La Juventus accusée d'avoir falsifié ses comptes, Agnelli et Nedved dans le viseur de la justice

Pavel Nedved (à droite d'Andrea Agnelli sur la photo) est lui aussi dans le viseur des magistrats - @IconSport
Le parquet de Turin a clos son enquête sur les comptes de la Juventus Turin, ouverte suite à des enquêtes téléphoniques qui ont débuté en mai 2011, et ses conclusions sont accablantes, d’après les révélations de la Gazzetta dello Sport.
Le parquet de Turin a notifié aux membres du conseil d'administration de la Juventus, ainsi qu'aux dirigeants ayant des responsabilités stratégiques, la conclusion de l'enquête préliminaire. 16 personnes sont concernées par les investigations qui ont été menées, dont le président du club, Andrea Agnelli, mais aussi Pavel Nedved. Une demande d’assignation à résidence a été déposée l'encontre d'Agnelli, avant d’être rejetée le 12 octobre dernier, le juge ayant considére qu'une telle mesure de précaution n’était pas forcément nécessaire.
Les plus-values suspectes dans le viseur des magistrats
Selon l'accusation dévoilée par la Gazzetta dello Sport, "le cadre probatoire permet d'esquisser une activité d'altération des postes du bilan (et donc des résultats d'exploitation) comme conséquence, tout d'abord, d'un recours anormal à des opérations d'échange de droits de performance sportive (ndlr, des transferts) d'un nombre élevé d'athlètes, opérations conclues à des valeurs établies par les parties de manière arbitraire et dans le but de satisfaire les besoins du bilan". "Ces opérations ont été considérées comme fictives, également à la lumière du contenu des conversations enregistrées pendant l'enquête", est-il encore écrit à ce sujet.
En clair, les magistrats sont convaincus que de nombreux transferts ont donné lieu à des opérations suspectes dans le seul but d'améliorer artificiellement le bilan comptable de la Juventus Turin. L'échange Pjanic-Arthur avec le Barça en 2020 figure parmi les opérations suspectes. Le club espagnol avait déboursé 60 millions d'euros pour attirer Pjanic, tandis que la Juve cédait Arthur pour 72 millions d'euros.
Le ministère public indique également qu'il a inculpé certains des suspects du délit de déclaration frauduleuse par l'utilisation de factures pour des opérations inexistantes "car il est apparu que la Juventus a payé à des agents des sommes pour des services qui n'étaient pas rendus et qui, par conséquent, sont considérés comme inexistants, avec un préjudice concomitant pour le Trésor public pour déduction indue de la TVA".
Déclaration de faux montants dans les bilans
La note poursuit ses accusations et s’attarde sur un possible délit de manipulation du marché. Elle évoque ainsi "une autre intervention, visant à modifier les résultats financiers", avec "d'importantes différences entre les résultats financiers tels qu'ils ont été approuvés et ceux qui, dans la reconstruction effectuée par ce bureau, auraient dû faire l'objet d'une approbation, la Juventus FC étant une société cotée en bourse".
En ce qui concerne l'exercice 2018, la Juventus a communiqué des pertes égales à 39.596.000 euros au lieu de 84.506.000 euros, et une situation nette positive, égale à 31.243.000 euros, au lieu d'une négative, égale à 13.367.000 euros, décrit par exemple l’acte d’accusation. D’autres manipulations de ce genre ont été relevées pour les années 2019 et 2020.
"Concernant les accords individuels de réduction de salaire pour les mois de mars-juin 2021", "à la suite d'une perquisition, des documents privés ont été trouvés et saisis, à l'extérieur du siège de la société, contenant l'engagement inconditionnel de la société de payer les salaires soumis à réduction, même en cas de transfert du joueur vers un club tiers et, donc, contrairement au contenu des contrats déposés auprès de la Ligue."