Mondial de handball: Krumbholz pointe "la peur" des Bleues de ne pas être à la hauteur

Quand on regarde les résultats, tout porte à l’optimisme. L’équipe de France est impeccable depuis le début du tournoi. Trois victoires en trois rencontres contre des nations qui étaient bien plus que de simples faire-valoir (Angola, Slovénie et Monténégro). Pourtant, le match contre le Monténégro (24-19) a laissé un goût amer au sélectionneur Olivier Krumbholz.
"Dans ce match, on n’était plus chasseur, on était la proie, analyse-t-il. Sûrement parce qu’on l’a moins bien abordé. On était en mode survivante. Quand on est tout en haut, on est la cible et quand on est la cible, on se recroqueville un peu au lieu de s’ouvrir".
Depuis le début du tournoi, les Bleues doivent jongler avec la gestion de leur nouveau statut. Elles constituent l’équipe qui a tout gagné depuis quatre ans. "On ne se met pas cette pression de l’excellence, contredit la pivot Béatrice Edwige. Mais on ne peut plus se cacher. Les 20 joueuses du groupe performent dans les plus grands clubs européens. On est épiées, analysées, beaucoup plus qu’avant. Avant on créait la surprise, alors que désormais tout le monde nous attend. On est l’équipe à abattre".
À Granollers, même le public a souhaité voir la France perdre, en soutenant le Monténégro dans les derniers instants de la partie. "On se dit qu’on est championnes olympiques, que c’est notre bien, qu’il faut qu’on le garde mais on est propriétaire de rien en fait, poursuit Krumbholz. Quand ça devient tendu on a peur, on n’est plus dans l’initiative. Ça me fait de la peine parce que les filles font tellement d’efforts..."
Krumbholz: "Pas un manque d’humilité"
Au tour principal, les Bleues vont devoir monter en puissance avec trois adversaires relevés au menu (Pologne, Serbie puis Russie). "Les équipes qui nous jouent se disent que c’est une vraie performance si elles peuvent taper les championnes olympiques, du monde et d’Europe, détaille Béatrice Edwige. Ça change beaucoup de choses quand on arrive en compétition". Pour ce premier match du tour principal contre la Pologne, le staff technique veut retrouver des joueuses conquérantes et surtout libérées.
"Il faut qu’on se dise qu’on n’est pas les seules à bien savoir jouer au handball, souligne l’entraîneur. Je ne pense pas que ce soit un manque d’humilité, c’est juste la peur de ne pas être à la hauteur de toutes les espérances. Dans le hand français, il y a une habitude de victoire et ça pèse sur les filles. Il y a peut-être autour d’elles une vision erronée de la situation. J’essaie de les ramener à la réalité et à la dureté des confrontations et des adversaires qu’on ne doit pas surestimer, mais qu’on doit aborder à leur juste valeur".
La France peut en tout cas s’appuyer sur sa défense - "la meilleure du début de compétition", selon Edwige - et sur cette culture de la gagne qui a fait la force des Bleues. "On sait que cette équipe grandit au fur et à mesure des compétitions", confirme l’arrière Alisson Pineau. "Quand on est une équipe qui gagne, ce n’est pas facile à gérer, ça l’est beaucoup plus pour les adversaires", termine Olivier Krumbholz.
Face à la Pologne, la France aborde son tour principal avec l’ambition de terminer dans les deux premières équipes de sa poule, pour se qualifier en quarts de finale, et surtout avec l’envie de retrouver ce mental de conquérantes qui leur a fait défaut contre le Monténégro.