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Euro : Mahé, l’intégration à la française

Kentin Mahé sous le maillot de l'équipe de France

Kentin Mahé sous le maillot de l'équipe de France - AFP

S’il a toujours évolué en Allemagne et jamais en championnat de France, Kentin Mahé a découvert les Bleus très tôt. Avant plusieurs années d’apprentissage durant lesquelles le garçon aura mûri en côtoyant les cadres de l’équipe de France. Portrait d’une étoile qui monte de plus en plus et dont les responsabilités grandissent lors de l’Euro (deuxième match ce dimanche 18h15 contre la Serbie).

Sa première sélection remonte à octobre 2010, à 19 ans. Il était là lors de la préparation des Jeux de Londres. Quatre ans que Kentin Mahé retrouve l'équipe de France lors des différents rassemblements. On pourrait croire au vieux briscard. Mais le fils du « Barjot » Pascal – champion du monde 1995, médaillé de bronze olympique 1992, 297 sélections, un des meilleurs défenseurs au monde à son époque – n’a connu sa première en grande compétition que l’an dernier lors du Mondial victorieux au Qatar, un an après avoir suivi l’Euro 2014 des tribunes.

Couvé par Claude Onesta, Mahé a dû s’armer de patience et attendre son heure au sein de ces « Experts », où la concurrence se révèle forcément féroce. Mais à 24 ans, avec les blessures et la cascade de forfaits qui ont touché le groupe tricolore, le joueur de Flensburg-Handewitt (Allemagne, où il a toujours joué, son père y étant joueur puis entraîneur) se retrouve désormais dans la lumière. Avec un rôle grandissant et des responsabilités à prendre lors de l’Euro en Pologne, dont les Bleus disputeront leur deuxième rencontre ce dimanche (18h15) contre la Serbie. « J’ai un peu plus de crédit, c’est plaisant, ça veut dire que le travail paie, mais je reste sur le même état d’esprit, confie l’intéressé. Quand on mûrit, on attend un peu plus de toi et ton rendement doit être plus positif. C’est le cursus naturel. Une place en équipe de France, ça se mérite. Il faut avoir les oreilles et les yeux grands ouverts pour prendre ce qu’il y a à prendre de nos aînés. »

Costantini : « Il est de la trempe d’un Richardson ou d’un Guigou »

Apprendre des plus grands pour faciliter l’intégration, un crédo cher au sélectionneur. « J’attends qu’il soit capable, étape par étape, de devenir un joueur cadre comme il le sera un jour, explique Onesta. On se rend compte qu’il est en train de devenir une solution supplémentaire. Son entrée est souvent liée à des opportunités de transformation du jeu ou d’organisation stratégique différente. Il n’est plus dans le statut de celui qui est là pour faire souffler. Il rentre peu à peu dans la construction de la variété des solutions. Ça va lui donner plus de responsabilités et plus de soucis de rentabilité. On va attendre de lui non pas qu’il soit à la hauteur du minimum mais qu’il soit de plus en plus efficace. »

Polyvalent, capable d’évoluer au poste d’ailier gauche ou de demi-centre, ce beau bébé (1,86 m, 83 kg) étoile montante du hand français représente une solution de rotation très intéressante derrière les cadres titulaires. Avec un avenir brillant en perspective. « Il est de la trempe d’un Jackson Richardson ou d’un Michaël Guigou, juge Daniel Costantiti, membre de la Dream Team RMC Sport et ancien sélectionneur des Bleus. Il est toujours en train d’inventer des trucs. Il a un culot monstre. Il est surtout compétent sur plein de postes. Claude Onesta le considère surtout comme ailier gauche mais c’est un joueur à qui il faut de l’espace et beaucoup de ballons donc je le vois bien comme demi-centre (le poste de Nikola Karabatic, ndlr), créateur, meneur de jeu, capable de dynamiter l’attaque. C’est son poste en club. Un garçon comme ça peut vraiment éclairer l’avenir. Il peut aussi apporter un capital but que n’apporterait pas quelqu’un d’autre à sa place. »

Onesta : « De temps en temps, il faut le secouer »

Avec un profil humain à la hauteur. « Son père était parfois un peu effacé, se souvient Costantini. Lui n’hésite pas quand il a quelque chose à dire ou à faire. C’est une vraie personnalité, un garçon qui vit par et pour le hand. » A la fougue qui nécessite parfois un léger recadrage. « De temps en temps, il faut le secouer, admet Onesta, qui attend plus de constance de sa part. Il a parlé de son grain de folie. Il faut qu’il n’y ait qu’un grain (sourire). Un grain bien placé quand tout ce qui est normal est effectué de manière parfaite. » Le chemin, peut-être, vers les clés des Bleus. « Il va nous rendre des services pendant de nombreuses années, annonce Costantini. Il peut être un vrai leader pour cette équipe, le futur patron pour les JO de 2020. »

A.H. avec A.A. en Pologne