"Projets Mbappé" dans le foot amateur: quelles solutions face aux excès des parents?

Le sujet est épineux. Difficile de contrôler des parents et d’avoir une influence sur des personnes qui sont en dehors du champ fédéral. C’est pourtant la mission des différents présidents de ligues bien décidés à agir pour contrer ces agressions qui se répètent. "On ne peut que faire de la pédagogie, détaille Eric Borghini, président de la ligue Méditerranée de football et membre du comité exécutif. Encourager les parents à s'approprier le projet club, discuter avec les éducateurs et dirigeants. C’est important que l'enfant s'épanouisse."
À la ligue Méditerranée, le "permis de conduire une équipe de jeunes", mis en place par Bruno Bini il y a une dizaine d’années, permet d'avoir un contrôle sur le comportement des bancs de touche. "En ligue ou en district, les deux capitaines et l'arbitre notaient, de un à dix, l'attitude du coach sur le banc. En dessous de cinq, l'entraîneur perdait un point sur son permis." Les parents pourraient faire perdre des points à leur club si leur comportement n’est pas irréprochable.
Des rencontres entre tous les acteurs des clubs et en incluant les parents en début de saison sont aussi envisagées. "Il y a des formations de quatre heutres sur la gestion des conflits pour délégués, arbitres et dirigeants, poursuit Borghini. On ne peut pas donner accès aux parents à ces formations vu qu’ils ne sont pas licenciés mais on peut essayer de mettre en place la valorisation des bons comportements avec eux."
Les présidents de clubs convoqués
Le président de la ligue Paris Île-de-France est confronté au même problème. "Le travail que font les clubs amateurs aujourd’hui est exceptionnel, souffle Jamel Sandjak dans l’After Foot. Ils ne sont pas soutenus à la hauteur des missions qu’on leur a confiées. Avant, on allait à l’entraînement, on jouait au foot et on repartait. Aujourd’hui les clubs font de l’aide aux devoirs, s’occupent des adolescents, ont une relation avec les familles. Il faut continuer à se battre, il ne faut pas baisser les bras. Le mal n’est pas plus profond, il est plus large."
Sandjak a convoqué les présidents de clubs à une réunion après les vacances de Noël afin de travailler sur les outils à mettre en place pour endiguer ces nouveaux phénomènes. "Priver les jeunes d’entraînement, ce n’est pas une solution, poursuit-il. En priver les parents, c’est dommage. Pour une personne, tout le monde se retrouve pénalisé."
Les clubs encouragés à porter plainte
La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra reste optimiste et met en avant les ambassadeurs actuels du sport français, Kylian Mbappé, Victor Wembanyama, Léon Marchand, Warren Zaïre-Emery ou encore Antoine Dupont. "Je suis en soutien total des clubs et des éducateurs qui disent aujourd’hui non, tapent du poing sur la table et restaurent leur autoritéé, a-t-elle déclaré dans l’After Foot.
éIls sont exemplaires sur le plan humain avec cette logique d’éducation, a-t-elle poursuivi. Si on laisse le truc être gangréné à la racine, c’est terminé. Les vrais grands champions ont tous la même caractéristique, la capacité de jugement et d’autonomie. Pour acquérir et développer ça et se gérer de manière optimale, il faut être entouré des bonnes valeurs, penser qu’avant les résultats il y a un chemin de construction qui doit être respecté et pris pas à pas."
Les instances encouragent les clubs et éducateurs à porter plainte pour dénoncer un maximum de comportements inappropriés. "Le stade de foot n'est pas une zone de non droit, termine Eric Borghini. Il est encadré par les lois de la République. L'état peut intervenir pour assurer la tranquillité publique. Si les clubs portent plainte, la Fédération sera partie civile à leur côté."