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"Il a tout ce qui peut faire un joueur de haut niveau": on a vu jouer la pépite du Real Madrid, Léo Lemaître, en équipe de France U17

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À 16 ans, Léo Lemaître a disputé ce mercredi son tout premier match sous le maillot de l'équipe de France. Après avoir connu les sélections U15 et U16 espagnoles, le défenseur central, né d'une mère espagnole et d'un père français, a décidé de tenter l'aventure en Bleu. Il était titulaire lors du succès des U17 Bleus sur la Finlande, à Clairefontaine (3-0).

Comme un symbole, c'est sur la pelouse du terrain Michel Hidalgo, lui aussi né d'un père français et d'une mère espagnole, que Léo Lemaître Lezcano a fait ses premiers pas en Bleu, ce mercredi après-midi. Le thermomètre de Clairefontaine affiche 26°C, un temps à l'espagnole pour honorer sa première titularisation, son nouveau maillot bleu floqué du numéro 15 sur les épaules.

Avec son profil longiligne, 1,94m dès 16 ans, il est difficile de ne pas remarquer sur le terrain le natif de Saragosse, repéré sur le tard par l'équipe de France. "C'est Lionel Rouxel (le directeur des sélections jeunes) qui m'a contacté pour m'en parler", explique le sélectionneur U17, José Alcocer. "C'était compliqué de le repérer au départ, il ne jouait pas en France et n'avait pas un nom français (il jouait sous le nom de sa mère: Lezcano). Mais à partir du moment où on était au courant, c'est devenu très simple. On a compris que le joueur et la famille voulaient jouer pour la France." 

Equipe de France - Léo Lemaître avec les U17, le 17 septembre 2025
Equipe de France - Léo Lemaître avec les U17, le 17 septembre 2025 © RMC Sport

"Il a toujours eu la curiosité de représenter la France" 

Et ce après avoir connu les sélections U15 et U16 espagnoles mais ne pas avoir été sélectionné lors des trois derniers rassemblements. "La porte de l'équipe de France s'est alors ouverte", raconte son père Nicolas, 1,98m, de qui il tient sa grande taille. "Il a toujours eu la curiosité de représenter la France aussi. À la maison, on parle les deux langues, on va souvent en France et une partie de la famille y est même si on n'y a jamais complètement vécu."

Alors quand José Alcocer l'appelle, le jeune Léo ne réfléchit pas et arrive à Clairefontaine dimanche dernier pour une première séance d'entraînement lundi et donc une première titularisation ce mercredi. Dans une défense à quatre, Lemaître joue défenseur central gauche. Son style de jeu se repère dès l'entame du match: un joueur posé, calme, qui fait circuler le ballon rapidement, usant rarement plus de deux touches de balles. Après avoir célébré, comme ses coéquipiers l'ouverture du score du Nantais Loan Merrifield (9e), le Madrilène a fait jouer sa lecture de jeu et son anticipation face à de rapides attaquants finlandais, n'hésitant pas à communiquer avec son gardien Thâo Mouapa, portier du Stade Rennais. 

Militao et Varane comme exemples

Plus en vue sur un enchaînement de passes courtes vers ses latéraux, Lemaître a pu montrer sa précision sur de longs ballons à l'image d'une transversale parfaite pour le Montpelliérain Mathis Chambon (30e) débouchant sur une frappe de Merrifield au-dessus. Guidé par son compère en charnière Yanis Monkolot et son gardien, le néo-Bleu, qui tient pour figures d'inspiration Eder Militao ou Raphaël Varane, aura peu donné de voix et n'a quasi joué aucun ballon de la tête, les coups de pieds arrêtés français étant rarement levés et le jeu finlandais prônant plutôt le sol compte tenu des profils adverses.

Pourtant, la famille aurait aimé le voir dominer les airs. Dès que les Bleus obtenaient un corner, la tante, blessée à la jambe, se levait, les deux petits cousins se tenaient prêts à célébrer et le papa sortait le téléphone. "Le match n'est pas diffusé, ce serait dommage de ne pas avoir de souvenir s'il marque", sourit Nicolas. "Bien sûr, il aime bien jouer de sa taille sur ces phases de jeu." 

Entre points forts et axes d'amélioration

Après 75 minutes de jeu, Léo Lemaître cède sa place à Mohamed Sylla. C'est depuis le banc qu'il verra ses nouveaux coéquipiers breaker (2-0, 78e par Aly Traoré) puis tuer le match (3-0, 88e par Joshua Dago). Un clean-sheet pour commencer et des promesses pour son sélectionneur José Alcocer: "C'est conforme à ce qu'on a vu sur les images sur sa capacité à voir et lire le jeu, l'analyser, sa qualité de passes. Il a moins d'automatisme que les autres, il comprend tout en français et le parle aussi mais s'exprime peut-être autrement du fait de vivre et jouer en Espagne. De par sa taille, on doit travailler la vitesse et les appuis mais il compense par sa lecture de jeu en anticipant. Il a aussi un certain calme mais de la personnalité, tout ce qui peut faire un joueur de haut niveau et puis il joue au Real Madrid (depuis les U12) donc il a des habitudes de haut niveau, tous les codes, il les a."

L'occasion de le revoir rapidement en Bleu après ce second contre la Finlande ce vendredi? "On n'a pas eu besoin de le convaincre", assure Alcocer. "On l'a convoqué et il est venu, peut-être que demain il ne viendra pas mais ce n'est pas l'idée. L'idée c'est qu'il s'inscrive sur la durée avec l'EDF." Malgré la pression de la Fédération Espagnole qui assurait encore, au moment de la pré-sélection en Bleu, compter sur lui. "Il est encore très jeune", rappelle son père. "Il est en formation, veut apprendre, découvrir. C'est pour ça qu'il est venu ici, pour voir et jouer avec des joueurs qu'il n'a jamais vus, qu'il ne connaît pas, vivre une expérience de plus. Le reste, l'avenir nous le dira." Aymeric Laporte et Robin Le Normand ont eu aussi à faire ce choix avant lui. 

Clément Brossard