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Guerre en Ukraine: ce qui va changer à Chelsea avec la mise en retrait d'Abramovitch

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Rattrapé par ses liens étroits avec le Kremlin depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Roman Abramovitch a été contraint de lâcher - au moins provisoirement - la gestion de Chelsea, alors que le gouvernement britannique envisage de sanctionner davantage d'oligarques.

Il y a mieux comme préparation avant un grand rendez-vous. Opposé ce dimanche à Liverpool en finale de la Coupe de la Ligue (17h30), avec l’objectif affiché de remporter un deuxième trophée cette saison après la Coupe du monde des clubs, Chelsea vit des jours agités. Son propriétaire Roman Abramovitch a expliqué samedi avoir confié la gestion du club aux administrateurs de la fondation caritative des Blues. Une annonce survenue au moment où l'étau se resserre sur les oligarques et les intérêts russes depuis l'invasion de l'Ukraine. "J'ai toujours pris des décisions en ayant à cœur le meilleur intérêt du club. Je reste attaché à ces valeurs. C'est pourquoi je confie aux administrateurs de la fondation caritative de Chelsea la gestion du Chelsea FC. Je pense qu'ils sont actuellement les mieux placés pour veiller aux intérêts du club, des joueurs, du personnel et des supporters", a fait savoir Abramovitch, aux commandes de Chelsea depuis 2003 et réputé pour être proche de Vladimir Poutine.

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Au lendemain de cette annonce, les Blues ont publié un nouveau communiqué. Ou plutôt deux lignes au sujet de la guerre en Ukraine : "La situation en Ukraine est horrible et dévastatrice. Les pensées du Chelsea FC vont à tout le monde en Ukraine. Tout le monde au club prie pour la paix." Derrière cette communication, la volonté de Chelsea est assez claire : tenter de protéger le club de l’extérieur et de tout ce qui se dit au sujet des rapports entre Abramovitch et Poutine. Difficile de ne pas y voir un feu de paille, une tentative pas vraiment réussie de faire diversion. Car le club se sait sous pression. Dès jeudi, le député travailliste Chris Bryant a demandé à la Chambre des communes qu'une partie des biens d’Abramovitch soient saisis, que son visa soit révoqué pour l'interdire de territoire, mais aussi que lui soit retiré son club de football. Pour l’heure, le milliardaire échappe aux foudres de Londres, qui a déjà gelé les avoirs de Vladimir Poutine et de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Granovskaïa reste aux commandes

Mais le gouvernement britannique a prévenu qu'il prévoyait de sanctionner davantage certains oligarques réputés très proches du Kremlin, alimentant les rumeurs sur l'ajout d'Abramovitch, qui possède aussi les nationalités israélienne et portugaise, à la liste des sanctionnés. La députée libérale-démocrate Layla Moran l'a clairement désigné comme étant l'un des 35 "hommes-clés" de Poutine qui devraient être sanctionnés. De leur côté, les groupes de supporters des Blues (Chelsea Supporters' Trust) attendent des éclaircissements sur la situation actuelle. "Nous prenons note de la déclaration de M. Abramovitch et cherchons à obtenir une clarification urgente sur ce que cette déclaration signifie pour la gestion de Chelsea. Le conseil d'administration du CST est prêt à travailler avec les administrateurs de la Fondation Chelsea afin de garantir les intérêts à long terme du club et des supporters. Nous sommes aux côtés du peuple ukrainien", ont-ils déclaré dans un communiqué.

Dans les faits, rien ne va changer pour la gestion quotidienne du club. Installée au poste de directrice générale depuis 2013, la Russe Marina Granovskaïa, très proche d’Abramovitch mais sans lien avec Poutine, reste la capitaine du navire. Considérée comme la femme la plus puissante du football mondial, c’est elle qui gère le club d’une main de fer. Avec désormais à ses côtés les administrateurs de la fondation caritative, notamment l’Américain Bruce Buck, président du club, Emma Hayes, l’entraîneure des féminines, et Sebastien Coe, le président de World Athletics (Fédération internationale d'athlétisme). Abramovitch, lui, reste le propriétaire. Et en ce sens, Chelsea craint que des sanctions soient prises contre lui - par exemple le gel de ses comptes - voire contre le club. Ce qui explique la communication de ces derniers jours et la mise en retrait de l’homme d’affaires de 55 ans.

En parallèle, des bruits circulent dans les cercles financiers londoniens : de gros investisseurs pourraient préparer des offres pour tester le marché et voir si Abramovitch peut être vendeur dans le contexte actuel. Officiellement, lui n’a pas prévu de céder la main et le club n'est pas à vendre. A voir ce qu’il en est si des offres de 1,5 ou 2 milliards se présentent sur la table.

Rodolphe Ryo avec Julien Laurens