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Les divisions inférieures en danger, un risque de faillite du foot anglais?

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Alors qu’une récente étude économique a montré que les clubs de Premier League pourraient perdre plus de 1 milliard d’euros en cas d’annulation de la saison, les équipes et les ligues des divisions inférieures sont bien plus inquiètes et alertent d’une probable faillite généralisée.

Pour Greg Clarke, président de la Football Association, la fédération anglaise, "de nombreux clubs risquent de disparaître purement et simplement, sans aucune chance de résurrection". Interrogé par la BBC, ce dernier pointe les défaillances économiques et comptables depuis trop longtemps accumulées outre-Manche.

Alors que la Premier League s’affiche comme le championnat le plus riche du monde, avec des chiffres d’affaires colossaux et des salaires mirobolants, les ligues de second rang, en deuxième, troisième et quatrième division, ne présentent pas de bilans similaires.

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Littéralement, surenchérit Clarke, à cause du coronavirus, "l’Angleterre pourrait perdre des clubs et des ligues à cause de l'effondrement des finances. […] Nous avons 68 clubs dans nos trois divisions et nous voulons nous assurer que lorsque nous en sortirons, il en restera 68. Mais cela va être difficile et serré".

Des comptes en déséquilibre permanent, une comptabilité catastrophique

En effet, les comptes d’exploitation et les soldes nets ne sont pas vraiment les mêmes entre la première division et le reste du football professionnel. En Premier League, le ratio masse salariale / revenus est de 60% en moyenne contre 111% en Championship, 16 clubs sur les 20 de la première division affichent des résultats excédentaires contre une minorité dans les échelons inférieures.

Par exemple, Leeds présente une perte cumulée de 24 millions d’euros sur la saison 2018-2019, le club investit énormément, avec l’espoir d’intégrer la lucrative Premier League, sans en avoir aucune certitude au final.

Or, si toutes les recettes s’arrêtent, billetterie, droits TV et sponsoring, ce sont ces plus petits clubs qui souffrent le plus et qui subissent de plein fouet les effets du covid-19. Ils n’ont pas les garanties nécessaires pour assurer leur solvabilité financière et ils conservent une très forte dépense des revenus d’exploitation.

Un risque de faillite qui a été observé par le passé

Selon Mark Bullingham, directeur général de la FA, l'impact financier des reports, dans les ligues inférieures, pourrait atteindre 150 millions de livres (170 millions d’euros).

Sans match, sans activité, aucune source de revenus, la probabilité de faire faillite augmente. Et ce phénomène a malheureusement déjà été observé. Au début des années 2000, les droits TV de la deuxième, troisième et quatrième division sont cédés au groupe ITV Digital pour 315 millions de livres (290 millions d'euros). Une chaîne est lancée en grande pompe et les clubs voient leur gains augmenter considérablement, ils signent de nouveaux contrats et augmentent les salaires de leurs joueurs. Seulement, la chaîne fait un flop et le groupe est incapable de respecter son contrat avec la FA.

Au bout d’un an, il est renégocié à la baisse et est réduit de 58%, à 130 millions de livres (120 millions d'euros). Mais cela ne fonctionne pas et, en 2002, ITV Digital est placé en redressement judiciaire. L’accord avec les ligues est rompu et les clubs se retrouvent sans rien. En l’espace d’une saison, 10 équipes font faillites, dont Barnsley ou Bradford City, soit 15% du total.

Ce phénomène pourrait donc de nouveau apparaître, selon les dirigeants du football britannique, et l’inquiétude est très grande. Les clubs aux échelons inférieurs restent fragiles, ils risqueraient, à plus ou moins long terme, de ne pas être capables de stabiliser leurs dépenses et leurs recettes. Ils risqueraient tout simplement de disparaître.

Pierre Rondeau