Assister aux Jeux Olympique de Paris 2024: entre rêve sportif et cauchemar financier

"Vous avez été tiré au sort". Nous sommes alors le mercredi 15 février. L'horloge m'affiche 12h50. Je ne comprends pas. À quoi ai-je participé ? Quel produit les marques ont-elles décidé de mettre en avant ? Ces questions, elles me traversent l'esprit deux secondes. Jusqu'à ce que mes yeux se posent sur l'expéditeur du mail : "Paris 2024" ! En une fraction de seconde, je comprends alors que je suis l'un des heureux chanceux à avoir été tiré au sort pour la billetterie des Jeux olympiques de Paris 2024. Dans ma tête, tout s'emballe. À moi la finale du 100m en athlétisme, à moi la finale de Teddy Riner devant son public, à moi la folie des sports collectifs entre le basket, le handball et le volley.
Pour rappel, plus de dix millions de billets seront mis en vente pour les Jeux olympiques. Pour la première phrase de vente, entre le 15 février et le 15 mars, ce sont "uniquement" trois millions de tickets qui sont mis à disposition. Première surprise, lors de cette première phrase, les heureux élus ne peuvent acheter que des "packs sur mesure". Les packs permettent de choisir au moins trois disciplines sur les 32 sports disponibles. Je me dis alors que le plus important pour moi est d'assister à un match de basket.

"Mec, on met tout sur le basket !"
Dans le mail que je reçois, on m'indique que mon créneau pour choisir mes billets ouvrira vendredi à 11h00 et sera terminé deux jours plus tard, à 11h00 également. J'ai donc 48 heures pour décider des sports que je vais choisir et surtout, avec qui, je vais partager cette récompense. Nous ne sommes pas dans Koh-Lanta, mais pas loin.
Fan de basket depuis plus de 25 ans, mon premier choix se porte sur ce sport. Je décide d'appeler mon meilleur ami. Il n'en croit pas ses oreilles. Et les doutes sont vite dissipés. "Mec, on s'en fout, on met tout sur le basket, quitte à payer cher. Ça sera fait qu'une fois dans notre vie !" Il a raison. Je réussis à embrigader deux autres amis dans l'aventure. Nous sommes donc 4. Et sur le site officiel pour acheter les tickets, je filtre la recherche. Le basket s'affiche. Le dernier résultat me plaît. Un potentiel quart de finale masculin, à Paris, à 21h30 le mardi 6 mars. Si le plan se déroule sans accroc, c'est le jackpot : nous aurons la chance de voir Team USA de nos propres yeux OU l'équipe de France emmenée par Victor Wembanyama et Joel Embiid ? On l'espère. Mais la première surprise, et pas des moindres, s'affiche là, sous mes yeux. À Bercy, il ne reste plus de places en catégorie D, catégorie C ou catégorie B. La seule catégorie disponible, c'est la catégorie A. J'entends encore Bruno, mon ami, s'enthousiasmer : "Oua, c'est trop fou, on va être trop bien placés mon gars !" À 280 euros la place, j'espère bien ! Car oui, la place unitaire pour assister à cette rencontre, était, au moment de mon choix, de presque 300 euros. Multiplier par 4, j'en étais déjà à 1200€ de frais.

Des tarifs toujours plus chers !
De la joie, du bonheur mais également une certaine appréhension se mélangent en moi. Car je me dis qu'après avoir dépensé autant d'argent, qu'en sera-t-il de la suite ? Je n'ai pas été déçu. Car à travers le pack sur mesure, je devais encore acheter des places pour deux autres sports. Et plus précisément le même nombre de places que pour le basket. Oui, c'est la règle introduite par Paris 2024 ! Je me contente alors d'acheter mes places pour une matinée de qualifications d'athlétisme au Stade de France.
Pour moi, avec peut-être la natation, c'est l'un des sports les plus emblématiques des Jeux olympiques. Sur le site officiel, un onglet est affiché pour les sessions à médaille, autrement dit, les journées ou soirées les plus intéressantes. Par acquis de conscience et surtout par curiosité mal placée, je jette un œil à certaines finales d'athlétisme. Comme pour le basket, seule la catégorie A est disponible. Mon regard est alors attiré par une soirée avec une finale de saut à la perche masculine. 690 euros. La place. Pas les 4 places, mais bien une seule et unique place. J'aime l'athlétisme, mais jusqu'à un certain point.
Je décide donc de prendre des places en catégorie B pour la session du lundi 5 août. Le programme prévisionnel ? Du 400m féminin, les qualifications du lancer de disque masculin ou encore un premier tour du 400m haies hommes. 90 euros x 4 = 360 euros de plus dans l'escarcelle. Après ces emplettes assez conséquentes, je décide de m'orienter vers un lieu prestigieux. Direction la Tour Eiffel et le parvis du Trocadéro où j'achète 4 places pour du beach-volley que je partagerai avec un collègue et sa famille. Deux huitièmes de finale en catégorie A, cela nous monte l'addition à 480 euros, soit 120 euros la place. Le soleil a intérêt d'être au rendez-vous !
Paiement refusé !
Inconsciemment, en achetant ses places, je ne voulais pas faire le calcul directement. Une fois mon panier validé, le site se charge de le faire pour moi. 1960 euros ! Pour 12 places et trois sports. Oui, j'aurais pu prendre des places moins chères pour aller voir d'autres sports moins demandés ou populaires. Oui, j'aurais pu choisir des places moins bien situées. Ah ben non en fait, il n'y en avait plus. C'est dommage. Après avoir rempli mes coordonnées, le moment tant attendu s'affiche devant moi. L'écran de mon application bancaire se met en route. Je rentre mes données personnelles. Je valide le paiement. Paiement... refusé ! Un décompte de 25 minutes commence alors. Je m'interroge : est-ce un signe du destin ? Dois-je renoncer ? Qui sommes-nous ? La vie a-t-elle a un sens ? Oui, elle a un sens. Et c'est en réfléchissant 23 secondes que j'augmente le plafond de ma carte bancaire. Oui, en temps normal, ce n'est pas souvent que je dois faire un achat de 1960 euros en ligne. J'attends, je réessaye. Et là, ma commande est validée. Mon faible niveau sportif ne me permettait pas et ne me permettra peut-être jamais d'être un athlète olympique, mais j'aurais la chance 'être un supporter olympique. Je me souviendrai longtemps de ces trois futures journées. Mon porte-monnaie également.