Accusations d'agressions sexuelles contre une figure du kayak français: stupeur et condamnation à la Fédération

Le site de Vaires-sur-Marnes, lieu des JO 2024. - Iconsport
L’affaire a surpris dans le petit milieu du canoë-kayak: Jean-Yves Prigent, l’ancien champion du monde par équipe (K1) en 1977 devenu entraîneur à Rennes, est accusé par deux mineurs de 16 ans d’agressions sexuelles lors d’un week-end de compétition en mars 2024 à Châteauneuf-sur-Cher. Une dizaine de jours plus tard, "un parent s'est présenté à la gendarmerie de Bruz (commune de l’agglomération rennaise, NDLR) pour dénoncer des faits d'agression sexuelle commis sur son fils âgé de 16 ans" a indiqué le week-end dernier le procureur de la République de Rennes. "Ces attouchements auraient été commis […] alors qu’ils dormaient ensemble dans le camping-car du mis en cause", a précisé Philippe Astruc sans nommer l’accusé. "Une deuxième victime du même âge a été identifiée comme ayant subi des attouchements dans le même contexte la nuit suivante."
En garde à vue, l’homme de 70 ans "a reconnu l'ensemble des faits dénoncés" ajoute le magistrat. Déféré au parquet, Jean-Yves Prigent sera jugé par le tribunal correctionnel de Rennes le 12 juillet, pour y répondre de faits d’agressions sexuelles sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité. Soit deux semaines avant le début des Jeux olympiques.
Or, pour le kayak tricolore, Jean-Yves Prigent est une figure reconnue: entraîneur du club de Rennes et ancien cadre technique fédéral notamment auprès du pôle France de Cesson-Sévigné, sa famille est aussi très présente dans la discipline en France. Sa fille Camille est une slalomeuse qualifiée pour Paris 2024 ; son fils a également fait carrière et a été double champion du monde en C2 ; son épouse Marie-Françoise Prigent est aussi ancienne championne du monde par équipe et supervise désormais le pôle France de Vaires-sur-Marne.
"Je tombe de l’armoire en apprenant cela !"
Contacté par RMC Sport, un ancien dirigeant d’un club de canoë-kayak de la région rennaise, qui a côtoyé Jean-Yves Prigent pendant une dizaine d’années au bord des bassins, n’avait pas eu connaissance de cette affaire malgré l’écho médiatique des derniers jours dans la presse régionale bretonne notamment. "Je suis très surpris ! Je l’appréciais beaucoup, on discutait ensemble sur les compétitions, raconte cet interlocuteur. Monsieur Prigent est quelqu’un en qui j’avais plutôt confiance. Il a des compétences d’entraîneur reconnues, et les jeunes l’appréciaient beaucoup : il leur offrait un café à la fin de l’entraînement, il les laissait se changer dans le camping-car... Je tombe de l’armoire en apprenant cela !"
En l’attente du jugement, son contrôle judiciaire interdit à Jean-Yves Prigent "d'exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec des mineurs", d'entrer en relation avec les victimes mais aussi de "paraître au Kayak club de Rennes et au Pôle France Kayak de Cesson-Sévigné" ajoute le communiqué du procureur. Les investigations se poursuivent pour identifier d’éventuelles autres victimes.
La FFCK condamne les faits
La Fédération française de canoë-kayak, sollicitée par RMC Sport pour réagir sur ces faits, a répondu par communiqué ce mardi soir: "Cette situation a généré chez les dirigeants, les salariés et les cadres de la fédération à la fois une vive émotion et une profonde compassion pour les victimes et leur famille. La Fédération partage cette émotion mais ne peut s’exprimer publiquement sur des faits faisant l’objet de procédures disciplinaire, administrative et judiciaire".
La FFCK détaille par ailleurs les mesures prises quand elle a eu connaissance des faits: travail avec l’association "Colosse aux pieds d’argile" et signalement à la cellule dédiée aux violences du Ministère des sports ; saisine par le Directeur technique national du Procureur de la République ; lancement d'une procédure disciplinaire pour prononcer une mesure conservatoire de suspension de toute activité au sein de la fédération contre Jean-Yves Prigent. "La FFCK réaffirme sa détermination à lutter contre toutes formes de violences et entend rappeler qu’elle condamne sévèrement de tels faits contraires aux valeurs du mouvement sportif quelle que soit la personne mise en cause", explique enfin ce communiqué.