Tottenham: pourquoi Conte menace de s'en aller

"Il va falloir faire une évaluation. Une évaluation au sujet du club, à mon sujet. Parce que pour moi, c'est très frustrant". Antonio Conte a semé le trouble parmi les supporters des Spurs, mercredi soir. Après la défaite 1-0 de Tottenham à Burnley, la quatrième en cinq matchs, l'entraîneur italien a laissé entendre qu'il pourrait prochainement quitter ce poste qu'il a rejoint en novembre dernier. Malgré deux matchs de retard, l'équipe londonienne est seulement huitième avec 39 points en 24 matchs. Manchester United, quatrième et dernier qualifié virtuel pour la Ligue des champions, compte sept points d'avance.
"Il faudra qu'on parle ensemble avec le club pour voir quelle est la meilleure solution, a insisté le coach. Les joueurs sont les mêmes, le club change l'entraîneur, mais les joueurs sont les mêmes et les résultats ne changent pas. Je suis trop honnête pour accepter ce type de situation et donc il faudra qu'on réévalue tout ça avec le club. On ne peut pas continuer à perdre, je ne peux pas l'accepter et ce n'est bon pour personne."
Ces déclarations ciblent à la fois les joueurs et la direction. Cette frustration peut se comprendre. Avant Tottenham, Antonio Conte a dirigé la Juventus, Chelsea et l'Inter, trois effectifs de top niveau européen, qui lui ont permis de décrocher des titres nationaux. À chaque fois, le technicien italien a toujours été très exigeant sur le mercato. Il n'a jamais manqué de le faire savoir. Après avoir échoué à faire revenir Romelu Lukaku à Chelsea entre 2016 et 2018, il avait obtenu gain de cause à l'Inter.
Compte tenu de son palmarès, les demandes sur le mercato paraissent légitimes. Pour appliquer son système à trois défenseurs centraux et son style de jeu, Conte a besoin de profils bien particuliers, notamment des joueurs qui débordent d'activité. Cela nécessite aussi un effectif fourni en volume, pour mieux gérer la fatigue.
Les recrues ne sont pas au niveau
Mais à Tottenham, les forces en présence sont insuffisantes. Depuis 2018, l'équipe est clairement sur le déclin et ne cesse de s'éloigner du podium. Mauricio Pochettino, José Mourinho, Nuno Espirito Santo... Ils ont touché échoué à inverser la tendance. Les choix en matière de mercato n'ont pas aidé. Aucune recrue récente n'a semblé apporter une réelle plus value qualitative. Les arrivées les plus onéreuses de ces dernières années, Tanguy Ndombele (60 millions d'euros) et Giovani Lo Celso (40 millions d'euros), n'ont jamais totalement convaincu et les joueurs sont partis en prêt cet hiver.
Rigide dans son approche tactique, Conte n'a finalement pas les moyens de mettre en oeuvre ses idées. "Quatre joueurs sont partis en janvier. Quatre joueurs importants pour Tottenham, deux sont arrivés. Donc même numériquement, au lieu de se renforcer, on s'est affaiblis sur le papier", a-t-il publiquement déploré, après la fin du dernier mercato.
Les deux nouveaux joueurs, Rodrigo Bentancur (24 ans) et Dejan Kulusevski (21 ans) ,ne sont pas des joueurs confirmés au plus haut niveau. Ce que n'a pas manqué de souligner le manager: "Tottenham recherche des jeunes qu'ils peuvent développer et faire grandir, et non des joueurs prêts". Or, tous deux ont été alignés face à Burnley. Le onze de départ de ce match montre d'autres carences, sur les côtés (Ryan Sessegnon et Emerson Royal) et en défense (Ben Davies dans l'axe).
Avec seulement Hugo Lloris, Heung-Min Son et Harry Kane comme joueurs de classe internationale, Antonio Conte se sent dans une impasse. Sa sortie médiatique est un coup de pression pour les joueurs, mais aussi pour le président Daniel Levy, qui sait qu'il devra répondre aux attentes de son coach s'il souhaite le conserver. Car l'Italien de 52 ans a montré qu'il n'avait aucun problème à quitter ses fonctions en cas d'insatisfaction. Après tout, il est parti de l'Inter avec la Serie A en poche.