t-il aussi déclaré dans cette interview. Il ne m'a pas dit: 'Tu dois être la plus grande gueule du vestiaire'. Je ne suis pas comme ça. J'aime montrer tout ce que j'ai sur le terrain. Il m'a dit ce qu'il attendait de moi: mon jeu naturel, de l'agressivité, mon leadership".
Trop agressif?
Cette agressivité est sans doute ce qui déplaît à ses détracteurs. Les supporters de Manchester City se souviennent encore de sa lourde charge contre Kevin De Bruyne en finale de la Ligue des champions. Le meneur de jeu belge avait été victime de fractures de l'os du nez et de l'orbite gauche. "Ce n'était pas intentionnel", s'était excusé le fautif aux allures de guerrier depuis qu'il doit porter un masque à la suite d'un choc à la mâchoire.
Sa réputation a pris aussi un coup auprès des Français. En 2018, face aux Bleus en Ligue des nations, il s'était essuyé les crampons sur le cou de Benjamin Pavard. À l'Euro 2021, il s'était permis de mordre Paul Pogba dans le dos. Un excès d'engagement qu'il a aussi été capable de reproduire comme une marque d'affection à l'égard de son coéquipier Reece James.
Sans signature de nouveau contrat d'ici fin décembre, Antonio Rüdiger pourra s'engager où il le souhaite à partir du 1er janvier en vue de la saison prochaine. Gare toutefois au risque que les négociations empiètent sur le terrain. Car malgré tout, Tuchel l'a prévenu: "Personne n'est plus grand que le club".