Xavi s’en va avec sa vision du football

Xavi - -
Plus grand monde ne se berçait d’illusions, mais cela fait quand même tout drôle. C’est désormais officiel, Xavi ne jouera plus jamais avec l’équipe d’Espagne. Après avoir porté 133 fois le maillot de la Roja (13 buts), remporté une Coupe du monde (2010) et deux Euros (2008 et 2012), le maître à jouer de 34 ans a dit stop, ce mardi en conférence de presse. Avec son départ, c’est une page de l’histoire du football espagnol qui se tourne. Celle d’une équipe élégante, amoureuse du beau jeu et du ballon. Et qui gagnait, même si c’était presque accessoire pour le Catalan, idéologue assumé du « tiki-taka ».
« C’est ça ou mourir. Je suis un romantique », confessait-il au Guardian en février 2011. A longueur d’années et d’interviews, Xavi a répété à l’envie sa vision du football. Celle d’un jeu, au sens premier du terme, basé sur la possession de balle et la technique. « Je déteste perdre la balle. Je déteste même plus perdre un ballon que de rater un but, a-t-il avoué un jour dans une interview accordée à So Foot. Quand j’en perds un je me dis : "Put…, je n’ai pas été assez responsable" ». L’homme de base du Barça de Pep Guardiola, celui par qui tous les ballons passaient, dépassant quasiment à chaque match les 100 passes réussies (il en a réalisées 2282 lors des deux dernières saisons de Ligue des champions, un record), a plus fait briller les autres que lui-même, régalant les Rivaldo, Ronaldinho, Henry, Eto’o ou Messi. « Il voit des passes que seul lui voit », a un jour souligné le quadruple Ballon d’Or argentin.
« Mourinho n'a laissé aucun héritage »
Xavi, l’esthète qui gagne, sait aussi montrer les crocs lorsque le besoin s’en fait sentir. Dans son viseur, les équipes qui cassent, « bétonnent », privilégient le résultat à la manière. « L’arbitre a favorisé l’équipe qui ne voulait pas jouer au football », a-t-il lâché après un 0-0 contre Chelsea en 2009. Après la « Manita » (5-0) infligée en novembre 2010 à un Real Madrid pourtant venu défendre, il a ainsi lancé à Lassana Diarra un piquant : « Tiens, voilà le ballon. Vu que vous ne l’avez pas touché de la soirée, tu pourras un peu y goûter. »
Au cours de sa riche carrière, l’homme aux deux Ligues des champions, sept Ligas ou encore deux Coupes du Roi s’est aussi trouvé quelques ennemis. Le plus célèbre d’entre eux ? José Mourinho. Apôtre d’une philosophie opposée à celle de Xavi, le Portugais a trouvé un farouche opposant. « Mourinho est un entraîneur qui se concentre uniquement sur les résultats. Il dit qu'il est le "Special One", qu'il a gagné ceci ou cela dans beaucoup de pays, mais moi je n'aime pas la façon de jouer des équipes qu’il entraîne, a un jour déclaré l’Espagnol. Qui se souvient encore de son Inter championne d'Europe ? Pour moi, il n'a laissé aucun héritage, comme a pu le faire Cruyff. Je suis heureux de jouer au Barça car nous, nous avons une vraie philosophie. » En se rapprochant de la retraite, Xavi, à qui il ne reste plus qu’un de contrat au Barça, va peut-être laisser cette philosophie orpheline de son plus grand représentant.
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