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Kelvin Amian (Spezia): "Les séances d’entraînement sont plus longues et plus intenses en Italie"

Kelvin Amian à San Siro en janvier 2022 avec La Spezia

Kelvin Amian à San Siro en janvier 2022 avec La Spezia - ICON Sport

Le défenseur Kelvin Amian a quitté Toulouse l’été dernier pour le club transalpin situé à La Spezia, en Ligurie, aux portes des Cinque Terre. Pas venu pour jouer au touriste, le Français de 23 ans est titulaire dans cette équipe entraînée par Thiago Motta. Pour RMC Sport, il fait le bilan de ses six premiers mois en Italie.

Quelle était la meilleure équipe de Serie A sur les cinq dernières rencontres avant la journée de ce week-end? Ce n’était ni Naples, ni Milan, ni la Juve. Derrière le leader intériste, Spezia vient de vivre un mois presque parfait, débouchant sur quatre victoires et un titre de meilleur entraîneur du mois de janvier 2022 décerné à son entraîneur, Thiago Motta. Pour sa deuxième saison en Serie A, le club a dû digérer le départ de son ancien entraîneur, Vincenzo Italiano (aujourd’hui à la Fiorentina, ndlr) au coeur de l’été. Racheté il y a tout juste un an par l’investisseur américain Robert Platek, le club a connu un début de saison compliqué, avant de commencer 2022 en trombe.

Au sein de cette équipe, Kelvin Amian continue sa progression. Arrivé il y a six mois, il est titulaire et utilisé indifféremment comme latéral droit, dans une défense à quatre ou défenseur central axe droit, dans une défense à trois. Une polyvalence appréciée dans un championnat où l’aspect tactique reste très développé.

Qu’êtes-vous venu chercher en Italie en prenant la décision de quitter Toulouse?

Je voulais quitter le TFC pour un nouveau challenge et je me voyais aller à l’étranger. Je voulais sortir de ma zone de confort, sortir de mon pays. Je voulais m’ouvrir vers un autre championnat et découvrir une nouvelle culture. Et j’ai eu cette opportunité ici. L’Italie est un pays de foot, ici tout le monde aime le foot. Ça compte.

Même si les choses évoluent et que cette image est un peu exagérée désormais, est-ce que la réputation du championnat italien dans la progression des défenseurs vous a aussi motivé à venir? Après tout, c’est une bonne école pour parfaire ses qualités de défenseur…

Quand je suis arrivé ici, j’ai compris que cette réputation était vraie. Ça compte évidemment dans mon parcours de défenseur. J’ai progressé sur mon attention et ma concentration en match, sur mon placement et même niveau physique encore.

Quand on parle aux joueurs de Ligue 1 qui viennent en Italie, tous disent: "Les entraînements sont plus durs, sont plus longs, on passe plus de temps au centre d’entraînement, on sent qu’en Italie il y a l’attention sur le moindre détail." Avez-vous senti ça à votre arrivée ?

C’est vrai qu’à La Spezia, les séances d’entraînement sont plus longues qu’en France et elles sont plus intenses. Je ne parle pas forcément de la qualité des joueurs, mais juste sur l’intensité des séances, le rythme avec notamment beaucoup de matches d’entraînement et une grosse culture tactique. En France, il y a des bosseurs aussi, qui vont plus à la salle, etc. Mais c’est vrai qu’en Italie, c’est au niveau des séances que c’est différent.

Vous êtes une équipe plutôt joueuse, qui déclenche le pressing pour ne pas être inactive et dominée. Sur quels aspects de jeu insiste Thiago Motta à l’entraînement?

On fait beaucoup d’exercices de mise en situation qui se rapprochent de ce qu’on va trouver en match. On travaille beaucoup les sorties de balle et la question du pressing. Comment on va déclencher face au futur adversaire. Par exemple, est-ce qu’on va plus les enfermer en orientant leur possession sur les côtés ou à l’inverse laisser les côtés et densifier plus dans l’axe.

On dit souvent de lui que c’est certes un jeune entraîneur, mais très préparé, qui sait ce qu’il veut, qui a les idées claires, qui est assez ambitieux dans le jeu. Trouvez-vous que la description lui va bien, vous qui le côtoyez de près?

Il sait ce qu’il veut et où il veut aller. Les résultats ont mis un peu de temps à venir cette saison mais il n’a pas lâché, il a gardé ses idées de jeu et cela porte ses fruits.

Quel regard portez-vous justement sur la Serie A? Il y a quand même beaucoup d’équipes qui jouent au foot, qui ne se contentent pas de faire des blocs bas…

Franchement, c’est impressionnant. Avec des équipes comme Empoli qui vient de monter, nous aussi qui jouons le maintien, d’autres clubs, on voit que tout le monde essaye de ressortir proprement le ballon et de faire le jeu. Même contre les grosses équipes comme Milan. Alors évidemment, il y a des moments où le bloc est plus bas, parce que c’est logique de subir contre ces adversaires là. Vraiment, c’est ce que j’adore en Italie.

Vous avez joué tout le début de saison dans une défense à quatre, puis vous êtes passés à trois derrière et vous vous êtes retrouvé défenseur central axe droit. Comment gérez-vous cette adaptation entre les deux schémas et qu’est-ce que ça change fondamentalement pour vous? Moins de projections offensives quand vous êtes axe droit?

Comme tu viens de le dire, ce qui change, c’est qu’il y a moins de courses offensives et moins de projections dans l’espace. Mais finalement, j’ai l’habitude car l’année dernière, j’avais déjà joué dans une défense à 3, dans l’axe. Donc je m’adapte. Tant que le coach ne me dit rien, quand je vois une possibilité d’apporter le surnombre ou de prendre l’espace, je le fais. Je me dis que dans un schéma à trois axiaux, il y a aussi quelqu’un pour me couvrir. Pour le coup, tant que le coach ne me crie pas dessus (rires), j’y vais.

Vous êtes l’équipe la plus jeune de Serie A cette saison: pensez-vous que ce manque d’expérience vous a coûté des points sur certains matchs? On pense aux deux matchs contre le Genoa et l’Udinese, deux concurrents directs, où vous auriez dû faire 2 victoires et où vous ne ressortez qu’avec 1 point...

Je pense que ça nous a joué des tours et je pense que la chance a rarement été de notre côté. Il y a des matches qu’on devait gagner et où on prenait un but à la fin, alors qu’on jouait bien. Pendant longtemps, ça n’a pas tourné en notre faveur. Offensivement, on loupait des occasions et défensivement, on n’était pas assez solides. On s’est bien amélioré ces dernières semaines. Là, ça change un peu (Spezia reste sur 4 victoires lors des 5 derniers matches, ndlr).

Vous avez été titularisé à 19 reprises en 22 journées, vous avez le temps de jeu qui permet de progresser: c’est aussi en ça que le choix de Spezia était important…

J’étais titulaire à Toulouse et je ne voulais pas partir pour me retrouver remplaçant, c’est pour ça que le choix était important. Je me donne à fond pour être sur le terrain et jouer, car c’est là qu’on progresse.

C’est vrai qu’on entend souvent "tel jeune ne joue jamais mais il s’entraîne avec des cracks à l’entraînement, c’est bon pour lui". Alors que finalement, rien ne remplace un match officiel avec de la pression, un vrai enjeu...

À l’entraînement, il n’y a personne ! Tu fais une erreur, ce n’est pas grave. En match, ce n’est pas la même chose, tout le monde te regarde. Si tu fais perdre l’équipe sur un but encaissé, la conséquence n’est pas la même ! Le niveau de concentration est différent et les progrès se font sur les matches.

Est-ce qu’il y a des joueurs que vous avez trouvé vraiment au-dessus en Italie?

Ouais, franchement… Je pense à Leao…

J’étais sûr que vous alliez citer Rafael Leao…

C’est un crack (rires). Il va très vite. J’aime jouer contre des joueurs comme ça, c’est là qu’on progresse énormément. J’ai joué récemment contre lui (le 17 janvier, victoire de Spezia 2-1 à San Siro). Je trouve qu’il m’a passé souvent, mais je pense que j’ai appris sur cette rencontre. Il va vite, il est technique, il peut marquer, il est jeune… en fait il a toutes les caractéristiques pour finir très haut.

Lundi soir, vous jouez la Salernitana: c’est un match qui vaut cher… et dans votre zone, il pourrait bien y avoir Franck Ribéry…

C’est un très grand joueur. Il est plutôt sur la fin de sa carrière, avec quelques petits pépins, mais ça reste un grand joueur et on le voit quand il est sur le terrain. Je suis pressé de l’affronter.

Finalement, après 6 mois en Italie, est-ce que vous avez le sentiment d'être en train de trouver ce que vous étiez venu chercher pour progresser dans votre carrière?

Je suis vraiment content car je joue quasiment tous les matches - et c’est le plus important ! Je joue en Serie A, c’est un championnat qui me convient, qui me fait progresser au niveau tactique, au niveau physique… Et en plus, en ce moment, les résultats sont là, donc pourvu que ça dure !

Johann Crochet