RMC Sport

Manchester City: pour Benjamin Mendy, fini de rire

placeholder video
Trois ans et demi après son arrivée à Manchester City, Benjamin Mendy (26 ans) n'a toujours pas réussi à s'installer durablement dans le couloir gauche des Skyblues, à cause de nombreuses blessures et d'une certaine irrégularité. Si le champion du monde 2018 n'enchaine pas très vite les bonnes performances, sa situation pourrait se compliquer.

Kyle Walker ayant été testé positif au Covid-19, Pep Guardiola devrait théoriquement aligner Joao Cancelo dans le couloir droit de Manchester City, ce lundi soir à Everton pour le choc de la 16e journée de Premier League (21h, RMC Sport 1). Ce qui veut dire qu'à gauche, Benjamin Mendy a de bonnes chances d'être titularisé. Et la chose n'est pas si fréquente que ça...

Malgré des prestations encourageantes en septembre, puis fin novembre, avec un tout premier but contre Burnley, le défenseur français de 26 ans a soudainement retrouvé le banc. Sur les quatre derniers matchs de City en championnat, Mendy n'a joué que contre West Brom le 15 décembre, loupant les affiches contre Manchester United, Southampton et Newcastle. Bref, son automne a été à l'image de son parcours en Angleterre: fait de promesses... et de déceptions.

>>> Abonnez-vous à RMC Sport et profitez de la Premier League

31% de matchs disputés depuis son arrivée

Depuis son transfert de Monaco à Manchester City à l'été 2017 contre la coquette somme de 57 millions d'euros, l'ancien Marseillais n'a fait que 62 apparitions avec les Skyblues, qui ont disputé sur la même période 200 matchs officiels. Autrement dit, Mendy n'a joué que 31% des matchs de City en trois ans et demi. C'est peu, trop peu, pour s'installer, et cela s'explique en grande partie par les blessures.

Victime d'une rupture des ligaments croisés du genou droit en septembre 2017, puis opéré du genou gauche - "l'autre était jaloux" s'amusait-il alors - à l'automne 2018 avant d'être freiné par de multiples rechutes et problèmes musculaires (dernièrement en octobre), le champion du monde tricolore a malheureusement passé plus de temps à l'infirmerie que sur les terrains en trois saisons.

"Avec Benjamin, il faut toujours attendre"

Dans un premier temps, cela n'a pas forcément entamé son "statut". Gardant le sourire dans l'adversité, amusant la galerie avec ses histoires de "Shark Team", Mendy s'était rapidement fait une place dans le coeur des supporters citizens. Même Pep Guardiola s'était montré séduit par sa bonne humeur communicative. "En général, les joueurs blessés sont tristes, ils vivent et s’entrainent à part. Ils se sentent seuls. Mais pas Mendy, saluait le Catalan en octobre 2017. Il est très présent sur les réseaux sociaux, il envoie plein de messages à ses coéquipiers, et à moi aussi. On est en contact permanent. J’espère qu’il va vite revenir. Il est très important pour nous, sur ou en dehors du terrain. Benjamin met une super ambiance dans le vestiaire."

Et puis le temps est passé, l'irrégularité de Mendy (quand il n'était pas blessé) a été pointée, et l'ancien entraîneur du Barça, pas vraiment fan de tout ce qui touche à l'incertain, a logiquement fini par perdre patience. En témoigne sa dernière sortie fin novembre, après le but du Tricolore contre Burnley. "Benjamin Mendy est très important pour nous, lançait d'abord Guardiola. Il est en forme. Mais marquer un but est la dernière chose que j'attends de lui. Je veux d'abord le voir bien défendre et être concentré. C'est ce que nous voulons tous pour lui. Sur ses derniers matchs, il a été très bon. Mais il faut attendre."

Et le coach de poursuivre sur un registre prudent: "Avec Benjamin, il faut toujours attendre. Tout dépend de lui, comme pour John Stones. Tout dépend de lui, pas du manager, mais de sa façon de s'entraîner à fond jour après jour. Il doit être concentré et si en plus, il marque un but, c'est bien. Mais c'est la dernière chose que je lui demande." Depuis, Mendy n'a donc joué que deux matchs de Premier League sur cinq, voyant le droitier Cancelo lui passer devant.

Un nouveau concurrent dans les pattes?

A deux ans et demi de la fin de son contrat, le Français se retrouve à un moment clé de sa carrière: soit il parvient enfin à enchaîner les matchs, et surtout les bons matchs, soit sa situation risque de se compliquer un peu plus, avec l'arrivée éventuelle d'un nouveau concurrent.

Début octobre, le directeur des opérations du City Football Group Omer Berrada saluait le retour de l'ex-Monégasque ("Nous espérons qu'il fasse une saison sans blessure pour montrer son potentiel") et affirmait publiquement que Manchester City était "très bien pourvu" au poste de latéral gauche. La vérité est autre: depuis plusieurs saisons, Guardiola doit surtout bricoler en l'absence de Mendy, en alignant sur son côté un milieu de formation (Oleksandr Zinchenko), des centraux (Nathan Ake, voire Aymeric Laporte qui reste une option), et donc dernièrement un latéral droit (Joao Cancelo).

Dans son malheur, Mendy a donc eu la "chance" de ne voir personne prendre la place de numéro 1 sur la durée. Mais cela pourrait changer, puisque The Athletic indiquait il y a quelques jours seulement que City prospectait sur le marché des latéraux gauche en vue du mercato hivernal, et évoquait des contacts avec Nicolas Tagliafico (28 ans), le défenseur de l'Ajax.

En sélection, le ciel n'est plus si bleu

Si la concurrence permet dans certains cas aux joueurs de se réveiller, voire de se sublimer, une signature de l'Argentin ne serait sur le papier pas une très bonne nouvelle pour Benjamin Mendy. En ce qui concerne son temps de jeu à City, et par extension son avenir en équipe de France.

Appelé presque miraculeusement pour la Coupe du monde 2018, où il n'a finalement joué que 40 minutes contre le Danemark lors du troisième match de poule, le latéral n'est apparu depuis que deux fois avec le maillot bleu: contre les Pays-Bas en septembre suivant, puis contre l'Albanie en novembre 2019, pour la dernière de ses dix sélections. Et d'autres en ont profité pour le doubler dans la hiérarchie: Lucas Hernandez, mais aussi Lucas Digne, très solide à Everton, voire Ferland Mendy. Aujourd'hui, Benjamin Mendy n'est probablement qu'un troisième ou quatrième choix dans l'esprit de Didier Deschamps. Autant dire que l'Euro est loin...

Clément Chaillou