Manchester United: C'est de bonne guerre, la presse anglaise se paye Mourinho

Le ton est aussi cinglant que celui qu’adoptait José Mourinho envers les journalistes. Pas de pitié et surtout plus d’excuses pour ce Manchester United qui ennuie tout le monde et vient de tomber sans gloire à Brighton (3-2), lors de la deuxième journée de Premier League. "Mourinho n’a pas de défense pour son United incompétent", titre ce lundi matin la rubrique sports du Daily Telegraph, jouant sur la polyphonie du terme pour mettre en avance les errances de l’arrière-garde des Red Devils face aux Seagulls.
Des défenseurs "terrifiés par la terreur de 34 ans Glenn Murray"
Des contre-performances individuelles – à l’image de la prestation indigente d’Eric Bailly – mais pour lesquelles le manager ne peut se défausser. "Après l’humiliation de dimanche après-midi, il devient dur de dire qui devrait le plus se sentir gêné au club, écrit le journaliste Sam Dean. Est-ce Victor Lindelof et Eric Bailly, la charnière centrale qui a contribué à produire l’une des pires performances défensives de United ces dernières années? Ou José Mourinho, le manager qui a passé l’été à répéter à ses défenseurs qu’ils n’étaient pas suffisamment bons et qui les a ensuite vus terrifiés par la terreur de 34 ans Glenn Murray?" Une bonne claque de bon matin, ça réveille.
"Il avait peut-être envie de brailler la même chose"
Mauvais choix de recrutement, mauvais choix de joueurs sur le terrain, mauvais choix de tactique et de jeu mis en place… The Special One s’est transformé en "Boring One" au mieux, en "Loser One" au pire. "En mai (face à Brighton, déjà une défaite 1-0 ndlr), il avait une excuse, écrit Sam Doyle dans son édito pour The Guardian ce lundi. Mourinho n’avait pas mis en place son équipe la plus compétitive, pour essayer de donner une chance à certains de ses joueurs avant la finale de FA Cup. Ils ne l’avaient pas saisie. ‘Certains ne sont pas aussi bons qu’ils le pensent’, avait-il dit après le match, reconnaissant son propre échec pour ne pas ‘avoir réussi à les convaincre que les points à prendre étaient importants’. Il avait peut-être envie de brailler la même chose après cette défaite mais a préféré dire qu’il ne pouvait révéler ses vraies pensées."
La donne a changé. José Mourinho n’a jamais fait l’unanimité ni emporté l’adhésion par le jeu pratiqué par ses équipes, mais "personne ne pouvait se moquer de ses décisions, même si les gens n’admiraient pas sa vision", résume Sam Doyle. Parce que les résultats étaient là. Ils ne le sont plus et The Special One ne semble plus spécial que grâce à (ou plutôt à cause) ses petites phrases sur l’arbitrage ou les médias. Cela n’excuse pas les faillites individuelles mais s’y additionne, pour une note devenue salée pour un club d’une telle aura.
"Quand vous commencez à vous fâcher avec deux ou trois top joueurs..."
"José Mourinho est dans une situation précaire, estime aujourd’hui l’ancien international écossais Graeme Souness sur Sky Sports. Il avait fini par se brouiller avec les joueurs de Chelsea et cela lui avait coûté son poste. Un manager doit pousser ses joueurs jusqu’au point de frôler la brouille avec eux mais sans basculer. Car quand vous commencez à vous fâcher avec deux ou trois top joueurs de l’effectif, cela se transforme rapidement en six ou sept joueurs puis en 12 ou 13. Et d’un seul coup, ce vieux poncif du ‘il a perdu son vestiaire’ réapparaît dans la presse. La situation actuelle est précaire si c’est tout ce que les joueurs peuvent montrer sur le terrain."
Brouille avec Paul Pogba, avec Anthony Martial, avec les journalistes, avec la terre entière. La presse en a marre, les supporters sont lassés et n’ont même plus la force de tenter de défendre leur entraîneur, rêvant à leur gloire d’antan… et au bonheur des fans des Cityzens. Le choc face à Tottenham lundi prochain (21h sur RMC Sport) pourrait, en cas de crash complet, sonner le glas de la guéguerre entre la presse et Mourinho… sur une défaite du Portugais.