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Jeux paralympiques 2022: Cécile Hernandez championne paralympique en snowboardcross

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A 47 ans, Cécile Hernandez a décroché à Pékin sa première médaille d'or lors des Jeux paralympiques après un parcours sans-faute. Le tout après un imbroglio juridique lié à la disparition de sa catégorie

Cocorico ! La semaine a parfaitement débuté pour la délégation tricolore lors des Jeux paralympiques de Pékin. A Genting, Cécile Hernandez a décroché, à 47 ans, sa première médaille d'or dans des JP, en snowboardcross. Et elle ne souffre d'aucune contestation, tant la Française a dominé de A à Z les qualifications, la demi-finale et la finale, où seule la Canadienne Lisa Dejong a réussi à suivre le rythme infernal de Cécile Hernandez. L'Américaine Brenna Huckaby prend la médaille de bronze.

Malgré une alerte au genou la veille, la Française a respecté à la lettre son plan de course : faire un bon "start" (départ) afin de prendre les devants et ne plus lâcher la tête. À l'aise dans les hoops et parfaite dans ses trajectoires, elle a récité ses gammes.

Un parcours chaotique pour arriver à Pékin

"Je ne réalise pas trop, je suis hyper émue, réagit la française, en larmes, qui était en plus tombé à l’entraînement samedi. Ça a été de gros combats, beaucoup de sacrifices… Mais ça m’a donné vachement de forces !" La tricolore, qui souffre d’une sclérose en plaques, n’a "pas de forces dans les jambes" quand elle est sur son snow. "J’ai une grande raideur dans la jambe avant, la jambe directrice. Je n’ai pas d’explosivité, j’ai des temps de réaction qui sont très longs."

Mais en participant aux Jeux de Pékin, Cécile Hernandez avait déjà gagné. Elle avait remporté, littéralement, son combat en justice contre le comité international paralympique. Le tribunal de Dusseldorf en Allemagne, où se situe le siège de du comité international paralympique (IPC), lui a permis d’obtenir son ticket pour Pékin après une difficile bataille juridique. "Ma catégorie a été supprimée après les championnats du monde 2019, car il n’y avait pas assez de représentantes et de nations engagées, rembobine la française. On était au courant, on a pris des dispositions avec l’équipe de France et on a demandé à courir avec une catégorie plus forte que moi, dans laquelle je serais désavantagée."

Imbroglio juridique

Dans un premier temps, elle est autorisée à participer à des étapes de Coupe du Monde catégorie LL2 (handicap plus léger à une jambe ou deux jambes), alors qu’elle est normalement en LL1 (avec un handicap lourd à l’une des deux jambes ou un handicap significatif touchant les deux jambes).

Elle gagne alors face à ces "filles avec des handicaps plus légers que le mien, même si je n’aime comparer". Mais le comité International Paralympique ne l’entend pas de cette oreille et refuse qu’elle s’aligne avec ces concurrentes à Pékin. "L’IPC aurait pu la jouer un peu plus fair-play et adapter ses règles dans cette situation. Mais il ne fallait pas que ça fasse jurisprudence, laisser la porte ouverte au contournement des règles. Je pars du principe qu’on fait du handisport. On nous demande nous, êtres humains handicapés, de nous adapter à la société, à notre sport, c‘est e principe de notre caractéristique, l’adaptabilité !"

Des larmes de joie

Après avoir essayé de plaider sa cause via des lettres, pétitions ou autre démarches "à l’amiable", son avocat et elle doivent se résoudre à imiter une concurrente américaine dans le même cas : ils déposent un recours au tribunal. La décision  finale traîne, Cécile Hernandez s’entraîne mais stresse, même si elle se dit "confiante". "C’était dur mentalement", avoue-t-elle. La décision tombe le 16 février : "Le tribunal régional a émis aujourd’hui une injonction provisoire ordonnant au Comité international paralympique d’admettre Cecile Hernandez aux compétitions féminines de slalom et de cross slalom à Pékin dans la classe LL-2, bien qu’elle appartienne elle-même à la classe LL-1. Les athlètes ne recherchent pas un avantage sportif injuste parce que leurs déficiences, en vertu des propres règles de l’IPC, sont plus graves que les déficiences qui entraînent une classification dans la classe SB-LL2."

Cécile Hernandez peut souffler, même si elle a appris que le comité canadien et que l’IPC avaient déposé un nouveau recours. "Pour être très honnêtes, je pense que la présence ne plait pas à tout le monde", dit-elle en sous-entendant que des concurrentes la voient d’un mauvais œil. Elle a pleuré dans sa chambre jeudi, face à cette situation dont elle ne se sort pas. "Je sais que ça va durer, durer, durer." Mais aujourd’hui, les larmes étaient de joie.

AS, avec VJ