RMC Sport

Dopage : Tout comprendre sur la polémique autour des sœurs Williams et de Simone Biles

-

- - AFP

Un groupe de hackers russes a piraté, mardi, le site de l’Agence Mondiale Antidopage, révélant que plusieurs athlètes américaines avaient eu recours à des produits interdits. Décryptage.

Mardi, l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) a révélé avoir été victime d’une cyber-attaque de la part de hackers russes. Les données médicales confidentielles de plusieurs athlètes américaines ayant participé aux derniers Jeux olympiques ont été publiées, révélant un recours à des produits interdits.

A voir aussi >> Paris prépare sa candidature pour les Jeux Olympiques

Qui sont les hackers ?

Il s’agit du groupe russe d’espionnage cybernétique Tsar Team (APT28), également connu comme les Fancy Bears. Sur leur site, des ours type dessins animés encadrent leurs révélations, l’un d’entre eux portant le masque des Anonymous. Mais si les Fancy Bears se réclament du mouvement Anonymous, le New York Times indique qu’ils œuvreraient pour le compte des renseignements militaires russes. Accusée par l’AMA, la Russie a nié son implication dans cette attaque, par la voix de son Ministre des Sports, Vitaly Mutko.

Comment ont-ils frappé l’AMA ?

La Tsar Team a piraté ADAMS, le système d’administration et de gestion antidopage de l’AMA. Un système lancé en 2005 qui permet de localiser les athlètes en permanence. Les sportifs doivent indiquer leur planning, de sorte à pouvoir subir des contrôles inopinés. Le logiciel ADAMS gère l’organisation des contrôles, les résultats mais aussi les AUT, les autorisations d’usage à des fins thérapeutiques. 

S’agit-il d’une première ?

 Non. Le même groupe s’en était déjà pris au système ADAMS courant août, en plein milieu des Jeux de Rio. Selon le même mode opératoire, les Fancy Bears avaient dévoilé les données confidentielles de la lanceuse d’alerte russe Yuliya Stepanova. C’est cette spécialiste du 800 mètres qui avait témoigné à visage découvert à la télévision allemande en 2014, le point de départ du rapport McLaren de juillet dernier et de ses révélations sur un dopage d’Etat généralisé en Russie. En conséquence, de nombreux athlètes russes n’avaient pu participer aux derniers Jeux Olympiques, notamment aux épreuves d’athlétisme de Rio.

Qui sont les cibles de cette attaque ?

« Elles ont bien joué, mais pas honnêtement », accusent les hackers. Les quatre victimes dont les dossiers ont fuité sont des sportives américaines. Il s’agit de la basketteuse Elena Delle Donne (sacrée avec Team USA à Rio), de la gymnaste Simone Biles (quadruple championne olympique en août dernier) et des sœurs Venus et Serena Williams (cinq médailles d’or à elles eux, entre simple et double).

A lire aussi >> Que valent les preuves contre les sœurs Williams, accusées de dopage par des hackeurs russes ?

Des règles antidopage ont-elles été enfreintes ?

Si les athlètes visées ont bien eu recours à des produits interdits, elles y étaient autorisées par l’AMA pour des raisons médicales. Elles bénéficiaient toutes les quatre d’une autorisation d’usage à fin thérapeutique (AUT). Par exemple, un stimulant a été retrouvé dans les échantillons urinaires de Simone Biles, obligeant la Texane à annoncer qu’elle prenait un traitement contre le TDAH (trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité). Venus Williams s’est, elle, déclarée « consternée d’apprendre que ses données médicales avaient été piratées par des hackers et publiées sans sa permission ». 

A lire aussi >> JO 2016 : accusée de dopage par des hackers, Simone Biles soigne un trouble mental

Quelles sont les premières réactions ?

Alors que les hackers ont promis d’autres révélations fracassantes, l’AMA a qualifié le piratage de sa base de données d’« acte criminel ». Le directeur général de l’AMA a poursuivi en indiquant que ces fuites « compromettaient grandement l’effort de la communauté mondiale antidopage de rétablir une relation de confiance avec la Russie ». Le Comité international olympique (CIO) a également condamné une cyber-attaque « clairement destinée à souiller la réputation d’athlètes propres » tout en confirmant que les athlètes en question n’avaient enfreint aucune règle antidopage à Rio. L’USADA, l’agence antidopage américaine, a pour sa part fustigé une manœuvre « lâche et méprisable ».

ADS